BURLESQUE
Fille de glace donne-moi
Confiance en moi.
SOLITAIRE
J'aurais pu vivre sans toi
Vivre seul
Qui parle
Qui peut vivre seul
Sans toi
Qui
Être en dépit de tout
Etre en dépit de soi
La nuit est avancée
Comme un bloc de cristal
Je me mêle à la nuit.
LES SENS
Dévêtue et le front pur
Tu t'abats comme une hache
Étincelante et d'un poids
À faire se lever le plomb
Entends le rubis éclore
La turquoise se faner
Ta bouche séduit ton visage
Et ton corps peut venir
Battant comme un cœur.
L'AVENTURE
Prends garde c'est l'instant où se rompent les digues
C'est l'instant échappé aux processions du temps
Où l'on joue une aurore contre une naissance
Bats la campagne
Comme un éclair
Répands tes mains
Sur un visage sans raison
Connais ce qui n'est pas à ton image
Doute de toi
Connais la terre de ton cœur
Que germe le feu qui te brûle
Que fleurisse ton œil
Lumière.
LA LECTURE
Au centre de Paris
La pudeur rêvassait
Le bouquet du ciel sans nuages
Dans un vase de maisons noires
Quand elle n'a pas le temps
Elle n'en est que plus belle
On n'en finit pas d'apprendre
Le ciel ferme la fenêtre
Le soleil cache le plafond.
OBJETS
Dans cette chambre que j'habite
J'assemble tous les paysages
J'entre au bois diamant
Le ciel est un aveu.
FIL ET AIGUILLE
Sans fin donner naissance
A des passions sans corps
A des étoiles mortes
Qui endeuillent la vue.
POUVOIR
Il la saisit au vol
L'empoigne par le milieu du corps
La ceinturant de ses doigts robustes
Il la réduit à l'impuissance
Vertige la main dominante
Couvre toutes les distances
Sans plus bouger que sa proie.
Un espoir insensé
Fenêtre au fond d'une mine.
LE TEMPS QU'IL FAISAIT LE 14 MARS
Enjôleur d'enfants et charmeur d'oiseaux
J'attends la venue du printemps
La terre est timide et fraîche
Les aiguilles de midi
Cousent la traîne du matin
Je me vois moi ma jeunesse
Parmi les couleurs volatiles
Des premières végétations
Sur les rivages de verdure
Où l'eau devient de la lumière.