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Fox, tome 1 : Le Livre maudit

Premier tome de la série Fox, on découvre les protagoniste sur fond de mines. A l'intérieur des galeries, des personnages apparaissent et l'on se demande ce qu'ils peuvent bien faire dans cette galerie...



L'histoire se met assez rapidement en place et un mystérieux livre est au coeur de l'action où d'étranges personnages viennent se greffer à la trame narrative.



Dans cet album, quelques dieux Egyptiens semblent revivre sous une apparence anthropomorphe.



J'ai trouvé que la relation entre Allan et Edith se noue un peu trop rapidement et aurait mérité d'être traitée sans doute avec une moindre précipitation. Cet album manque aussi un peu de luminosité, l'ambiance de la mine, il est vrai ne s'y prête pas, mais l'histoire est assez prometteuse.



Par contre, assez habitué des oeuvres de Charles, j'ai trouvé son graphisme plus brouillon que d'habitude et l'on ne retrouve pas la petite touche de poésie de ses oeuvres.
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Fox, tome 2 : Le miroir de vérité

L'enquête d'Allan Fox sur le livre de Thot mène ce dernier en Egypte. Son voyage est d'abord motivé par la recherche d'Edith qui a été enlevée et emmenée dans ce pays.



C'est l'occasion pour nous d'en apprendre un peu plus sur cet ouvrage maudit qui semble cependant épargner étrangement nos deux personnages.



En Egypte, ils reçoivent l'aide d'un mystérieux personnage déjà aperçu dans le premier tome et dont on se demande quel jeu il joue.



En lisant ce tome, je me disais que la clé ressemblait beaucoup à la formule du mystère de la pyramide de Blake et Mortimer : "par Horus demeure !". J'ai été surpris de voir que Allen puisse justement croiser Mortimer dans les couloirs du musée du caire. C'est un hommage qui renforce le lien entre les deux albums.



L'histoire se montre en tout cas intéressante avec un graphisme à la hauteur.
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Fox, tome 2 : Le miroir de vérité

Ce que l’on croit peut effacer ce que l’on voit.

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Ce tome est le deuxième d’une heptalogie, il fait suite à Fox, tome 1 : Le Livre maudit (1991). Sa première édition date de 1992. Il a été réalisé par Jean Dufaux pour le scénario, par Jean-François Charles pour les dessins, et Christian Crickx pour la mise en couleurs. Il comprend quarante-six pages de bandes dessinées. La série a bénéficié d’une réédition intégrale en deux tomes en 2005.



Dans les années 1950, Allan Rupert Fox vient d’arriver au Caire. Il découvre la ville en compagnie de Bayla, son guide. Celui-ci s’écrie : Attention ! Il explique à l’américain qu’il marche trop vite. Il ne faut pas : il va écraser ces malheureux scarabées. Il comprend bien que Fox se dise que s’il fallait éviter tous les insectes qui courent sol on n’avancerait plus. Il reconnaît que c’est assez juste en soi. Il lui recommande cependant d’éviter les scarabées dans la mesure du possible, car à Héliopolis ils furent tenus pour la manifestation du dieu Khépri, le soleil levant en personne. Il ajoute : autant ne pas froisser la susceptibilité des divinités qui gouvernent les humains. Soudain, un klaxon se fait entendre en continu. Une voiture est arrêtée en pleine rue, son conducteur en est descendu et il moleste un vieil homme à terre avec sa canne, parce que son âne est couché au sol et l’empêche de passer. La jeune nièce du vieil homme essaye de s’interposer, mais elle est trop petite pour retenir les coups de l’Anglais qui s’apprête à la corriger sévèrement parce qu’elle a osé porter la main sur un blanc. Alors que son bras s’apprête à s’abattre, il est arrêté par une poigne solide.



