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Occitania

Série de 3 livres (En cours). Écrite par François-Henri Soulié (3),
Série historique

Angélus par Soulié
tome : 1
Magnificat par Soulié
tome : 2
Requiem par Soulié
tome : 3

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Angélus

Remontons le temps et partons en Occitanie, en 1165, entre Carcassonne et Narbonne. Le décor est planté. Nous voici plongés en pleine guerre entre les abbayes installées par l’Eglise qui a su instaurer le système des paroisses pour mieux imposer son pouvoir sur la société. Croix de carrefours, de chemin et chapelles ponctuent le paysage occitan et imbibent de religiosité les esprits, parfois jusqu’au fanatisme. C’est aussi, dans cette région, le temps des divisions profondes entre le catholicisme qui impose son modèle ostentatoire d’édifices et d’imageries et le catharisme naissant qui prône des fondamentaux comme la pauvreté, le partage et l’inutilité des lieux de culte pour nourrir et exprimer sa foi.

C’est donc dans cette atmosphère où anges et démons se côtoient dans l’imaginaire collectif que deux crimes vont être commis parmi les tailleurs de pierre de l’atelier de Jordi de Cabestan. Deux victimes grimées grossièrement en anges que les esprits apeurés attribuent immédiatement au Diable.

Presque simultanément trois enquêtes vont être lancées. La première par Raimon de Termes, un jeune noble missionné par l’Archevêque de Carcassonne et qui prends cette injonction avec enthousiasme. Une allusion directe au prestige que le statut de chevalier acquiert à cette époque par le fait que l’Eglise idéalise en lui le rôle de combattant œuvrant pour instaurer la paix de Dieu. Non loin de là, Aloïs de Malpa, une convertie à ce que les Cathares désignent comme étant la vraie foi, est sollicitée par les siens que l’on accuse injustement de ces crimes, pour les blanchir de ces exactions. Et enfin, Jordi de Cabestan ne peut rester insensible face à ces drames et il décidera, lui aussi, de partir à la recherche du criminel afin de venger ses compagnons de labeur. Nous assistons donc, au gré des chapitres, aux enquêtes de ces trois personnages. Une stratégie qui permet d’enrichir cette intrigue par l’exploration de domaines bien différents mais constitutifs de la société médiévale : la sculpture, la chevalerie, le catharisme et le christianisme romain.

Nous arrivons à un dénouement à la hauteur de l’intrigue, porté par une écriture exigeante et fluide, riche et pointue. La justesse des mots nous entraine dans une lecture immersive grisante et quelque peu troublante. En effet, sous la plume de l’auteur, les mots nous mènent bien loin de la précipitation des enquêtes des héros de notre époque. Ici tout se découvre à pied ou à cheval, en fonction du lever du jour ou de l’invasion de la nuit. Un rythme, une lenteur qui s’impose malgré le va et vient permanent entre les péripéties des trois protagonistes. Entre le premier et le dernier mot il ne s’est écoulé que deux jours qui semblent s’être étirés extraordinairement grâce à un espace-temps historique, chronologique et narratif parfaitement maitrisé. Un voyage dans le temps où celui de la lecture a été pour moi des plus agréables.

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Magnificat

Je n'avais certes pas adoré "Angélus", mais je l'avais beaucoup aimé, assez en tout cas pour me plonger avec autant de plaisir que d'impatience dans "Magnificat" qui lui fait suite.

Avec ce très, très beau roman, que j'ai d'ailleurs préféré à son grand frère, François-Henri Soulié poursuit son exploration du Moyen-Age occitan et c'est un délice.

Si "Magnificat" constitue le second chapitre de la trilogie "Occitania", il n'est pas une suite à proprement parler et peut se lire indépendamment du premier volume, le fil rouge qui les lie tous deux étant les personnages: ainsi on retrouve ici Aloïs de Malpas flanqué de l'enfant qu'elle a autrefois recueilli, Guilhem, en passe de devenir l'un des troubadours les plus brillants du royaume de France. Quant à certains autres, ils sont liés de près ou de loin aux héros de "Angélus": Peire Brun fut par exemple l'apprenti de Jordi de Cabestan. J'apprécie toujours beaucoup cet aspect un peu "Comédie Humaine", ces personnages que l'on retrouve avec une vague mélancolie, en se souvenant qu'on les a connus autrefois sans pour autant que leur destin ne s'inscrivent dans certaine continuité romanesque. J'aime la sensation douce-amère que cela me procure, comme lorsqu'on recroise des amitiés qui n'ont fait que passer dans nos vies.



