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3.25/5 (sur 47 notes)

Nationalité : France
Né(e) : 1977
Biographie :

Raphaël Zamochnikoff est né en 1977. Il a grandi au milieu des forêts profondes du Jura. À 17 ans, ennuyé par l’école, il se met à écrire d’épais romans d’aventure qui feront pendant de longues années son apprentissage. Il nourrit son amour du cinéma et des histoires en développant des scénarios et en tournant des courts métrages. Il vit à Nice.
La maison vénéneuse est son premier roman.

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Raphaël Zamochnikoff vous présente son ouvrage "La maison vénéneuse". Parution le 17 août 2023 aux éditions Belfond. Rentrée littéraire automne 2023. Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2879722/raphael-zamochnikoff-la-maison-veneneuse Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube. Visitez le site : http://www.mollat.com/ Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux : Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat Linkedin : https://www.linkedin.com/in/votre-libraire-mollat/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Vimeo : https://vimeo.com/mollat
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Citations et extraits (8) Ajouter une citation
L’odeur de pâte croustillante ne pouvait lui faire plus plaisir.
Il engouffra la crêpe en deux bouchées tandis que Franck
reprenait les paroles de Supertramp comme une vraie
casserole. Cette vitalité avait quelque chose de précieux, elle
conjurait la nuit et la peur, les fantômes et la maladie. L’heure
du goûter approchait, ils avaient pris de l’avance, sales gosses
pillant les réserves, se goinfrant de sucreries, semant le chaos.
Arty suivait Franck dans ses élans parce qu’il voulait que
Franck l’aime et le respecte. Ils pouvaient former une alliance
Parution infernale, même s’il existerait toujours entre eux un schisme.
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— Bon sang, qu'est-ce que j'aimerais savoir écrire comme Stephen King.
— Pourquoi tu dis ça? Tu veux faire dans l’horreur, maintenant ?
— Pas forcément, non. Je crois pas. Mais ses histoires, il sait comment les raconter, tu vois. Je veux dire, il sait quel angle adopter pour qu’on soit happé. On veut toujours tourner la page. T'as jamais lu Le Talisman, Arty, j'me trompe ?
— Non, ça parle de quoi ?
— C'est l’histoire d’un gamin qui découvre l'existence d’un élixir qui lui permet de passer dans un univers parallèle. Et dans cet autre monde, il y a une princesse qu’il doit sauver, l’alter ego de sa mère en train de mourir d’un cancer.
— Et il y arrive ?
— Tu crois pas que je vais te raconter, t’as qu’à le lire !
J'adore ce bouquin, un des meilleurs que j'aie jamais lu. Je te le prêterai. p. 310
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C'est l'été précédant son entrée au collège qu’Arty vécut le premier choc. On aurait dit qu’un vent soufflait sur un tapis de feu. L’étouffant, tout en l’avivant par endroits,. Un tourbillon qui bousculait ce qu'il savait, ou ce qu'il croyait savoir.
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Les premières pages du livre
PREMIÈRE PARTIE
1986-1987 La maison sait tout

