AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,95

sur 141 notes
5
15 avis
4
15 avis
3
4 avis
2
3 avis
1
0 avis
Arrivé à Barcelone encore adolescent, Isaïe a lutté d'arrache-pied pour gagner son droit au bonheur. Il s'apprête à connaître les joies de la paternité et pense avoir tourné le dos pour toujours à une Afrique féroce qui embrigade des enfants. Quand il reconnaît, dans l'embrasure de son atelier, un ancien camarade (ou plutôt frère d'armes), il perçoit d'instinct que sa paisible existence vient de voler en éclats. L'émissaire exerce désormais des fonctions officielles, et Isaïe se laisse convaincre de retourner en Ouganda afin de participer à une conférence sur la réconciliation nationale.
Mais à peine arrivés à Kampala, sa femme est enlevée...


C'est par un incessant aller-retour entre passé et présent que l'auteur nous embarque dans la vie d'Isaïe, Ougandais d'origine et réfugié à Barcelone.
Une vie cassée, fracturée dans sa courte période d'adolescent, propulsée au coeur des ténèbres. Un récit conté à la première personne par Isaïe lui-même qui ne cache aucune émotion, aucun détail de sa vie et de son enrôlement, aucun fait même le plus sordide.
C'est un roman éprouvant mais riche car il questionne sur la mémoire, sur les souvenirs que l'on garde ou que l'on transforme pour les rendre acceptables et ceux que l'on veut oublier, sur ses actes voulus ou subis, et sur la construction de soi. Un roman aussi sur l'innocence et la culpabilité, sur l'envie de comprendre, de pardonner et de se pardonner. Un roman sur le destin d'un enfant-soldat victime et bourreau, sur lequel plane l'ombre de Joseph Conrad et de son roman « au coeur des ténèbres ».

Un livre glissé entre mes mains, avec moult recommandations, par le propriétaire de la petite librairie Opuscule de Montpellier que je remercie. de son coup de coeur, j'en ai fait le mien.
Commenter  J’apprécie          510
Isaïe bosse à Barcelone.
Comblé aux côtés d'une femme aimante dont il attend un enfant, il doit composer avec ses innombrables démons abandonnés en Ouganda.
Aussi, lorsqu'une vieille connaissance franchit le pas de son échoppe puis l'invite pressamment à retourner au pays dans le but oh combien louable d'assister à une conférence censée taffer sur la réconciliation nationale, Isaïe aurait dû écouter sa petite voix intérieure et refuser tout de go ce billet retour pour l'enfer.

J'aurais adoré adorer, ce ne fut pas le cas.
Si le sujet abordé et développé fait preuve d'une maîtrise et d'un sens de la pédagogie certain, difficile d'en dire autant de l'écriture qui m'aura laissé sur le bord du chemin du début à la fin.

Isaïe est un personnage complexe, torturé par un passé qui lui explose de nouveau à la gueule sans préavis, et qui semble avoir pour film fétiche Un jour sans fin (saloperie de marmotte, tiens).
Véritable pierre angulaire de ce roman, sorte de Kurtz emblématique d'Apocalypse Now, dont il est régulièrement fait référence, et appelé à plonger encore et encore dans un chaos perpétuel, il semble voué à revivre éternellement ce qu'il s'évertue à oublier pour le salut de son âme.
Pour la résilience, c'est en face. En vous remerciant.

Les thématiques sont d'une richesse et d'une multiplicité incroyable.
Ce roman, très dur, lève le voile sur un pays meurtri, balafré par des conflits d'une violence inouïe à l'encontre d'une populace expiatoire.
Joseph Kony et sa LRA, en seigneur de guerre rebelle, homme brutal, sans conscience, avide de pouvoir, fût-il obtenu hors de tout cadre législatif et aux détriments d'innombrables atrocités commises par des enfants soldats qu'il s'évertuait à enrôler dès leur plus jeune âge.

