goutte à goutte
sous la neige
un filet de voix
murmure à contre-fugue
les rituels du désir
I Le jardin aussi a besoin de rêver
~
et si cette chute de lumière
que l'on appelle neige
était miettes de psaume
semées par un ange
fou d'amour
aux mains éblouies
II Si légère, la profondeur – L'enfant neige
~
il est de ces nuits aux yeux fermés
qui nous apprennent à lire
où j'écris à la lumière lente
d'une fleur
solitaire
éteignoirs
mes doigts d'aube
trempés de rosée
III Sous les paupières de Perséphone
le jardin aussi a besoin de rêver
immobile en sa migration profonde
dans les boues obscures
bercé par sa source invisible
il ourdit les figures
d’une naissance sans nom
il est de ces nuits aux yeux fermées
qui nous apprennent à lire
où j’écris à la lumière lente
d’une fleur
solitaire
éteignoirs
mes d’aube
trempés de rosée
Le peintre suit le pinceau abstrait de la neige
ses leçons de regard
la lente floraison
de l’absence
il efface le jardin
le découvre
les ailes grandes ouvertes du blanc
aux milliers de couleurs
d’un seul trait
apaisent l’angoisse d’un pas
égaré dans le paysage
le poète aussi tremble
avant d’abandonner
son âme végétale
à la chapelle ardente du vide
il revêt l’ombre
de l’arbre nu
se voile
de ses leçons de ténèbres
accueille la perte
chute encore
jusqu’au règne dissonant des racines
là où la lumière
est l’obscur
qui sait voir
pourquoi l’hiver
si lent
tarit de silence et d’absence
il faut pourtant une éternité
à la pierre pour devenir oiseau
pourquoi tous ces tourments
sans réponse
pour participer au miracle
du premier printemps
épouser l’énigme
de l’invisible promesse
regarder mourir la neige
l’écouter murmurer
le nom inédit
de l’oiseau
du nid
de la feuille
Elle se demande parfois s'il y a des êtres qui viennent au monde et dont l'ultime mission est de rêver pour ceux qui en ont perdu le pouvoir ? De nous émerveiller et de nous faire découvrir la beauté du monde ?