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Claude Bleton (Traducteur)
EAN : 9782330181079
544 pages
Actes Sud (06/09/2023)
3.95/5   138 notes
Résumé :
Arrivé à Barcelone encore adolescent, Isaïe a lutté d’arrache-pied pour gagner son droit au bonheur. Il s’apprête à connaître les joies de la paternité et pense avoir tourné le dos pour toujours à une Afrique féroce qui met les enfants à la guerre. Mais quand il reconnaît, dans l’embrasure de la porte de son atelier, un ancien frère d’armes, il perçoit d’instinct que sa paisible existence vient de voler en éclats. L’émissaire exerce désormais des fonctions officiell... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (37) Voir plus Ajouter une critique
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Arrivé à Barcelone encore adolescent, Isaïe a lutté d'arrache-pied pour gagner son droit au bonheur. Il s'apprête à connaître les joies de la paternité et pense avoir tourné le dos pour toujours à une Afrique féroce qui embrigade des enfants. Quand il reconnaît, dans l'embrasure de son atelier, un ancien camarade (ou plutôt frère d'armes), il perçoit d'instinct que sa paisible existence vient de voler en éclats. L'émissaire exerce désormais des fonctions officielles, et Isaïe se laisse convaincre de retourner en Ouganda afin de participer à une conférence sur la réconciliation nationale.
Mais à peine arrivés à Kampala, sa femme est enlevée...


C'est par un incessant aller-retour entre passé et présent que l'auteur nous embarque dans la vie d'Isaïe, Ougandais d'origine et réfugié à Barcelone.
Une vie cassée, fracturée dans sa courte période d'adolescent, propulsée au coeur des ténèbres. Un récit conté à la première personne par Isaïe lui-même qui ne cache aucune émotion, aucun détail de sa vie et de son enrôlement, aucun fait même le plus sordide.
C'est un roman éprouvant mais riche car il questionne sur la mémoire, sur les souvenirs que l'on garde ou que l'on transforme pour les rendre acceptables et ceux que l'on veut oublier, sur ses actes voulus ou subis, et sur la construction de soi. Un roman aussi sur l'innocence et la culpabilité, sur l'envie de comprendre, de pardonner et de se pardonner. Un roman sur le destin d'un enfant-soldat victime et bourreau, sur lequel plane l'ombre de Joseph Conrad et de son roman « au coeur des ténèbres ».

Un livre glissé entre mes mains, avec moult recommandations, par le propriétaire de la petite librairie Opuscule de Montpellier que je remercie. de son coup de coeur, j'en ai fait le mien.
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Isaïe bosse à Barcelone.
Comblé aux côtés d'une femme aimante dont il attend un enfant, il doit composer avec ses innombrables démons abandonnés en Ouganda.
Aussi, lorsqu'une vieille connaissance franchit le pas de son échoppe puis l'invite pressamment à retourner au pays dans le but oh combien louable d'assister à une conférence censée taffer sur la réconciliation nationale, Isaïe aurait dû écouter sa petite voix intérieure et refuser tout de go ce billet retour pour l'enfer.

J'aurais adoré adorer, ce ne fut pas le cas.
Si le sujet abordé et développé fait preuve d'une maîtrise et d'un sens de la pédagogie certain, difficile d'en dire autant de l'écriture qui m'aura laissé sur le bord du chemin du début à la fin.

Isaïe est un personnage complexe, torturé par un passé qui lui explose de nouveau à la gueule sans préavis, et qui semble avoir pour film fétiche Un jour sans fin (saloperie de marmotte, tiens).
Véritable pierre angulaire de ce roman, sorte de Kurtz emblématique d'Apocalypse Now, dont il est régulièrement fait référence, et appelé à plonger encore et encore dans un chaos perpétuel, il semble voué à revivre éternellement ce qu'il s'évertue à oublier pour le salut de son âme.
Pour la résilience, c'est en face. En vous remerciant.

Les thématiques sont d'une richesse et d'une multiplicité incroyable.
Ce roman, très dur, lève le voile sur un pays meurtri, balafré par des conflits d'une violence inouïe à l'encontre d'une populace expiatoire.
Joseph Kony et sa LRA, en seigneur de guerre rebelle, homme brutal, sans conscience, avide de pouvoir, fût-il obtenu hors de tout cadre législatif et aux détriments d'innombrables atrocités commises par des enfants soldats qu'il s'évertuait à enrôler dès leur plus jeune âge.

Ouganda, terre de légende, de magie mais également de rituels ancestraux d'une bestialité peu commune. Naître albinos, c'était (c'est encore aujourd'hui dans certains pays) s'aliéner des années de persécution, voire de sacrifices rituels à base guillerette de décapitation, d'éventration et de démembrement.