Allan Fox s’interpose et empêche Timothy Puckett de continuer à s’en prendre au vieil oncle et à sa nièce. Le klaxon continue de retentir en continu. Allan Fox fait quelques pas pour s’éloigner en tournant le dos au conducteur qui en profite pour essayer de le frapper. Fox l’empoigne et le colle fortement contre le capot de la voiture : Puckett perd conscience et le klaxon s’arrête d’un coup. Une élégante femme dans une robe noire chic et serrée descend de la voiture et félicite Fox : l’avertisseur est enfin stoppé, même si la méthode est un peu brutale, et son frère Timothy a tendance à se laisser emporter par sa colère, ce qui fait que sa conduite devient alors indigne d’un vrai gentleman. Enfin, l’âne se relève et dégage la voie. Fox prend congé d’Adrianna Puckett, et repart avec Bayla. La fillette vient le remercier quelques ruelles plus loin : elle ne l’oubliera pas. Ils arrivent enfin à leur destination : la boutique d’Atoumnah. Quand ils pénètrent, ils découvrent une vingtaine de babouins qui ont tout saccagé, et qui ont mis à mort le marchand Atoumnah. Dérangés dans leur saccage, les singes s’en prennent à Fox et à Bayla. Soudain une injonction retentit : Raïs el djemat !! Les singes s’arrêtent net, puis ils sortent de la boutique et se dispersent dans les rues du souk. Bayla et Fox remarquent une inscription en lettres de sang sur le mur : Khmounou. C’est le nom égyptien de Hermopolis.



L’influence Indiana Jones se confirme dans ce deuxième tome : le mystère des pyramides, Héphraïm, un professeur de l’université du Caire qui évoque la légende d’Osiris, Isis et Seth, avec le dieu Bès pour faire bonne mesure, les pyramides du plateau de Gizeh (Khéops, Khéphren et Mykérinos), les statues de pierre géantes du pharaon Aménophis III, près de la Vallée des Rois à Louxor, un trajet en voiture le long du Nil, une traversée en felouque, un passage par le site archéologique de Karnak, avec de très belles cases pour chacun de ces sites touristiques, en reproduisant avec fidélité la végétation locale. La pauvre Edith doit même affronter un groupe de cobras dans des ruines, avec la même terreur que Henry Walton Jones. Certes, personne ne s’exclame : Par Horus demeure !, et pour autant il n’y a pas à s’y tromper : en planche vingt-sept, Allan Rupert Fox est en train de lire en marchant dans une grande salle de l’université du Caire et il heurte de plein fouet un autre individu qui lui aussi lit en marchant, la pipe au bec, une barbe et des cheveux châtain-roux qui s’exclame By Jove ! Le professeur Philip Mortimer, personnage créé en 1950 par Edgard Félix Pierre Jacobs (1904-1987), échange quelques phrases sèches et discourtoises avec ce malotru d’Américain qui l’a heurté. Le lecteur relève également quelques situations qui peuvent lui évoquer Le temple du soleil (1949) et l’aide que Zorrino apporte au héros.



Le scénariste fait le nécessaire pour nourrir son intrigue au-delà des clins d’œil à la littérature de genre, qu’elle soit sous la forme de roman, de bande dessinée ou de film. Le héros est à la recherche d’un mystérieux Livre maudit aux propriétés étranges et mal définies. Il voyage à l’étranger, avec ses particularités rendues plus exotiques par le fait que le récit se déroule dans le passé. Il met à profit les sites archéologiques, sachant qu’il peut compter sur l’artiste pour les représenter fidèlement et en tirer parti pour la mise en scène, par exemple la progression hasardeuse d’Edith dans la pyramide, ou son vagabondage dans le temple Karnak. Il met en valeur des vestiges comme témoin d’une culture oubliée : les statues de pierre géantes du pharaon Aménophis III ou celle d’un babouin géant au milieu du désert (renvoyant directement à la mise à mort grotesque d’Atoumnah), les dessins rendant bien compte des dimensions, de l’usure du temps, de la texture de la pierre. Le personnage principal a droit à l’évocation d’un récit mythologique par un sachant local : le scénariste utilise de manière personnelle et assez superficielle le mythe d’Osiris, en aménageant les sources des textes des pyramides, des textes des sarcophages et du Livre des Morts.



Le scénariste ajoute dans la recette un soupçon de surnaturel : le comportement inexpliqué des babouins, l’absence de conséquence de la morsure du cobra sur Edith, et une deuxième attaque de babouins. Jean-François Charles dose ses traits d’encrage entre des lignes discrètement irrégulières pour apporter plus d’aspérité et de relief, aux personnages comme aux décors, et des lignes plus nettes et propres s’approchant de la ligne claire, par exemple lors de la rencontre irritante avec Mortimer. Il s’investit pour donner à voir chaque lieu. Ça commence par les rues du Caire dans un quartier populaire, avec des marchands de rue, sans aller jusqu’à la densité d’un souk, les façades conformes à l’architecture de la ville, et les étals provisoires. En planche six, une case de la largeur de la page et de la moitié de sa hauteur montre les toits de la ville et les tours élancées. L’encrage se fait plus appuyé avec des aplats de noir aux formes irrégulières pour la progression difficile d’Edith à la lueur de la torche dans la pyramide. Les traits deviennent plus fins et net pour la séquence dans l’université. L’artiste combine ces deux approches pour la déambulation dans le site de Karnak, entre la lumière crue de l’extérieur et les aspérités de la pierre. Il joue également de la densité de noir dans les cases pour accentuer l’horreur des attaques de babouins.