Ouganda, terre de légende, de magie mais également de rituels ancestraux d'une bestialité peu commune. Naître albinos, c'était (c'est encore aujourd'hui dans certains pays) s'aliéner des années de persécution, voire de sacrifices rituels à base guillerette de décapitation, d'éventration et de démembrement.

Avant les années terribles aurait, de source peu sûre, été banni de tout office de tourisme ougandais.
Formidablement instructif et, paradoxalement, terriblement humain, il ne lui aura manqué qu'une adhésion pleine et entière au style pour cocher toutes les cases du très très grand roman.

Merci à Babelio et aux éditions Actes Sud pour ces années de plomb.
Commenter  J’apprécie          3910
Dans ce roman l'auteur alterne deux périodes :
- début des années 90 - guerre civile en Ouganda
- années 2010 - le personnage central, Isaïe, va quitter l'Espagne où il s'est réfugié pour revenir dans son Ouganda natal participer à un colloque sur la réconciliation.
Très rapidement on comprend qu'Isaïe est un ancien enfant soldat de l'Armée de résistance du Seigneur (sans rire) du tristement célèbre Joseph Kony. Personnage toujours poursuivi par La Haye. Toujours en fuite, toujours vivant. Jamais jugé.....
Ce roman aborde aussi la question des albinos africains et l'horrible traitement qui peut leur être réservé. Vu comme des esprits noirs, dont la mort (de préférence sous torture) ou les organes peuvent apporter bonheur, santé etc à ceux qui les massacrent....
.
En soi ce livre est très intéressant. "Mais" car il y a un mais....
La partie années 90 est passionnante. On sent que c'est le sujet qui intéresse l'auteur. C'est fouillé, étudié.... S'ajoutent les questionnements du personnage central sur ce qu'il est, ce qu'il est devenu, le fait d'être innocent et coupable à la fois.
La 2e partie fait "too much", c'est trop.... Trop de rapt, de violences, de retournements, de traîtrises.... Au final j'ai trouvé que ça desservait le livre.
.
Donc un roman utile mais avec une petite pointe de déception en ce qui me concerne. Mais que cela ne vous empêche pas de jeter un oeil sur ce livre !
Merci pour ce cadeau obtenu lors de la dernière Masse Critique !
Commenter  J’apprécie          381
Direction l'Ouganda. L'auteur, plutôt classé en polar, nous sert ici un livre sur la guérilla sanglante qui eut lieu dans les années 90 - sorte de thriller historique ?! ce livre est puissant, très instructif. La réalité a été celle d'enfants-soldats, même pas adolescents, enrôlés pour trucider, violer, et souvent mourir. La narration alterne entre ces années noires et l'année 2016, lorsque notre héros est invité à revenir dans son pays, pour un colloque et raconter cette folie meurtrière. Revenu donc, il tombe dans un guet-apens : parce que tous ses ennemis, des deux camps, n'ont pas oublié qu'il a été le "chasseur". Très bon travail de l'auteur sur la frontière ténue entre la responsabilité d'être victime et bourreau. Et même lorsqu'un travail sur soi peut avoir lieu, d'acceptation par exemple, il y a toujours quelqu'un pour vous refaire porter les habits d'un passé très obscur. Comme on dit, ça colle à la peau. Lecture passionnante et déroutante.
Commenter  J’apprécie          330
Ma première incursion en Ouganda est sur l'invitation de Victor del Arbol.

J'aurais certes préféré découvrir ce beau pays d'Afrique de l'Est à travers sa faune abondante ou les célèbres sanctuaires d'animaux.
Malheureusement c'est sous un prisme beaucoup plus sombre et tragique, celui des enfants soldats pendant la guerre civile, qui j'embarque dans Avant les années terribles.
On découvre le destin tragique de tous ces enfants enlevés à leurs familles, endoctrinés de force, vivant dans l'obscurité et la terreur.