Avant les années terribles aurait, de source peu sûre, été banni de tout office de tourisme ougandais.
Formidablement instructif et, paradoxalement, terriblement humain, il ne lui aura manqué qu'une adhésion pleine et entière au style pour cocher toutes les cases du très très grand roman.

Merci à Babelio et aux éditions Actes Sud pour ces années de plomb.
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Dans ce roman l'auteur alterne deux périodes :
- début des années 90 - guerre civile en Ouganda
- années 2010 - le personnage central, Isaïe, va quitter l'Espagne où il s'est réfugié pour revenir dans son Ouganda natal participer à un colloque sur la réconciliation.
Très rapidement on comprend qu'Isaïe est un ancien enfant soldat de l'Armée de résistance du Seigneur (sans rire) du tristement célèbre Joseph Kony. Personnage toujours poursuivi par La Haye. Toujours en fuite, toujours vivant. Jamais jugé.....
Ce roman aborde aussi la question des albinos africains et l'horrible traitement qui peut leur être réservé. Vu comme des esprits noirs, dont la mort (de préférence sous torture) ou les organes peuvent apporter bonheur, santé etc à ceux qui les massacrent....
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En soi ce livre est très intéressant. "Mais" car il y a un mais....
La partie années 90 est passionnante. On sent que c'est le sujet qui intéresse l'auteur. C'est fouillé, étudié.... S'ajoutent les questionnements du personnage central sur ce qu'il est, ce qu'il est devenu, le fait d'être innocent et coupable à la fois.
La 2e partie fait "too much", c'est trop.... Trop de rapt, de violences, de retournements, de traîtrises.... Au final j'ai trouvé que ça desservait le livre.
.
Donc un roman utile mais avec une petite pointe de déception en ce qui me concerne. Mais que cela ne vous empêche pas de jeter un oeil sur ce livre !
Merci pour ce cadeau obtenu lors de la dernière Masse Critique !
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Ma première incursion en Ouganda est sur l'invitation de Victor del Arbol.

J'aurais certes préféré découvrir ce beau pays d'Afrique de l'Est à travers sa faune abondante ou les célèbres sanctuaires d'animaux.
Malheureusement c'est sous un prisme beaucoup plus sombre et tragique, celui des enfants soldats pendant la guerre civile, qui j'embarque dans Avant les années terribles.
On découvre le destin tragique de tous ces enfants enlevés à leurs familles, endoctrinés de force, vivant dans l'obscurité et la terreur.

A la croisée du documentaire romancé et du roman initiatique, dans cette « novela negra » l'auteur espagnol délivre une fable amère sur la fin de l'innocence.
Il s'aventure également dans les rituels de superstition et de sorcellerie avec la chasse aux albinos.

Le prolifique écrivain capture une fois de plus le lecteur dans une sorte d'univers parallèle, quoique hélas bien réel, très noir et oppressant.
Victor del Arbol traîne ses pompes dans le bitume et parfois il trempe sa plume dans le caniveau.

Peut-on réparer les traumatismes de l'enfance ? Peut-on se reconstruire une nouvelle vie et restaurer notre part d'humanité lorsqu'on a commis des actes innommables?

Ces questions trouvent des réponses dans l'analyse toujours très juste et humaniste de l'écrivain.

L'intrigue est un peu trop longue et détaillée à mon goût, un peu de concision aurait allégé un sujet déjà bien dense et pesant.

Un autre bémol: comme dans les films d'action des années 80, ici on a du mal à tuer les méchants, qui « reviennent à la vie » après s'être pris des balles à bouts portant et autres atrocités, ce qui malheureusement décrédibilise un peu l'intrigue.