Comme dans le tome un, Allan Fox apparaît comme un bel homme à la chevelure argentée, athlétique sans être musculeux. Il intervient sans hésitation pour faire cesser les coups de Timothy Pluckett sur le vieil homme et sa jeune nièce, sans grand risque car il est évident qu’il a le dessus physiquement. Il en va différemment lors des deux attaques des babouins qui ont l’avantage du nombre et de la sauvagerie.il peut apparaître un peu impulsif : sa façon de percuter une voiture sur un bac pour avoir de la place, ou même dans sa relation charnelle avec Edith, évidente mais aussi immédiate. Il apparaît un peu dépassé par les aspects culturels ou historiques : pendant les explications du professeur Héphraïm, lors de sa rencontre avec Mortimer. Il se montre à nouveau incapable de protéger efficacement Edith. Le rôle de cette dernière dépasse celui de la victime, de la demoiselle en détresse à sauver par le fort et beau héros. En fait, elle se trouve entre les deux : mordue par un cobra, lapidée par des mineurs, et dans le même temps elle prend régulièrement l’initiative, pour sortir de la pyramide, dans sa relation avec Allan, pour rechercher la Princesse. Ces deux principaux personnages dépassent les conventions basiques des héros, tout en en conservant plusieurs traits. Ils acquièrent un minimum d’épaisseur, sans pour autant devenir pleinement incarnés. Côté ennemis, le lecteur tombe immédiatement sous le charme de la beauté d’Adrianna Pluckett, magnifique dans sa robe noire moulante, légèrement hautaine vis-à-vis de Fox, avec une assurance de dominatrice. À ses côtés, son frère Timothy est inexistant, tout juste bon à servir de ressort comique en se faisant assommer. Le clown blanc est cantonné à un rôle d’observateur à distance, toujours aussi décalé comme Pierrot maléfique. Et le Pénitent remplit parfaitement son rôle d’artifice narratif : intervenant pour aider au sauvetage d’Edith, parlant de manière énigmatique pour délivrer le juste nécessaire d’informations à Allan Fox afin qu’il puisse aller de l’avant.



Les auteurs racontent un nouveau chapitre dans leur série B, mettant à profit les conventions de genre attendues (mystère d’un pays exotique, mythologie de surface, héros valeureux, McGuffin en forme de Livre maudit, course-poursuite, méchant mystérieux, etc.). La narration visuelle apporte une consistance parfaite aux décors exotiques, une prestance réelle aux personnages, une narration variée et divertissante. L’intrigue progresse avec un ratio équilibré entre révélations, nouveaux mystères, dangers et moments de bravoure. Le lecteur est satisfait de s’être embarqué dans cette aventure. Une bonne série B.
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Fox, tome 1 : Le Livre maudit

Et puis sait-on jamais ?

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Ce tome est le premier d’une heptalogie, une série indépendante de toute autre. Sa première édition date de 1991. Il a été réalisé par Jean Dufaux pour le scénario, par Jean-François Charles pour les dessins, et Christian Crickx pour la mise en couleurs. Il comprend quarante-six pages de bandes dessinées. La série a bénéficié d’une réédition intégrale en deux tomes en 2005.