Vivante
C’est l’été précédant son entrée au collège qu’Arty vécut le premier choc. On aurait dit qu’un vent soufflait sur un tapis de feu, l’étouffant tout en l’avivant par endroits. Un tourbillon qui bousculait ce qu’il savait, ou ce qu’il croyait savoir.
Réveillé à l’aube, il avait fait bien attention d’être discret en sortant de sa chambre. Des années de pratique : tourner la poignée métallique en la tirant au maximum vers lui, pour empêcher le claquement du pêne et tout grincement du mécanisme. Il tentait de contenir sa terreur. Il la tenait serrée en lui, et si la serrure avait claqué, il aurait poussé un cri. Il s’était faufilé dans le couloir en chaussettes, glissant comme un chat sur le carrelage jusqu’à l’escalier du garage. Là, il avait répété sa technique de Sioux sur la porte au bois usé.
Il n’avait réveillé personne lorsqu’il atteignit le placard du sous-sol renfermant les chaussures de sport. Encombré d’outils de jardin, l’endroit baignait dans une pénombre épaisse et pourtant ce n’était qu’un garage ordinaire lorsqu’on allumait le plafonnier. Un renfoncement accueillait des ténèbres si parfaites qu’elles paraissaient solides. Le mur du fond aurait tout aussi bien pu ouvrir un passage vers un ailleurs, un espace de pure horreur, bien sûr. Tandis qu’il s’emparait de son vélo, Arty s’efforçait de ne pas y penser. Même en accélérant chaque geste pour gagner la sortie et mettre la menace derrière lui, il sentait le serpent glacé d’un frisson lui remonter l’échine. Ce n’est qu’en ouvrant la porte qu’il terrassa le monstre, dans l’afflux brutal du jour.
Il dégagea l’une après l’autre les poignées de son vélo tout-terrain et repoussa la porte du pied. La force qu’il fuyait était enfermée derrière lui. Il fixa le seuil comme s’il s’attendait à la voir déborder. Alors qu’il enfourchait son vélo, Arty porta tout son poids sur la pédale et fut aspiré dans l’air d’été par le goudron vrombissant de la cour. Il se retourna vers la maison qui s’éloignait, perdue au coin de son œil, la maison invraisemblable qui restait là, qui l’attendait.
Qu’est-ce qui avait changé ? Rien, à part… Arty. Depuis ce matin, il pouvait rattacher sa peur à quelque chose de concret. Qui trouvait sa source dans la maison. Dans sa maison.
Celle qui l’avait vu naître et grandir.
Alors il pédalait, la chair frissonnante, l’air sifflant contre son visage. Il voulait hurler mais respirait mal, les mains crispées sur les poignées de plastique, le corps tendu à se rompre sur le frêle esquif ballotté par le vent, destination le grand inconnu.
Une sensation de liberté le saisit dans la distance qui augmentait avec l’objet de son effroi. Cette idée flottait sur la route qui défilait à toute vitesse sous les roues folles. La raison d’Arty lui décochait des flèches : était-il vraiment en train de fuguer le ventre vide ? Pourrait-il couper le cordon vital qui le reliait à cette maison, maison construite par son père, son foyer censé le rassurer et le protéger ?
Que pouvait-il y avoir là-bas de mauvais ?
Il appuya fort sur ses jambes dans la côte à la sortie du village. Il ne relâcha son effort que lorsque le vélo glissa en roue libre sur une légère descente en aplomb du dernier lotissement. Il filait à travers les champs labourés entre les coteaux rebondis, recouverts de vigne. Malgré sa gorge douloureuse, il ne faiblit pas avant que le village ne se retrouve loin en contrebas. Il jeta le vélo dans un buisson d’avoine à chapelets, sa cachette préférée, avant de bondir sur la falaise dont il connaissait le moindre relief. Une fois le promontoire gagné, il s’assit en laissant ses jambes pendre dans le vide. À ses pieds s’étalait la forêt épaisse, d’un vert sombre. Le soleil faisait une sortie à travers les nuages de traîne. Le garçon plissa les yeux, le regard rivé sur les bicoques alignées au milieu du paysage, les mêmes que celles qui entourent les trains électriques dans les magasins de jouets.
Il reprit son souffle mais le tourbillon dans sa tête n’avait fait que s’accélérer depuis son échappée. Il ignorait comment maîtriser ses émotions, elles débordaient de tous les côtés.
Tandis que le film des événements ne cessait de repasser dans son esprit, une pensée revint s’imposer lentement : La maison est vivante.

Vivante.

