Dans ce décor règne la palette avec son chatoyant collier de couleurs. Elle est l'objet le plus important.
Examinons-la.
Comme l'atelier, elle tient de David une formule classique. Elle se couvre de couleurs préparées à l'huile. Malgré des recherches et des essais dont je parlerai, le procédé classique de la peinture à l'huile reste en faveur. Mais au cours du siècle, le choix des couleurs a varié suivant les peintres et les écoles.
La palette vraiment classique ne comprend que des couleurs très simples, des terres, des ocres, et rejette toutes les couleurs dues à la chimie moderne, par exemple, les jaunes brillants tels que les chromes et les cadmiums. A peine si on les voit paraître sur la palette de David à la fin de sa carrière.
Sous l'influence de l'impressionnisme, la palette s'est absolument transformée. Elle perd les noirs et les terres — ce que l'impressionnisme appelle les couleurs terreuses — elle se simplifie d'une part et s'enrichit de l'autre. Elle adopte sept ou huit couleurs, les plus éclatantes , les plus proches des couleurs du spectre solaire, celles-là mêmes que les classiques rejettent.
Le caractère ironique de Gérôme, son goût pour les contrastes, déjà si sensible dans ses précédents tableaux s'accuse davantage dans le Duel. L'opposition des costumes joyeux et du blanc triste de la neige, frappe les yeux avant que l'on ait compris le drame que jouent ces gens qui avaient espéré se divertir.
J'aime à peindre sur du très bon papier, pur chiffon, que je fais contre contrecoller soit sur toile, soit sur bois. C'est un très bon support sans apprêt, et la peinture, même légère, paraît solide.
« Il peut y avoir plusieurs manières de peindre qui soient bonnes », m'ont dit Roll, Dinet et beaucoup d'autres.
Dans sa jeunesse, Lawrence avait été un enfant prodige. A cinq ans, il récitait de longs passages de Shakespeare et de Milton, jouait la comédie dans le cabaret de son père, soulevait l'admiration des clients, et voulait se faire comédien ; mais il aperçut un tableau de Rubens et, transporté de ravissement, il se jura d'être peintre. A dix ans, il avait un atelier, il peignait des portraits, il avait même du succès, puisque ses modèles étaient les principaux habitants d'Oxford, des évêques, des comtes, et des comtesses. Pourtant, il continuait de penser au théâtre, et il rêvait d'être à la fois peintre et acteur. Il fallut que son père organisât, en cachette, une petite cabale.
Travailler! telle était sa raison de vivre, son bonheur. Travailler en toute sincérité, dans la passion d'exprimer sans faiblesse sa pensée, sa vision.
Un grand écrivain qui fut aussi un critique d'art très pénétrant, Baudelaire, écrivait, à propos du Salon de 1846, ces paroles plus justifiées aujourd'hui qu'alors :
« Il y avait encore des écoles sous Louis XV, il y en avait une sous l'Empire, — une école, c'est-à-dire une foi, c'est-à-dire l'impossibilité du doute. Il y avait des élèves unis par des principes communs, obéissant à la règle d'un chef puissant.... Peu d'hommes ont le droit de régner, car peu d'hommes ont une grande passion. Et comme aujourd'hui chacun veut régner, personne ne sait se gouverner.... Dans les écoles qui ne sont pas autre chose que la force d'invention organisée, les individus vraiment dignes de ce nom absorbent les. faibles ; et c'est justice, car une large production n'est qu'une pensée à mille bras.
Cette glorification de l'individu a nécessité la division infinie du territoire de l'art. L'individualité, cette petite propriété, a mangé l'originalité collective....C'est le peintre qui a tué la peinture.
Matisse. — Devant son sujet commence, sur un dessin sommaire, par établir la chose vue, dans un dessous très liquide, dans sa vision « terre à terre ». Reprend en exaltant la coloration suivant l'émotion du moment; « je veux exprimer mon émotion », dit l'artiste. Il dit encore : a Je crois copier, mais je ne copie pas littéralement. J'invente une construction de lignes et de couleurs qui donne plus de stabilité architecturale à mon tableau... Je cherche à faire de la géo- métrie expressive, c'est-à-dire une construction qui soit d'aplomb aussi bien dans la forme que dans la couleur. » Prétend créer des rapports sans se sou- mettre à ce qu'il appelle les rapports conventionnels. C'est ainsi que, lui parlant des « valeurs » dans le sens admis, je m'aperçois qu'il ne croit pas à cette nécessité qui est aujourd'hui considérée comme l'assiette d'un tableau.
Il est aisé de trouver une réelle parenté entre les tètes d'enfants des dessins de Raphaël et celles de Léonard de Vinci. Le type est très souvent le même. Mais chez Léonard de Vinci, l'exécution est très différente; elle se complique de mille recherches de modelés; elle devient plus caressante et plus intime, elle acquiert un charme tout à fait ensorcelant. Ses enfants ne sont pas des gamins tout simples et tout naïfs : leur innocence est raffinée. On sent que le maître a fouillé les ombres de leur âme délicate, a voulu nous en découvrir la mystérieuse poésie, sans se préoccuper de traduire la physionomie passagère de ses petits contemporains. Il a formé des créatures uniques où resplendit un art merveilleux et d'une magique pénétration.