Pleine du souvenir de "Angélus", je pensais retrouver avec "Magnificat" un polar médiéval aux effluves du si célèbre "Nom de la Rose" et enquêter sur des meurtres sordides comme l'élève appliquée de Guillaume de Baskerville. Or, j'ai été trompée. Bien sûr qu'il sera question de meurtres, de crimes dans ce roman narbonnais mais cela ne constitue pas volet le plus important voire essentiel de l'intrigue et c'est très bien comme ça! Cela évite le côté redite et confère au texte une profondeur et une complexité passionnantes en plus d'une richesse chatoyante.

"Magnificat" revêt donc le temps de quelques chapitres les oripeaux du roman policier mais il se vêt surtout des plus beaux atours du roman historique (médiéval), se pare aussi parfois des ornements de l'épopée voire de la tragédie... Le tout servi dans une langue incroyablement poétique teintée de médiévisme, un style d'orfèvre donc auquel on peut peut-être reprocher un chouïa de préciosité parfois...



Nous sommes en l'an de grâce 1177, soit onze ans après les faits que raconte "Angélus". Narbonne n'est pas encore la station balnéaire bétonnée qu'elle deviendra des siècles plus tard et c'est encore une fière cité gouvernée par la vicomtesse Ermengarde de Narbonne (formidable figure historique féminine: une gouvernante, une guerrière, une battante un peu à l'image d'Aliénor d'Aquitaine dont elle fut une contemporaine dont elle ne connaîtra malheureusement pas la même postérité... Ainsi va l'Histoire...). Cette dernière dont la cour rayonne des chants des troubadours et de la fin'amor est malheureusement en butte à un complot que fomentent certains marchands de la ville, bien aidés en cela par des conjurés de plus haut lignage, désirant faire de la ville comtale une république à l'image de celle de Gênes... Voici là le point de départ de ce très riche roman qui convoque tous les ingrédients prompts à créer un univers aussi sombre que romanesque: complot donc mais aussi brigands de grand chemin, poésie, meurtre, fin 'amor, trahison, vengeance et jalousie...

Parce qu'affaiblie par la maladie, parce que trop peu soutenue par l'Eglise qui la juge par trop bienveillante avec l'hérésie cathare dont elle protège les affidés, Ermengarde fait appel à son neveu, Aymeri de Lara afin qu'il lui succède.

Pendant ce temps, en sa cour, le jeune Guilhem cherche à mettre en scène "Le Jeu d'Adam " qu'il a traduit de la langue d'oïl tout en cherchant à sauver des griffes d'une maquerelle une jeune fille aux tresses d'or qui comprend le langage des oiseaux.

Pendant ce temps, un loup et ses congénères sèment la terreurs dans les bois blancs de neige.

Pendant ce temps, un gamin un peu simple découvre le monde, ses laideurs les plus viles et ses beautés les plus stupéfiantes.

Pendant ce temps un viking comprend que l'amour parfois mène à la haine.

Pendant ce temps, une chambrière s'interroge sur le sens du monde et de sa foi.



Il n'y a pas à dire, le sieur Soulié est passé maître en l'art du récit. C'est avec flamboyance qu'il tisse son récit, entremêlant en virtuose personnages fictifs et personnages historiques, interrogations théologiques, philosophiques et intrigues romanesques... et j'ai adoré "Magnificat" pour son atmosphère, ses personnages complexes et attachants (Donat, Compostelle et Odin sont mes préférés, le premier pour sa ressemblance avec un oiseau, les deux autres pour la complexité dont ils sont pétris. En revanche, je n'ai pas aimé Guilhem qui m'a semblé souvent insupportable), pour son souffle de poésie, sa fin de tragédie qui m'a rendue si mélancolique soudain, si nostalgique des temps d'avant que je connaîtrais jamais et qui sans les romans qui les font me paraîtraient bien trop ténébreux. Pour l'ampleur de son intrigue. Pour son contexte captivant. C'est là une des grandes forces de l'auteur selon moi: Soulié parvient en effet à reconstituer ce moment du Moyen-Âge d'une manière authentique, à l'aide d'une écriture qui, loin des débordements parfois pompeux voire trop érudits qu'on trouve parfois chez certains auteurs de romans historiques, se révèle fluide comme le cours de l'eau. La documentation est digérée et affleure au gré des pages complètement immersives: on sent les odeurs, on distingue les couleurs, on entend le bruissement des rues de Narbonne et celui des pas dans la neige, on devine les schémas de pensées...