Bien que ce mot semblât le seul apte à décrire la situation, Arthur avait du mal à comprendre ce qu’il impliquait. Il avait entendu parler de maisons hantées, de fantômes, dans les contes mais aussi dans les livres rangés dans la bibliothèque de Franck, en couverture de revues de cinéma. Les images émanaient de films interdits aux moins de treize ans que ses parents l’empêchaient de regarder. Lui qui n’en avait que onze en ressentait une palpitation excitante et dangereuse. Il avait ouvert en cachette un de ces magazines pour y découvrir des scènes choquantes, des créatures difformes et sanguinolentes. Il en gardait un souvenir vif, comme une brûlure qui se propage bien après le contact du feu.
Cette fois, on aurait dit que le monstre avait jailli pour se ruer à sa poursuite. En vrai.
Quand Arty commença à recouvrer son calme, il se força à examiner les faits. Qu’avait-il vu au juste dans la pénombre ? N’avait-il pas fait un cauchemar ? À la lumière du jour se dissipait l’effluve, l’essence du rêve qui ne survit ni au raisonnement ni au souvenir. Arty avait d’abord senti une pression sur sa trachée, un poids dans sa poitrine. En essayant de remuer, il s’était vu privé du contrôle sur son corps, et saisi par une chose indéfinissable et toute-puissante qui tombait sur lui, des mains tendues pour le tenir, le capturer… avant qu’il ne s’éveille et ne prenne conscience de la présence qui glissait le long du mur pour enserrer sa gorge.
Un nimbe pâle entourait les volets fermés, le matin approchait. La respiration d’Arty s’était bloquée d’un coup, répercutant dans son rêve une sensation de noyade. L’eau noire l’engloutissait et il luttait pour se maintenir à la surface. Il toussa et fut brutalement propulsé dans la réalité. Une douleur explosa dans sa tête. Il garda les yeux fermés, tentant de contenir le mal qui prenait toute la place. Son cœur tambourinait dans ses côtes, à ses tempes, égrainant les secondes de son agonie. Il chercha à bouger sa main droite, paralysée. Une pression sur son poignet, irrésistible, lui envoya cette information que quelqu’un était là.
Quelqu’un le tenait.
Du plus grand effort qu’il pût fournir, il n’arriva pas à arracher un geste à ce bras. Malgré la souffrance, il ouvrit les yeux et contempla le mur par-dessus le bois du lit, immense espace inversé dont l’horizon menait au plafond obscur. Il ne vit rien, mais sentit que le mal provenait de là, qu’il ruisselait contre le mur jusqu’à lui pour l’étreindre. La menace n’était guère plus qu’une ombre portée sur le papier peint, se prolongeant contre sa tête et sur son cou, glissant sur sa poitrine sous son T-shirt, au contact de sa peau. Arty songea que ce devait être la mort elle-même qui se jetait sur lui mais, si son corps rendait les armes, sa volonté s’opposait de toute sa force, bien qu’elle ne fût à cet instant que l’écho d’un hurlement au fond d’un puits, le râle gluant d’un souffle perdu.
Arty ignorait où il trouvait les ressources pour tenir bon. Il se mit à se tordre très lentement, à s’enrouler sur lui-même avec méthode, cherchant à se dégager de l’emprise en se ramassant en position de fœtus. Il ramena ses bras contre son torse, récupéra ses jambes sous les draps. Ses gestes obéissaient à une mesure de protection d’urgence. Cela faisait une éternité qu’il ne respirait plus, comme s’il avait franchi le seuil où les fonctions vitales sont abolies, où seul résiste l’esprit. Et puis l’obstacle dans sa gorge céda et il toussa, toussa à s’en arracher les poumons. Tandis qu’il aspirait une bouffée d’air, la première, salvatrice, la douleur irradia et parcourut tout son corps pour se concentrer en une vague de feu le long de sa trachée.
L’hôte avait disparu : la lumière du jour semblait avoir lavé le mur et ses motifs de fleurs d’automne. Arty émergea péniblement. Son corps lui faisait mal, il grelottait – fièvre ou terreur ?

