Les particules grises restent en surface, elles entraînent les lambeaux de mon enfance dans la mer. J'ai pensé celui qui est mort aujourd'hui n'est pas mon père. Je vois l'horizon blanchi, le ciel mat. Je vois une silhouette fragile, brûlée de lumière, j'ai pensé que c'était toi. J'i pensé tu es celui qui revient par la mer.
Tes portraits entre les mains, écrire, faire ressurgir ton enfance, lutter contre l’oubli. Si ces photographies restent un leurre, des fragments immobiles d’ombre et de lumière, il me semble que la douceur de ton sourire m’attendait. Le pétillant de ton regard, maintenant j’en suis dépositaire. Maintenant je m’attache.
Vous marchez d'un même pas en costume d'officiers, avec vos galons, vos ailes brodées au-dessus de vos poches poitrine, vos casquettes, vos gabardines repliées sur le bras gauche. Ton compagnon regarde l'objectif avec aplomb, toi tu es ailleurs, ue phrase en suspens.
Je ne sais pas qui je cherche, l'homme que ma mère a aimé, celui qui n'a pas eu le temps d'être mon père, celui que je voudrais que tu sois. Maintenant je te traque. Dans mes lectures, les films, les séries que nous regardons en famille. Tu t'incarnes dans le corps des autres, je reconnais ta démarche dans celle d'un homme qui marche devant moi...
Je parle de toi et mes filles sursautent de cette présence nouvelle. Je te parle à voix basse, tu es là, marchons ensemble dans l'apaisement inédit de la ville, dans le contre-jour du soir qui approche... Il n'y a pas de fiction possible entre nous, il y a cette place que tu prends, seulement cette place immnse de père.
Cette écritoire, c'est du temps de votre vie commune, le seul objet que je possède. C'est un parfum de peau, de cuir, de tabac blond, d'encens. C'est du temps vivant, c'est bien plus qu'une trace, c'est une preuve, c'est l'air tiède d'Alger, le ciel rouge autour enluminé du couchant, le vent chaud du désert.
Cette photographie ne ressemble à aucune autre - hors du temps, elle me rapproche brusquement de toi, j'imagine que je suis celle qui prend cette photographie, j'attrape cette douceur. Si je t'avais rencontré à ce moment, si tu m'avais donné ce sourire, je t'aurais aimé dans l'instant.
Vous marchez d'un même pas en costume d'officiers, avec vos galons, vos ailes brodées au-dessus de vos poches poitrine, vos casquettes, vos gabardines repliées sur le bras gauche. Ton compagnon regarde l'objectif avec aplomb, toi tu es ailleurs, ue phrase en suspens.
Tu aimes cette absence étourdissante, le bruit plus sourd des moteurs dans le silence de la neige., le brouillard épais qui pet être redoutable. Tu aimes l'ivresse du vol rasant, les virages sur tranche au-dessus des fermes, les tonneaux lents...
Berrouane devance mes questions, soulagé de jeter là ses souvenirs traumatiques, il ne sait pas comme chaque mot me bouleverse.