Quand la porte se souvient - Hamid TIBOUCHI
Poème, mon amour
tu mûris à l'intérieur
bourgeon de papier
sans cesse tu remues
maintiens les sens en éveil
et les temps les lieux
se télescopent
le passé se dilue
dans le présent continu
(" Riens")
On est assis immobile
le regard fixe
ce n'est pas pour autant que
rien ne se passe
la tête cette calebasse calme en apparence
la tempête la soulève
le coeur ce frêle esquif
les courants le chavirent
(" Riens")
saute
saute-la
saute c’te satanée barrière
saute
saute les étapes
saute les mots
saute les lignes
saute les pages
saute les piles de bouquins
saute les montagnes de bibliothèques
saute les romans fleuves
saute les océans de logorrhées
saute les mille et une nuits de solitude
saute les doutes
saute les hésitations
saute les tergiversations
saute les caps les handicaps
saute-les tous ces freins
saute-les toutes ces entraves
et va amour
va par les chemins de traverse
va calmer sa douleur
(Extrait de “ desOrdres ”, recueil inédit)
Fermée désormais
Fermée désormais
la petite porte
qui s’ouvrait jadis
sur un brin de certitude
Et si les mots n'étaient plus que des taches
et si les lignes devenaient des sentiers
les pages des paysages les chapitres des
géants de pierre de l'île du Silence
et les livres de grands oiseaux sauvages
annonçant la venue du printemps
(p.12)
Des traces de rien
ces traces dans le sable
qui les a remarquées
à peine esquissées et déjà effacées
par le souffle du désert
ces paroles prononcées
qui les as entendues
à peine murmurées et déjà confondues
aux rumeurs du monde
(cité dans "Voix vives de Méditerranée en Méditerranée." Anthologie Sète 2014)
Il arrive que la poésie déserte les mots
Il arrive que la poésie déserte les mots
pour se prélasser naturellement
dans les matières d’un tableau
alors elle se purifie
La mer dans la brume n'est pas un lac
les feuilles mortes dans le vent
ne sont pas ds oiseaux mais rien
ne m'empêche de la croire
(p.19)