Montesquieu visita successivement toutes les autres grandes villes de l'Italie. II paraît qu'à Gênes il ne trouva ni les mêmes empressements, ni les mêmes plaisirs qu'il avait rencontrés partout ailleurs. L'humeur qu'il en conçut s'exhala dans une petite pièce de vers mordante et presque cynique. Florence, au contraire, lui plut infiniment, comme le prouve ce passage d'une de ses lettres : "De mon temps, cette ville était un séjour charmant ; et ce qui fut pour moi un objet agréable, ce fut de voir le premier ministre du grand-duc sûr une petite chaise de bois, en casaquin et en chapeau de paille devant sa porte. Heureux pays, m'écriai-je, où le premier ministre vit dans une si grande simplicité et dans un pareil désoeuvrement."
Un sentiment de bienveillance universelle, précieux attribut de la jeunesse, cet âge du bonheur, de la confiance et de la bonté, accompagna Montesquieu dans ses voyages. Il s’en rend à lui-même le témoignage en ces termes : «Qand j’ai voyagé dans les pays étrangers, je m’y susis attaché comme au mien propre; j’ai pris part à leur fortune, et j’aurois souhaité qu’ils fussent dans un état plus florissant.» Cette disposition d’âme, qui ne pouvoit manquer de se manifester dans ses discours et dans ses manières, contribua beaucoup sans doute à lui concilier l,'affection de tous les hôtes qu’il visitoit.