La Cité des dames fut composée par Christine de Pisan entre 1404 et 1405. L'ouvrage, qui s'inspire à la fois du Décaméron et du De claribus mulieribus de Boccace, est une défense des femmes contre la littérature misogyne, notamment celle de Jean de Meun dans le Roman de la Rose. Il met en scène l'auteur et trois vertus, Raison, Droiture et Justice, qui lui confient la tâche de construire une cité inexpugnable pour les femmes illustres. [...] Au début du livre VIII, Dame Raison s'adresse en ces termes à Christine de Pisan : "Lève-toi mon enfant ! Sans plus attendre, partons au Champ des Lettres ; c'est en ce pays riche et fertile que sera fondée la Cité des Dames [...]. Prends la pioche de ton intelligence et creuse bien."
Christine de Pisan maniant la "pioche d'Interrogation"
(traduction en flamand de La Cité des Dames)
Maître du Livre de prières de Dresde, Bruges, vers 1475
Peinture sur parchemin,
Londres, The British Library.
(p.152)
Masetto, jeune paysan du village de Lamporecchio, grand, fort, bien fait de sa personne et quelque peu rusé, feint d'être sourd-muet pour se faire plus facilement embaucher comme jardinier dans une abbaye de jeunes religieuses, songeant qu'il y a là une aventure à tenter : ainsi débute sur un ton léger la première nouvelle de la troisième journée du Décaméron. Après avoir montré à l'intendant du monastère ses capacités de bûcheron, le jeune homme est accepté comme jardinier au couvent.
L'enlumineur a figuré au premier plan Masetto, les yeux baissés, l'air faussement sage, arrivant, la hache sur l'épaule, à l'entrée de l'abbaye où l'attend l'intendant qui désigne déjà les pièces de bois à couper. La large porte du monastère, jouxtant la chapelle, laisse voir le jardin de la communauté, entouré de hautes claies où s'accrochent des rosiers grimpants. [...]
La suite de l'histoire est repoussée au second plan où l'artiste à synthétisé deux épisodes qui se passent tour à tour avec deux moniales, puis avec leur abbesse. De l'autre côté de la vaste pelouse, Masetto, ensommeillé ou faisant semblant de dormir, repose aux pieds des rosiers. le vent retroussant ses vêtements dévoile sa nudité. Cette vue aiguise la concupiscence de deux nonnes qui s'apprêtent à réveiller le jeune homme pour l'emmener, non loin de là, dans une cabane et le soumettre à une activité tout autre que celle du jardinage.
Masetto, jardinier des nonnes
Boccace, Décaméron (traduction française de Laurent de Premierfait)
Paris, troisième quart du XVe siècle
Peinture sur parchemin, Bnf, département des Manuscrits.
(p.184)