Quelque part dans une exploitation minière, avec des terrils, un hiver enneigé, de nuit, il se produit une grande explosion. Les habitants de la petite ville s’arrêtent tous au beau milieu de leur occupation, y compris ceux dans la rue et ils voient une colonne de fumée noire s’élever au-dessus de l’accès d’un puits. La sirène d’alarme se met à hurler. L’ingénieur responsable se précipite devant la cage pour voir l’équipe qui remonte du fonds. Il s’adresse au chef Porion et lui demande ce qui se passe. Le chef mineur répond que personne ne sait, voilà seulement les équipes qui remontent, et il interroge Casimir. Ce dernier indique qu’ils ont eu chaud, ils ont été drôlement secoués. Il ajoute : C’est pas normal ce qui s’est passé là, c’est pas un coup de grisou, ça ! En bas, ils ont entendu un grand rire, juste avant l’explosion, un rire de dément. Comme si la folie s’était introduite dans la galerie… Au fond de ladite galerie, derrière un éboulement, un homme avec un foulard devant le visage se félicite : il a réussi ! Personne n’a pu l’arrêter, même pas eux, les sorciers et les charlatans, qui le guettent depuis des siècles. Ils vont chercher à le retrouver, mais il sera trop tard. Son corps se recomposera devant ses yeux, et il sera le dépositaire de ses secrets. Il faut qu’il tienne. Mais il y a cette étrange faiblesse qui le reprend. L’homme masqué perd connaissance.



Dans les bureaux de l’entreprise, le mineur continue ses explications : ils travaillaient au fond du puits 24 et ils venaient tout juste de couper une veine quand, tout à coup, il y a eu cette détonation. Les boisages ont commencé à vibrer. Ils n’ont eu que le temps de se jeter dans la cage et de tirer la sonnette. Tout s’est écroulé derrière eux. Pourtant ils avaient pris toutes leurs précautions. L’ingénieur réfléchit à voix haute : il n’y avait pas de dynamitage prévu dans ce coin-là, il ne comprend pas ce qui a pu se produire. Il reste à attendre que les équipes de secours remontent. Au fond de la mine, trois mineurs fouillent les décombres : ils ont la surprise de voir arriver un homme titubant, parlant en anglais et évoquant la similitude avec un portemanteau, deux sens tassés dans un seul monde. L’homme est emmené à l’infirmerie et allongé dans un lit. L’ingénieur vient lui rendre visite. L’infirmière lui commente son état : des contusions, quelques ecchymoses, rien de bien grave au plan physique, du moins. Par ailleurs, il semble profondément choqué. Les soignants lui ont donné un sédatif, mais il continue de s’agiter, et la fièvre ne cesse de monter. L’ingénieur n’y comprend plus rien : que faisait un Anglais au fond de la mine ?



Une bande dessinée d’aventure, utilisant des conventions de genre au premier degré, en tout connaissance de cause. Les auteurs commencent par une situation dramatique qui est le fruit d’une histoire qu’ils vont révéler dans leur récit. Un bel homme fort et discrètement exotique : il est américain. Par le passé, il fut un pilote de chasse dans l’armée, pendant la seconde guerre mondiale, avec un attachement pour la France. Une belle jeune femme mince et séduisante lui tombe dans les bras, après quelques hésitations quand même. Il chevauche une belle moto avec une grosse cylindrée. Un autre personnage mystérieux, le visage masqué par un foulard et un casque, affublé d’un surnom (le Pénitent) à propos duquel on ne sait rien. Des phénomènes surnaturels : un mystérieux (aussi) livre qui brûle lorsqu’une personne s’en empare si elle n’y a pas été autorisée. Une connexion avec les pyramides égyptiennes. Cela fait déjà une bonne dose d’ingrédients typés Aventure, avec un soupçon de fantastique, et du mystère bien sûr. S’il ne connaît que la suite de la carrière de Jean-François Charles, le lecteur peut être surpris par des dessins sur la base de contour avec un trait encré, et pas en couleur directe comme il en fera sa marque de fabrique par la suite. Il se situe lui aussi dans le registre de l’aventure, avec des dessins dans un registre descriptif, plutôt réaliste, avec des expressions de visage très discrètement exagérées.



