AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Laureneb


Je le dis humblement, je n'ai pas les compétences pour comprendre la poésie surréaliste, et je suis restée assez froide devant certaines images, parce que je ne les ai pas comprises, ne voulant passer non plus du temps à comprendre et à décrypter les métaphores. Ronsard me séduit, Hugo me transporte ou Verlaine me touche au coeur, mais là, si je reconnais la rupture avec des formes de poésie plus traditionnelle, cela n'a pas fonctionné sur moi. Je dois être une conservatrice...
Peut-être aussi que j'ai eu du mal à être touchée, car ce recueil se place sous le signe de la douleur, mais sans lyrisme : le Je du Narrateur est relativement à distance, il ne met pas directement son coeur à nu - "il ne livre pas [sa] vie à [nos] huées" comme écrivait Leconte de Lisle. En effet, on ne peut pas forcément associer le Narrateur à L Auteur, même si un poème s'intitule "Mourir de ne pas mourir". Or, c'est un poème vide, sans mot, qui ne comporte que son titre et une dédicace signée "P.E".
Le Narrateur souffre, mais il ne le dit pas clairement. Plutôt que de pleurer devant nous, il procède par allusion, titrant plusieurs poèmes "Nul", et invoquant des images de bûchers ou de fouet faisant, de guerre aussi et de malédiction. On pense donc à des scènes de torture. Et le Narrateur convoque des images de brouillard, d'ombre, de lointain, de transparence, de fuite. La thématique de la mer revient plusieurs fois, comme un horizon inatteignable. Je me suis donc demandée si la "capitale" dont il était question n'était pas aussi la tête du Narrateur, faisant allusion à des souffrances psychologiques en convoquant l'étymologie - le nom de Paris n'apparaît qu'une fois, dans le titre d'un poème, "Paris pendant la guerre", qui, me semble-t-il, évoque une statue allégorique, belle mais guerrière . Enfin, "Douleur" rime avec "lenteur, terreur, malheur" dans le poème mystique "Silence de l'Evangile".
Cette souffrance est liée à une femme assez évanescente. Elle n'a pas de prénom, pas de pensée, elle ne semble être qu'une apparence physique, mais morcelé : ses seins, sa bouche, ses yeux, apparaissent plusieurs fois, dans le rêve ou le souvenir, dans le lointain encore une fois, passant et s'éloignant. Significativement sans doute, un poème placé quasiment au coeur de l'oeuvre s'appelle "Celle qui n'a pas la parole". L'aimée est donc un corps nu sans sentiment et sans voix.
Finalement, rédiger une critique m'a permis de mieux ressentir le recueil, d'avoir l'impression de l'avoir mieux compris même si ses images me restent pour nombre d'entre elles obscures - et c'est cela la poésie, j'ai ressenti des choses sans toutes les analyser.
Commenter  J’apprécie          136



Ont apprécié cette critique (10)voir plus




{* *}