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Critique de mayim


Sur leur site internet, les éditions Asphalte parlent ainsi de leur ligne éditoriale : « Nos textes s'affranchissent des contraintes de genre, mettant l'écriture et l'intrigue au service de l'atmosphère et du rythme. Notre catalogue reflète notre attachement à l'esprit des lieux et à leur petite musique ».
Le livre de Juan Tomas Avila Laurel correspond parfaitement à cette description. Il échappe à toute étiquette de genre. Ce n'est ni un essai ni un roman. C'est un ensemble de témoignages authentiques mis sous la forme d'un récit avec de nombreux dialogues rapportant la pensée vive de ses personnages. Il a également un ton très singulier proche du conte qui m'a beaucoup plu puisqu'il m'a permis d'entendre « la petite musique » du mont Gourougou.

Le mont Gourougou…
Je n'en avais jamais entendu parler. Situé au nord-est du Maroc, c'est un mont aride de 10 km de diamètre et culminant à 900 m qui donne directement sur l'enclave espagnole de Melilla. Environ 500 personnes, essentiellement des hommes, vivent sur ce mont. Venant d'une dizaine de pays d'Afrique subsaharienne, elles se sont réparties en groupes selon leur langue, surtout le français ou l'anglais. Leur but est de rejoindre l'Europe via Melilla.

Ce sont leurs histoires que rapporte Juan Tomas Avila Laurel. Il donne une voix à ces personnes qu'on entend rarement. Alors, elles racontent.

Leur long et tortueux périple pour arriver jusqu'au mont.
Les multiples raisons de leur départ, parfois assez étranges mais toujours douloureuses.
Leur soif de réussir, de passer en Europe vers une vie fantasmée.
Les assauts réguliers contre le grillage entourant Melilla.
Le quotidien de cette vie d'attente, comme en suspens.
Le manque de tout. Il faut chercher de quoi boire, de quoi manger et mendier le reste dans les villes à proximité.
La peur permanente et la surveillance par les patrouilles de la police marocaine.
Les soirées en groupe à dire son histoire pour échapper quelques instants à leur situation précaire.
Le rôle du football qui soulage du froid, tue le temps non maîtrisé de l'attente, permet un mouvement de vie et est un symbole d'espoir, de rêve, de lutte.
La solidarité mais aussi la colère qui éclate suite à l'exploitation de femmes par d'autres migrants.
Les réflexions importantes sur ce que signifie être africain, dans la manière de se comporter, de trouver sa place et de penser le monde.

Vous aurez compris que j'ai beaucoup aimé ce livre empreint d'oralité, très émouvant, qui ouvre sur le monde et qui fait réfléchir.
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