A la croisée du documentaire romancé et du roman initiatique, dans cette « novela negra » l'auteur espagnol délivre une fable amère sur la fin de l'innocence.
Il s'aventure également dans les rituels de superstition et de sorcellerie avec la chasse aux albinos.

Le prolifique écrivain capture une fois de plus le lecteur dans une sorte d'univers parallèle, quoique hélas bien réel, très noir et oppressant.
Victor del Arbol traîne ses pompes dans le bitume et parfois il trempe sa plume dans le caniveau.

Peut-on réparer les traumatismes de l'enfance ? Peut-on se reconstruire une nouvelle vie et restaurer notre part d'humanité lorsqu'on a commis des actes innommables?

Ces questions trouvent des réponses dans l'analyse toujours très juste et humaniste de l'écrivain.

L'intrigue est un peu trop longue et détaillée à mon goût, un peu de concision aurait allégé un sujet déjà bien dense et pesant.

Un autre bémol: comme dans les films d'action des années 80, ici on a du mal à tuer les méchants, qui « reviennent à la vie » après s'être pris des balles à bouts portant et autres atrocités, ce qui malheureusement décrédibilise un peu l'intrigue.

Commenter  J’apprécie          310
L'ancien policier des " Mossos d'esquadra " espagnols nous plonge dans ce titre dans un sujet assez peu traité en littérature : les enfants soldats . le livre de Joseph Conrad " Au coeur des ténèbres à inspiré l'auteur qui y fait de brèves références . Mais autant Conrad y écrivit une virulente dénonciation du colonialisme autant del Arbol , oublie cet aspect des choses pour nous confronter au croyances et superstitions du monde africain , au dilemme entre le bien et le mal . Les plus cruels personnages du livre , ont des moments de compassion , ne sont pas uniquement des sanguinaires mais des êtres manipulés . Auteur à multiple facettes tant dans les sujets traités que dans ses propres évolutions .Del Arbol , jeune homme considérait les flics comme étant des fascistes et deviendra flic , lui même , à la brigade des mineurs . Il fut aussi séminariste avant que l'attrait des femmes ne l'en détourne. A la lecture de ce livre on ressent l'influence de son passé . J'avais mieux aimé " Toutes les vagues de l'océan " parce que moins déroutant au niveau des flashbacks . On qualifie souvent les romans de cet auteur de livres policiers mais ils vont un peu plus loin , fouillent les ressorts de l'humain , ses contradictions , ses formatages et nous questionnent .
Comme dit plus haut , si j'ai trouvé ce titre parfois brouillon , je le recommande tout de même chaudement .
Commenter  J’apprécie          180
Suite à une longue guerre , un homme d'origine ougandaise vivant en Espagne est contacté pour participer à la conférence de réconciliation. Pas vraiment décidé à y aller il finit par accepter et s'y rend avec sa femme.

Le retour en Ouganda est difficile, l'homme n'est pas innocent pas plus que beaucoup de ceux qui l'entoure, des fantômes reviennent et demandent des comptes.

Quelle guerre ! Quelle folie ! Comme pour le Rwanda et le Burundi tout proches , le conflits commence sur des querelles de groupes, ceux du nord/ceux du sud, les grands/les petits, ceux comme ci/ ceux comme ça , bref la division, l'envie, la jalousie sont de bons déclencheurs de conflits. Dans un pays peu structuré et très corrompu les feux démarrent vite et après il n'y a plus personne pour les éteindre.

Ce qui fait la particularité de cette guerre c'est la personnalité du leader de l'opposition qui est fou à lier , mélangeant dans un grand délire magie et religion et recouvrant le tout d'un épais tapis de cruauté mais qui fédère suffisament pour avoir de bons petits soldats. Des soldats qui ne sont bien souvent que des gamins enlevés, embrigadés, drogués, battus, violés , exploités ... Comment oui vraiment comment ces pauvres gamins peuvent-ils avoir un avenir hors de la guerre, comment se sont-ils construits et qui peuvent-ils devenir... je ne sais pas .

