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Critique de BazaR


Une intrigue plus simple et plus resserrée que L'Empire de l'atome.

En fouillant un peu, on note que si les versions roman du diptyque datent de 1957 et 1962, ils ont été publiés en tranche dans la revue Astounding Science Fiction (du célèbre John W. Campbell) respectivement en 1946 et 1950. Ce fait m'a fait renoncer à l'idée que c'est le temps passé entre les deux romans qui est responsable des différences.
Tous les éléments de l'Empire n'ont pas disparu dans le sorcier de Linn ; ils sont simplement dilués, déposés à la marge. Les complots au plus haut niveau de l'État, la haine de la différence que provoque les mutations de Clane ; on peut même s'amuser à retrouver les similarités entre les personnages du romans et les Julio Claudiens (je rappelle que l'Empire de l'atome reprend partiellement la trame de Moi, Claude de Robert Graves). Ainsi Jerrin pourrait être assimilé à l'empereur Claude, son épouse Lilibel à Agrippine la Jeune et leur fils Calaj à Néron (les ressemblances paraissent plus dans les caractères que dans les liens de parenté).

Mais l'essentiel est reporté sur la lutte à outrance que les humains doivent livrer aux Riss, une race extraterrestre responsable jadis de la destruction de la civilisation humaine. Tout repose sur les épaules de Clane en cette affaire. Je crois qu'Alfred E. van Vogt aime beaucoup les personnages providentiels dont la présence ou l'absence changent le cours de l'humanité vers le progrès ou l'annihilation.
Tout repose tellement sur Clane que l'auteur insiste pour établir un contraste fort avec ses interlocuteurs – et cela nuit à l'intérêt du roman. Les autres personnages sont incapables de réflexion, sont assoiffés de pouvoir et bêtes ou simplement naïfs jusqu'à l'exagération, comme les Outlandais. Madelina – qui a une grande importance dans la vie de Clane – disparait trop vite de l'histoire et réapparait en ayant perdu tout son potentiel de personnage fort. Heureusement, il nous reste Czinczar, le chef barbare du satellite jupitérien Europe, qui est le seul capable de tenir la dragée haute à Clane. Sans lui le roman aurait beaucoup perdu de son intérêt.

Le traitement de Clane, en revanche, reste assez proche de ce qu'il était dans l'Empire de l'atome. Si on voit beaucoup plus souvent les événements par ses yeux et si on a plus souvent aussi l'occasion d'accéder à ses pensées, l'essentiel de ses plans continuent à être cachés jusqu'au moment où leur dévoilement permet de retourner une situation perdue avec une grande surprise pour le lecteur. Avec les personnages qui l'entourent, le lecteur se demande tout le temps où le mutant veut en venir. de ce fait, on reste en permanence dans une situation d'attente du flash qui va tout expliquer. Ce besoin de tout cacher au lecteur jusqu'à l'ultime moment ne fonctionne pas avec tous les lecteurs – certains de mes amis babéliotes qui ont lu le roman en LC avec moi me l'ont confirmé.
Enfin, Alfred E. van Vogt continue à faire de la science fiction dans le premier sens des mots. Si l'énergie atomique reste à la base des technologies qu'il développe, il extrapole énormément jusqu'à créer des objets qui confient à la magie. Son idée finale quant à la nature du cosmos est percutante tout en restant obscure. Elle n'est corroborée par aucune réalité scientifique, mais ce n'est pas grave. Il s'agit d'une idée de fiction mise en mots.

Il s'agissait d'une relecture pour moi – la première datant d'il y a bieeeen longtemps. J'y ai retrouvé du plaisir et que j'ai redévoré le livre. Pari réussi, donc.
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