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LE MIROIR D'UNE ALOUETTE
Grandir entre Beauce et Perche
Marie-José Clarysse-Sebban
Préface de Jean Chaline
Marie naît en 1953, grandit à la ferme dans le Perche, puis au pensionnat privé à Chartres, en Beauce, et accède à la fac. Son monde s'élargit petit à petit à la frontière de celui des oiseaux et de l'imaginaire. Elle se faufile dans les interstices de l'environnement, des relations et de l'origine de l'humain. Sur quelles cohérences se posera-t-elle pour devenir adulte ? Ce premier roman, ancré en Eure-et-Loir, est le parcours initiatique d'une jeune curieuse au temps des trente glorieuses, qui s'aventure dans le passé et l'avenir.
Marie-Josée Clarysse Sebban est agrégée de sciences de la vie et de la terre. Elle a enseigné en Seine-Saint-Denis. Elle est bénévole auprès des migrants et au service pénitentiaire d'Eure-et-Loir.
Jean Chaline est paléontologue, spécialiste de l'évolution des espèces. Il est directeur de recherche émérite au CNRS ainsi que professeur et directeur d'études honoraire à la Sorbonne.
Broché
ISBN : 978-2-343-12846-7 ? septembre 2017 ? 206 pages
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Le nombre de générations qui nous sépare de notre ancêtre commun avec les gorilles et les chimpanzés, et donc du début de la diversification de notre lignée, est d'environ 1 200 000. Simplifions à 1 millions de générations, un chiffre déjà incroyables d'ancêtres éteints et fondus dans la brume du temps. Il faut donc chasser la brume pour faire apparaître les rares fantômes conservés de ceux qui nous ont précédés. Mais nous verrons que plus on remonte dans le temps, plus le brouillard est dense pour retrouver les sources de l’humanité...
De l'Afrique où il est né, l'homme moderne a même acquis la capacité technique d'aller poser le pied sur la lune et sans doute bientôt sur la planète Mars et d'envoyer des sondes jusqu'aux confins du système solaire, mais il se révèle incapable d'assurer une vie décente à tous ses congénères. Il y a là une situation paradoxale qui mérite réflexion.
« Qui n'a jamais entendu parler de la célèbre formule de la loi biogénétique fondamentale : l'ontogenèse récapitule la phylogenèse ? (…) une loi que Haeckel reformulera plus précisément en 1905 : la courte et brève ontogenèse est un résumé condensé de la longue et lente histoire de ses racines (phylogénie). (…) Walter Garstang, en 1922, a développé une contre-argumentation à la loi de récapitulation en la reformulant de façon correcte : l'ontogenèse ne récapitule pas la phylogenèse, elle la crée ! »
« Le nouveau stade de la théorie de l'évolution prend donc en compte le fait que le vivant porte en lui les potentialités de son évolution grâce au jeu de plusieurs mécaniques, celles des mutations et du développement qu'elles conditionnent ; un véritable bricolage biologique contrôlé par la sélection naturelle. Mais ces contraintes internes interfèrent avec les contraintes externes de l'histoire de la Terre et des modifications de l'environnement qui introduisent la contingence dans l'évolution ; c'est le poids de l'histoire qui imprime fortement sa marque à l'évolution. Les qualificatifs hiérarchique, saltatoire, événementiel, contingent et chaotique expriment la nouvelle dimension globale de la théorie de l'évolution et la rapprochent des théories des sciences physiques expliquant la constitution et l'évolution générale de l'univers. »
« Bien que rapprochée de l'évolution en 1902 par Baldwin, l'embryologie est restée extérieure à la génétique qui commande le mouvement de rénovation de la théorie de l'évolution et c'est la raison majeure pour laquelle elle ne sera pas intégrée au stade synthétique. Le seul qui y fasse quelque allusion est Huxley dans 'Evolution, The Modern Synthesis' en 1942. On peut donc dire que le développement, ce que les scientifiques appellent l'ontogenèse, est le grand oubli de ce stade de la théorie, qualifiée à tort de synthétique, et cette absence est sa plus grande faiblesse. Comment une théorie, qui se voulait synthétique a-t-elle pu ignorer le lien entre le programme génétique (génotype) de l'œuf et l'organisme adulte réalisé (phénotype) c'est-à-dire la passerelle entre la génétique et la paléontologie ?. »
« On peut dire que les hétérochronies du développement, qui expriment la dynamique de l'évolution spatio-temporelle des structures, opèrent à la façon de véritables horloges internes contrôlant le développement de chaque caractère. Les mutations dérèglent le fonctionnement des horloges ancestrales en le ralentissant, l'accélérant, le retardant ou l'avançant. (…) Cette nouvelle conception s'oppose complètement à celle du stade synthétique de la théorie où l'on donnait à l'environnement et à la sélection naturelle le rôle primordial. »
« Qu'apporte la paléontologie au débat évolutif ? Une argumentation essentielle, la dimension temporelle de l'évolution, des flashs d'informations sur l'histoire passée de la biosphère... »
« Par chance, le plan d'organisation de Pikaia, l'ancêtre cordé des vertébrés, a échappé à cette décimation ; autrement, nous ne serions pas là pour en discuter. »
« Le hasard intervient à plusieurs niveaux d'organisation, à cinq reprises au moins pendant l'histoire d'un individu ; ce sont les cinq loteries de l'évolution.»