Assis sur les pierres chaudes de la falaise, il regardait sa main frémir. Sa migraine ne mollissait pas. Il avait réagi de l’unique manière possible, même si ça signifiait se retrouver en détresse, seul et mal en point : ainsi fonctionnait Arthur, le garçon qui ne saurait jamais appeler au secours, préférant garder sa souffrance pour lui comme si personne au monde ne savait la comprendre.
Il pouvait à peine mettre des mots sur ce qui s’était passé, sur ce qu’il avait vu (une ombre ?), sur l’agression. Dans le meilleur des cas, on chercherait à le rassurer, à le convaincre qu’il ne s’agissait que d’un mauvais rêve influencé par la maladie. Version satisfaisante pour tout le monde. Quoi qu’il dise, il resterait seul avec son démon car sa famille ne pourrait croire en son existence. Eux ne l’avaient pas ressenti, ils n’en avaient pas fait l’expérience. Ça n’existait pas.
Peut-être y avait-il bien une dimension où régnaient ces forces-là, un pan de la réalité dissimulé que nos sens ne pouvaient appréhender en dehors de certains moments de crise. Arthur pensa à l’un de ses plus vieux souvenirs. À quatre ans, il n’avait jamais eu l’occasion d’imaginer la mer avant de la voir surgir sous ses yeux : une étendue infinie et remuante, un être vivant qu’il n’aurait jamais soupçonné. Tenu par les mains de son père, il avait avancé sur la plage en direction de l’eau, d’abord d’un pas volontaire, avant qu’une peur indicible ne s’empare de lui. Brusquement, il avait refusé d’aller plus loin, pressentant l’imminence d’un danger. Il s’était laissé tomber dans le sable, avait pleuré comme s’il était le témoin d’une disparition radicale du monde, d’une désolation, un naufragé sans espoir de retour. Toute sa famille l’avait rejoint et entouré, et
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Mais dans le tube, il y avait quelqu'un d'autre.
La tension qui culminait encore un instant auparavant se vaporisa dans un frisson. Les doigts du garçon caressaient le grain de ce papier glacé d'un autre âge, sans reconnaître les personnes habitant les curieuses photographies. Son cerveau, d'ordinaire si fertile à tricoter des théories, avait abdiqué. Sa tête restait vide devant cette trouvaille, il n’arrivait pas à la rattacher au réel.
Sur l’une des photos, sa mère très jeune tenait un enfant dans ses bras. Un bébé, qui venait d’un gros ventre illustré sur un autre cliché. L'enfant marchait et souriait. Cheveux blonds, dorés, les mêmes que Catherine. Bouclés. Un bonheur espiègle en robe de poupée. Poupée. Fille, Rose. Fille.
Un mot s’accrocha sur le tableau noir de sa conscience.
SŒUR.
Comme saisi d’une répulsion, il laissa les photos retomber devant lui. La vérité brûlait. Le mensonge aussi. Il attrapa une enveloppe, déformée par son séjour dans le cylindre. Elle contenait une petite carte blanche surmontée d’un nœud de tissu rose. Nous avons le bonheur d'accueillir...
Rose. Poupée, Liza.
Diminutif d'Elizabeth.
Elizabeth Kena,
Plus il lisait les mots, plus ceux-ci perdaient de leur sens. Il les prononça plusieurs fois, à haute voix, La date, surtout: 12 mars 1966. Ces chiffres abolissaient le temps. Il sursauta, avec l'impression d’avoir été hypnotisé, d’avoir passé l'après-midi assis par terre, les photos et le faire-part sous les yeux. Quelle heure était-il ? La fatigue pesait sur ses épaules. Il n’arrivait pas à recoller les morceaux. S'il y avait un autre enfant, si Arthur avait une sœur, où était-elle et pourquoi avoir caché son existence? p. 146
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Ils commencèrent les travaux fin juin, père et fils collaborant chaque week-end à la réalisation de ce rêve d’enfant. Catherine se félicitait de les voir aussi proches et heureux, car Arty ne se reposait pas sur les compétences de Paul mais participait activement, réclamant sans cesse clous à planter, planches à scier ou à raboter, demandant comment allaient s’emboîter telles pièces, quand viendrait le temps de peindre tel élément. Sa soif d'apprendre ne tarissait pas. Et à mesure que l’ouvrage se déployait, que mille petites taches restaient à accomplir, Franck vint mettre la main à la pâte. Catherine leur apportait de la citronnade, contemplant ses hommes en sueur occupés à bâtir le monde merveilleux d’Arty. Cela faisait longtemps qu’elle ne les avait pas vus si épanouis, si complices. La famille rayonnait. p. 73
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Claudie réapparut avec un dossier cartonné qu’elle déposa sans un mot sur la table. Le poids seul de l’objet suffisait à faire autorité. Elle ouvrit une pochette, fit une rapide recherche, puis tira plusieurs feuillets qu’elle plaça à côté des dessins d’Arty. Ce qu’il avait sous les yeux semblait impossible, et pourtant...
Les dessins de Jude ressemblaient beaucoup aux siens. Une silhouette dans le noir, parfois à peine un contour, un visage déformé, contrarié, mais sans aucune marque d’hostilité. Collée aux murs, blottie loin de la lumière, la présence semblait aspirer le regard et même modifier l’environnement (Jude avait tracé un halo autour d’elle). Les perspectives torturées trahissaient cette tension. Il ne pouvait y avoir de hasard : Arty et Jude avaient vécu des expériences similaires. p. 188
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Elle m'a raconté un truc étrange, à La Baroquerie. Dans le fond de la boutique, il y a un coin où elle nettoie les objets tu dois le savoir, Arty? Quand je suis passé l’autre jour, elle travaillait sur un bracelet qui lui donnait du fil à retordre. Notre mère, expliqua-t-il à Anna, arrive à sentir si les objets, les bijoux par exemple, ont une bonne influence ou non, et si ce n’est pas le cas, elle pratique des rituels pour les purifier. Elle dit qu'il faut parfois libérer la mémoire des choses, car certaines matières captent des énergies et peuvent les rendre, mais ce n'est pas sain. p. 130-131
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