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Direction l'Ouganda. L'auteur, plutôt classé en polar, nous sert ici un livre sur la guérilla sanglante qui eut lieu dans les années 90 - sorte de thriller historique ?! ce livre est puissant, très instructif. La réalité a été celle d'enfants-soldats, même pas adolescents, enrôlés pour trucider, violer, et souvent mourir. La narration alterne entre ces années noires et l'année 2016, lorsque notre héros est invité à revenir dans son pays, pour un colloque et raconter cette folie meurtrière. Revenu donc, il tombe dans un guet-apens : parce que tous ses ennemis, des deux camps, n'ont pas oublié qu'il a été le "chasseur". Très bon travail de l'auteur sur la frontière ténue entre la responsabilité d'être victime et bourreau. Et même lorsqu'un travail sur soi peut avoir lieu, d'acceptation par exemple, il y a toujours quelqu'un pour vous refaire porter les habits d'un passé très obscur. Comme on dit, ça colle à la peau. Lecture passionnante et déroutante.
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critiques presse (1)
LeMonde
06 septembre 2021
L’écrivain espagnol se transporte en Ouganda, parmi les enfants-soldats de l’Armée de résistance du seigneur (LRA). Un roman de la perte de l’innocence.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Je retournai avec férocité à la guerre , dont je ne sais rien , bien que j'y aie été plongé pendant trois ans . Je n'ai jamais su la raconter . J'admire ces reporters qui la montrent .... ils impriment la juste dose d'émotion , évitant d'être trop crus , semblent connaître les ressorts . Pour eux la guerre est claire , tout le monde sait ce qu'il doit faire et le gagnant est celui qui a su agir avec efficacité .... La guerre c'est de la fumée .... Une fumée qui vous empêche de respirer et qui vous aveugle . C'est une somme de cris infernaux , on crie quand on tire , Quand on est blessé , quand on veut se cacher dans un trou et se boucher les oreilles et crier encore ...Tout crie , les hommes qui attaquent , ceux qui meurent , les chèvres , les chiens , l'âne qui trépigne , affolé , pour s'enfuir , les singes qui crient presque autant que les humains quand les arbres prennent feu sous les bombes , dans les champs les rats crient aussi . La guerre c'est avancer , reculer , ramper , crapahuter , courir , s'immobiliser au cœur d'un tourbillon qui vous encercle . Se battre contre des hommes plus grands et plus forts , esquiver les baïonnettes qui veulent vous couper le cou , mordre , griffer , arracher les yeux , écraser les crânes à coups de pierre

Pleurer , tout le temps pleurer .

Et tout cela , en même temps ! On dirait que cela ne finira jamais , mais si on résiste , c'est la fin .

Personne ne vous dit que votre mort ne compte ni pour les uns ni pour les autres . Perte inutile , sacrifice stérile . Un ridicule et immense tragique . Si votre camp gagne , il mettra un drapeau sur votre cercueil et peut-être une plaque à votre nom sur une petite place de village ; si les adversaires gagnent , ils jetteront votre corps sur une belle montagne de cadavres , et une pelleteuse vous poussera dans une tranchée et vous ensevelira sous deux mètres de terre anonyme ; les uns et les autres vous oublieront , vous deviendrez un chiffre , au mieux une statistique dans les manuels d'histoire ; au pire , vous serez un crâne et un fémur qu'un tracteur exhumera en labourant , on mettra vos restes dans un sac poubelle sans que personne ne vous réclame ni puisse vous identifier . Vos vies et vos réussites subsisteront dans de vieux souvenirs de famille , mais ces échos finiront aussi par s'éteindre .
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Le coeur de certains hommes est une montagne qu’on ne peut ni escalader ni contourner. Dressé comme un roc au milieu de la poitrine, et les rivières qui en descendent sont un sang obscur et et sans remords. On ne peut ni le briser ni l’ébranler. Ces hommes choisissent une vérité, et peu importe s’ils n’y croient plus. Ils se contentent de rester fidèles à leurs choix et d’en assumer les conséquences.
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Que mal pouvons-nous supporter sans être brisés intérieurement? Et quelle part de ce mal sommes-nous capables d’infliger à d’autres sans nous émouvoir? On ne se pose généralement pas ces questions. Je croyais ne rien apprendre sur la nature de la douleur, mais la douleur a cette capacité infinie de nous révéler à nos propres yeux, elle est un guide tenace qui peut atteindre ce qu’il y a d’insondable en nous. Elle nous montre des évidences que nous préférions ne pas connaître; elle ne touche jamais le fond, on dirait une fosse marine peuplée d’être inconcevables qui n’ont jamais vu la lumière. Le pire, c’est qu’on descend de plus en plus bas dans cette fosse, au point d’oublier qui on est et pourquoi on est là; on ne raisonne plus comme les autres, on ne ressent plus comme eux, on ne voit plus ce qu’ils voient. Il n’y a que l’obscurité, et cette obscurité est tout ce qu’on possède.
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Quand les gens sont furieux, la vérité importe peu. Ils veulent juste un bouc émissaire.
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C’est une redoutable erreur de croire que les gens qui nous aiment sont, par le seul fait de nous aimer, stupides ou aveugles. Ou que leur patience est infinie. Si vous vous éloignez un peu trop, peut-être ne vous donneront-ils pas l’occasion de revenir. L’amour n’est pas un blanc-seing.
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Videos de Victor del Arbol (51) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Victor del Arbol
À l'occasion du salon du livre de Genève 2019, rencontre avec Víctor del Arbol autour de son ouvrage "Par-delà la pluie" aux éditions Actes Sud.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2283734/victor-del-arbol-par-dela-la-pluie
Notes de Musique : Youtube Audio Library.
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