Le récit est dur, cruel car ce qu'il raconte est ainsi mais l'auteur arrive à avoir une écriture juste et à bonne distance qui rend ce livre excellent malgré le sujet. Un auteur que je retrouve pour la seconde fois et vers qui je reviendrais.
Lien : http://theetlivres.eklablog...
Commenter  J’apprécie          180
Je connaissais Victor del Arbol pour ses romans policiers. On en est loin, quoique. C'est donc une autre facette de cet auteur décidément prolixe. Alors alors, j'ai préféré de loin ses romans policiers, pas que ce livre soit mauvais, mais il n'atteint pas le sens littéraire d'autres auteurs sur ce genre de thème. N'est pas Villa-Matas qui veut.
Commenter  J’apprécie          180
Difficile d'écrire après «Toutes les larmes de l'océan » considéré à peu près unanimement comme un chef d'oeuvre et publié en français en 2015.
Victor del Arbol a beaucoup écrit depuis et s'est sans doute un peu perdu.
« Avant les années terribles » est une sorte de titre prémonitoire pour cet auteur, que j'aime beaucoup et que j'ai eu la chance de rencontrer à Lyon.
Après 2 romans décevants il change son M16 d'épaule et nous précipite, à la suite d'Isaë ,dans le chaos ougandais.
Isaë est réparateur/vendeur de vélos à Barceloneta, métier qui a le vent en poupe…
Mais les fantômes du passé vont venir le titiller et Enmanuel K(?) le convint de venir faire un tour à Kampala , le temps d'une conférence sur la Réconciliation nationale.
Ex-enfant soldat, longtemps victime (mais pas innocent, précise l'auteur) d'un sévère état de stress post-traumatique ( on le serait à moins) Isaë part avec sa femme , Lucía ( avocate, famille hyper-riche)enceinte de cinq mois.
Une fois en Afrique ça devient compliqué, tout va se rejouer en pire , etcétéra ,etcétéra…
Franchement le pitch était vraiment tentant.
Malheureusement il y a plusieurs petits soucis :
Passons sur quelques incohérences chronologiques ( même si je n'aime pas du tout ça) mais soit il y a un gros problème de traduction soit Victor del Arbol s'est empêtré dans les problèmes de conjugaison. le style est lourd, terriblement empesé , ça en est presque gênant.
Il y a aussi des incohérences géographiques mais là aussi passons.
Le mérite de l'ouvrage est de donner un grand coup de projecteur sur l'Ouganda et là, pour le coup, on apprend pas mal de choses.
Pays maudit de l'Afrique de l'Ouest, l'Ouganda est un magnifique pays avec une histoire terrible. S'intéresser à son histoire c'est mettre un bout d'orteil dans l'immense complexité africaine post-coloniale.
On y apprend aussi le sort impitoyable des albinos, leur destin victimaire et leur rôle dans la sorcellerie.
Mais la narration est malheureusement assez confuse avec pourtant une structure narrative sommaire.
Qu'est il arrivé à cet auteur que j'aimais tant ?
Souvent présent à Quais du polar , l'homme est charmant et parle un beau français avec une pointe d'accent catalan.
Peut-on se remettre de Toutes les larmes de l'océan ?
Pas sûr……
Commenter  J’apprécie          184
Mais comme je suis sortie sonnée par la lecture de ce roman ! Comment qualifier ce roman d'ailleurs ? L'étiquette « roman noir » que les français ont collé à l'auteur ne se justifie pas. Roman historique ? Thriller historique ? L'auteur nous fait découvrir une partie absolument atroce de l'histoire du XXème siècle et met en lumière l'infame Joseph Kony. L'auteur nous raconte la vie de Isaías Yower, jeune ougandais qui a fui son pays pour rejoindre l'Espagne (près de 9000 kms !). le contexte est absolument hallucinant de violence, mais rien n'est inventé. Enfin si : l'histoire avec le petit « h » d'Isaías mais le contexte historique est réel. Et c'est d'une violence insoutenable. le livre se déroule sur deux époques : la jeunesse d'Isaías et son retour en Uganda pour témoigner lors d'un congrès. Au début du roman, Isaías vit une vie heureuse avec sa famille (sa mère, son père, sa grand-mère, sa soeur, son petit-frère) puis sa vie bascule dans l'horreur. Il sera enlevé, séquestré, « dressé », de victime deviendra bourreau, fera partie de ce qu'on appelle les enfants-soldats. Il tuera, massacrera, aimera aussi, devra faire des choix. Et il prendra la fuite, rejoindra l'Espagne, la ville de Barcelone où il refera sa vie, deviendra un autre (en apparence). Mais le passé est toujours là, bien enfoui au fond de lui. Et viendra le moment où le passé va se rematérialiser devant ses yeux, en la personne d'Emmanuel K qui l'invite à venir participer à un Congres en Uganda. Il va devoir affronter son passé, se raconter pour le faire sortir, se l'approprier, l'accepter et enfin l'intégrer et vivre avec. Il va du même coup devoir le raconter à ceux qui ne connaissaient pas sa vie d'avant, la future mère de son bébé en particulier. Ce roman n'est pas qu'un roman sur la tragédie des enfants-soldats, ces machines de guerre qui sont de fait des victimes avant d'être des criminels. C'est aussi un roman sur tous les enfants à qui l'on a volé leur enfance ; tous les enfants maltraités, battus, vendus, exploités, endoctrinés. Il en faut du courage pour s'accepter, comprendre qu'il n'est pas coupable de tout mais qu'il est aussi victime, du courage pour aller de l'avant et d'accepter le passé (un peu comme Miguel et Helena- le couple de « Par-delà la pluie » – mais la similitude s'arrête là).