J'ai grande hâte à présent de lire "Requiem".













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Requiem

J'ai lu ce 3eme et dernier tome parce qu'il était dans ma pile, mais un peu à contre cœur après les deux premiers.

Et effectivement, je me suis plutôt largement ennuyée et ai lu des chapitres entiers en diagonale.

Je pensais découvrir l'histoire des cathares mais leurs coutumes et vie n'y est pas abordée. Ce livre n'apporte rien
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Magnificat

Magnificat pour la vicomtesse de Narbonne, Ermengarde, en cette année 1177 !



Je suis retournée avec plaisir auprès d’Aloïs, dame de compagnie d’Ermengarde, que j’avais connue dans le 1er tome de cette trilogie « Occitania », ayant emmené avec elle Guilhem devenu un jeune troubadour plein de verve. Celui-ci prépare « Le Jeu d’Adam », les costumes, les masques, la mise en scène et les « rolles » (qui vient du mot « rouleau de parchemin » sur lequel le texte de théâtre est écrit).



La vie est douce en cette cour de Narbonne…quoique, en y réfléchissant bien, non ! Car un complot s’ourdit entre les marchands de Narbonne pour démettre Ermengarde de ses fonctions et prendre possession de la ville afin d’en faire une « république ».

Entre les mercenaires sanguinaires préparant leur attaque, les marchands fourbes, à commencer par leur chef, les jalousies de palais, l’énorme archevêque ne pensant qu’à sa panse quitte à devenir un véritable « veau marin », Ermengarde peut se tenir à carreau. Surtout que la traitrise peut venir d’un personnage auquel on n’aurait jamais pensé ! Mais l’amour est là, qui veille et qui sauve…



Théâtre, retrouvailles familiales, brutalités, revirements : tout est là pour notre plus grand plaisir, d’autant plus que le style de Soulié est somptueux, poétique à ses heures et plein de tournures médiévales succulentes.

Par conséquent, il n’y a donc qu’un mot à dire pour conclure : « Magnificat » !

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Angélus

Me voilà encore cafardeuse, comme toujours quand je referme un roman que j’ai ADORE. Oui, je me sens orpheline de cette histoire se passant en Occitanie, dans la région de Carcassonne. Abbayes, Cathares, Moyen-Age…tout me plait !



L’histoire est passionnante et rebondit continuellement, il s’agit d’un polar, finalement. Des cadavres sont découverts avec des ailes attachées au dos, mis en scène pour figurer des anges morts. Raimon de Termes, dont le parrain est le fameux Raymon de Trencavel est chargé par l’archevêque de traquer l’assassin. De l’abbaye de La Grassa à l’abbaye St Hilaire, en passant par Narbonne, tout nous mène aux Cathares et à la belle et sage Aloïs, mais aussi à l’Eglise catholique cupide et avide de pouvoir. L’imagier/ sculpteur sur pierre Jordi de Cabestan est particulièrement touché par les meurtres, et participera lui aussi à l’enquête qui nous conduira aux confins des bassesses humaines.



L’auteur manie la plume de manière éblouissante, son style imagé et rempli de tournures médiévales est savoureux. La façon de vivre des riches, des moines, des Cathares est mêlée à la description des paysages magnifiques de cette région que j’affectionne particulièrement.



Je ressors enchantée et comme je l’ai dit, le vague à l’âme. Une solution ? Deux, plutôt : lire encore un roman de cet auteur, et donc le tome 2 de la trilogie « Occitania » ; et réserver mes vacances au pays cathare !

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Magnificat

J'ai bien aimé cette histoire originale qui met en avant le monde de l'art au moyen âge (troubadours, théâtre...) dans une intrigue passionnante mêlant violence et passion amoureuse. Ce livre est bien écrit, on n'a pas envie de le quitter avant la fin, ce qui est un gage de qualité. Bonne lecture !
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