D’un autre côté, il n’y a aucune raison pour que le lecteur boude son plaisir dans cette aventure premier degré. En fait, le scénariste fait plus que le minimum syndical : il nourrit son récit avec de nombreux éléments qui le rendent spécifique. Certes, Allan Rupert Fox jouit du prestige du héros au physique avantageux, sans peur, et dans le même temps il s’est lassé de la guerre, sa personnalité présente des aspérités, il s’assure du consentement de la dame. Celle-ci, Edith, sait très bien ce qu’elle fait, et elle n’endosse le rôle probable de demoiselle en détresse que dans les toutes dernières pages. L’intrigue démarre dans un lieu inhabituel, une mine, et de nombreuses scènes se déroulent à la campagne. Les personnes sortent des stéréotypes attendus : le commissaire divisionnaire Bolen de B.S.R. (Brigade de Surveillance et de Recherche de la gendarmerie) pose des questions intelligentes et pertinentes, l’ingénieur responsable de la mine est respectueux des mineurs et les écoute, le rôle du mystérieux personnage masqué sort de l’archétype du méchant au rire de dément. À la rigueur, seul Vincent Daudier (1928-1938) reste conforme au modèle simpliste de chercheur maudit, victime de ses recherches. À plusieurs reprises, le lecteur relève un élément original et surprenant : Fox tapant ses mémoires à l’ombre d’un arbre dans le jardin, Romuald, un clochard sous un pont de Paris, ayant lu Miroir historial de Vincent de Beauvais, Paroles de Prévert, La méthode curative des playes et fractures de la teste humaine d’Amboise Paré, L’amour des homonymes de Desnos, la présence d’un mandrill, ou encore l’intervention d’un étrange clown blanc.



Le lecteur (re)découvre les dessins encrés de Jean-François Charles et leur richesse. Lui aussi intègre des éléments originaux donnant plus de saveur au récit. Pour commencer, il ne mégote pas sur les détails descriptifs pour donner à voir au lecteur les personnages et les lieux. Chaque protagoniste dispose d’une tenue vestimentaire particulière : le costume-cravate pour l’ingénieur, les uniformes pour les mineurs, le complet veston avec nœud papillon pour le commissaire divisionnaire, les différentes robes d’été d’Edith, le galurin méchamment cabossé pour le clodo Romuald, la tenue d’aviateur pour le Pénitent, le beau costume de scène pour le clown blanc. Dès la première page, le lecteur apprécie le soin apporté aux décors et aux paysages. L’exploitation minière avec ses hautes cheminées, ses bâtiments en brique, la cage de l’ascenseur et la machinerie, les longues galeries et les tuyaux qui y courent, les éboulis dans les galeries, la mise en couleurs nuancée. La présentation de la petite maison abritant la pension dans laquelle Allan Fox va séjourner : la grille en fer forgé, le jardin bien entretenu avec ses arbres, ses haies, ses bancs, les volets et la toiture, tout cela donne également envie au lecteur d’y passer quelques jours de repos réparateur, au calme. La balade en moto sur les routes de campagne apporte une autre forme de détente, le plaisir de sentir le vent, les ombrages des arbres, la douceur des étendues herbeuses. La séquence à Paris apparaît exotique : le quai de Seine avec les feuilles mortes, l’étonnante vue en hauteur d’une rue de Montmartre, et les cabanes de fortune dans un terrain vague. Un peu plus tard, Allan et Edith passent une nuit dans une auberge en bord de canal : en planche trente-sept, une très belle représentation de cette construction à un étage, avec le cours d’eau en premier plan, un bateau amarré, un pont métallique avec la structure pour le lever afin de laisser passer les bateaux, la ligne d’arbres en arrière-plan, une évocation parfaite de ce type de paysage.



Le lecteur se laisse séduire sûrement et lentement par cette histoire à l’ambiance particulière. Il fait la découverte de l’existence d’un livre maudit qui brûle ceux qui veulent se l’approprier indûment. La mise en scène se révèle insuffisante pour y voir une métaphore sur l’appropriation d’un savoir interdit. Ce livre qui, en quelque sorte, avait inclus Edith & Allan de force dans sa tragique destinée…Le héros a beau se montrer courageux, il semble patauger du début à la fin, sans réussir à accomplir d’exploit, sans parvenir à prévenir les catastrophes. Il relève une phrase à propos du Pénitent : c’est ainsi qu’on appelait les repris de justice chargés d’enflammer le grisou avant l’arrivée des mineurs, un étrange rapprochement qui en dit peut-être long. Il reste coi devant la méthode de suicide choisie par Romuald, à l’aide d’une perceuse. Arrivé à la fin, il sent qu’il est bien accroché par l’intrigue et la narration.



Une aventure à l’ancienne, avec un beau héro américain, une belle pépée, et un mystère surnaturel vaguement horrifique ? Il y a de cela, et en même temps l’investissement de l’artiste dans la description, la palette de couleurs soignée et nuancée, ainsi que des éléments originaux placent ce premier tome au-dessus de la mêlée, en termes de saveurs originales, séduisant ainsi le lecteur qui en redemande.
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