L'historien est dans la position d'un physicien qui ne connaîtrait les faits que par le compte rendu d'un garçon de laboratoire ignorant et peut-être menteur.
L'homme instruit par l'histoire sait que la société peut être transformée par l'opinion, que l'opinion ne se modifiera pas toute seule et qu'un seul individu est impuissant à la changer. Mais il sait que plusieurs hommes, opérant ensemble dans le même sens, peuvent modifier l'opinion. Cette connaissance lui donne le sentiment de son pouvoir, la conscience de son devoir et la règle de son activité, qui est d'aider à la transformation de la société dans le sens qu'il regarde comme le plus avantageux. Elle lui enseigne le procédé le plus efficace, qui est de s'entendre avec d'autres hommes animés des mêmes intentions pour travailler de concert à transformer l'opinion. L'enseignement de l'histoire comme instrument d'éducation politique.
Le titre insolite et probablement ridicule donné à cet ouvrage marque le sentiment qui m'a inspiré. Il signifie que j'ai dit sincèrement comment je comprends le passé, sans réticence, sans aucun égard pour les opinions reçues, sans ménagement pour les convenances officielles, sans respect pour les personnages célèbres et les autorités établies.
La défaite des Gaulois décida définitivement du sort du pays. Tout le territoire de la France fut, pour cinq siècles, soumis à l'autorité unique de Rome. Ce fut la première forme de l'unité, bien différente encore d'une unité nationale, puisqu'elle n'était qu'une partie d'une unité beaucoup plus vaste, s'étendant sur tout le pourtour de la Méditerranée et commune à tous les peuples du monde civilisé excepté l'Inde et la Chine.
D’après le sens propre du mot social, ce devraient être toutes les sciences qui étudient les faits sociaux, c’est-à-dire ceux qui se produisent en société : les habitudes humaines de tout genre (langues, moeurs, alimentation, costume, habitation, cérémonial, divertissements), les phénomènes intellectuels (art, science, religion, philosophie, morale), les institutions politiques ou économiques.
Une tradition, venue du temps où l'histoire était traitée comme une espèce du genre oratoire, avait donné aux historiens l'habitude de rehausser la médiocrité des faits réels par la solennité de la forme. Ce style, approprié, croyait-on, à la dignité de l'histoire, servait à dissimuler, souvent même à déformer la réalité du passé.
À la civilisation matérielle de l'Orient, les Grecs avaient ajouté les créations de la pensée, la science, la philosophie, les lettres et les arts. L'origine en reste marquée par les noms grecs passés par l'intermédiaire du latin dans le français comme dans la langue de tous les autres peuples d'Europe.
Le travail, fait depuis un demi-siècle sur des documents beaucoup plus abondants, avec une critique beaucoup plus prudente et dans un esprit plus scientifique, permet aujourd'hui de présenter au public une idée plus exacte du passé. C'est ce que j'ai tenté de faire, et voici d'après quels principes.
La vision des historiens eux-mêmes a souvent été troublée par leur propre tendance ; la plupart, engagés dans les conflits de leur temps, ont porté leurs passions politiques, religieuses ou nationales dans l'histoire du passé ; ils en ont fait un plaidoyer ou un acte d'accusation.
La méthode historique est la méthode employée pour constituer l’histoire ; elle sert à déterminer scientifiquement les faits historiques, puis à les grouper en un système scientifique.