Son retour sur les terres de son enfance est marqué par un accueil hostile et alors que les fantômes du passé surgissent, ils ne sont pas les seuls. Emergent aussi du passé les hommes qui l'ont façonné et qui vont réapparaitre, en chair et en os. Je ne vais pas vous raconter la suite mais croyez-moi, il y a de l'action. On est au coeur de l'Afrique : L'Afrique avec ses traditions, ses légendes, ses sorciers, ses croyances. « L'homme est un loup pour l'homme » disait Hobbes. Dans ce roman le loup c'est transformé en lycaon et c'est encore bien plus dangereux !

Ce roman n'est pas un roman sur la vengeance ( un peu quand même parfois) mais sur l'acceptation de soi; il dénonce des atrocités ; comme dans tous ses romans, le passé, les racines sont des thèmes récurrents ; le thème du racisme qui est bien présent. Racisme antinoir, racisme antiblanc, racisme contre l'étranger. le thème du migrant est là aussi, la difficulté de fuir son pays, la pénibilité du voyage, la difficulté de se faire accepter à l'arrivée. L'amour est présent aussi avec Lowino et Lucía ; la trahison et la violence sont omniprésentes. le thème de la famille est aussi bien là : la filiation, les conflits parents/enfants, les rapports frère/soeur. Sans oublier le thème de la faute, de la culpabilité, de la rédemption.

A chaque roman Victor del Arbol repousse les limites et il vient de franchir une nouvelle dimension. Un livre que je recommande vivement mais dont vous ne ressortirez pas indemne ! Plus qu'à attendre qu'il sorte en français pour ceux qui ne lisent pas l'espagnol…

Interview sur la RTS : Point de fuite: Victor del Árbol: avant les années terribles – Radio – Play RTS
Lien : https://www.cathjack.ch/word..
Commenter  J’apprécie          163




Lecteurs (387) Voir plus




{* *} .._..