Lydie Salvayre vous présente son ouvrage "
Irréfutable essai de successologie" aux éditions du Seuil. Entretien avec Hélène Perlant.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2681284/lydie-salvayre-
irrefutable-essai-de-successologie
Note de musique : © mollat
Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
Visitez le site : http://www.mollat.com/
Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux :
Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/
Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts
Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat
Linkedin : https://www.linkedin.com/in/votre-libraire-mollat/
Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat
Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/
Vimeo : https://vimeo.com/mollat
+ Lire la suite
On peut donc tuer des hommes comme on le fait des rats ? Sans en éprouver le moindre remords ? Et s'en flatter ?
Mais dans quel égarement, dans quel délire faut-il avoir sombré pour qu'une "juste cause" autorise de telles horreurs ?
Rien de plus têtu, rien de plus tenace que l'espoir, surtout s'il est infondé. L'espoir est un chiendent.
le silence est l'âme d'une conversation, sa sœur, son ciel, son au-delà, sa promenade, son souffle, son mystère, l'enthousiasme me rend élégiaque, son soupir, sa défaite autant que sa victoire.
Je dis, Monsieur, que le Quichotte perçoit parfaitement la réalité, mais qu'il la perçoit depuis ce que victor Hugo appelle le promontoire du songe. Et depuis ce promontoire qui le porte aux confins du visible, la réalité qu'il découvre acquiert soudain une autre dimension. Elle se transme, s'élargit, se déploie, s'exorbite et prend parfois des aspects fantastiques.
(pages 11-12)
... Shopenhauer déclara en son temps que la vérole et le nationalisme étaient les deux maux de son siècle, et que si l'on avait depuis longtemps guéri du premier, le deuxième restait incurable.
Rien de plus têtu, rien de plus tenace que l'espoir, surtout s'il est infondé. L'espoir est un chiendent.
"Pas pleurer "
La pensée lui vint qu'elle aurait beau, à l'avenir, se maquiller, se vêtir de robes coûteuses, se parer de bijoux précieux, apprendre les gestes de l'autorité en renvoyant les bonnes d'un revers de la main comme on chasse les mouches, elle garderait toute sa vie cet air modeste qui était un air intérieur, un air immaîtrisable, un air indélébile, un air qui autorisait tous les abus et toutes les humiliations, un air hérité d'une longue lignée de paysans pauvres, et son empreinte inscrite sur sa gueule et dans sa chair, une empreinte laissée par les acceptations sans gloire, les renoncements sans prestige, les révoltes sans cris, et cette conviction qu'on n'est sur terre que très peu de chose.
L'épiscopat espagnol n'a cessé au long des siècles de trahir, de dévoyer et de défigurer le message christique en se détournant des pauvres au profit d'une poignée de "canailles dorées". L'Eglise espagnole est devenue l'Eglise des nantis, l'Eglise des puissants, l'Eglise des titrés. Et ce dévoiement et cette trahison ont atteint un sommet en 1936 lorsque les prêtres espagnols, de mèches avec les meurtriers franquistes, ont tendu leur crucifix aux pauvres mal-pensants pour qu'ils le baisent une dernière fois avant d'être expédiés ad patres. Pour l'exemple.
Depuis que ma mère souffre de troubles mnésiques, elle éprouve un réel plaisir à prononcer les mots grossiers qu’elle s’est abstenue de formuler pendant plus de soixante-dix ans, manifestation fréquente chez ce type de patients, a expliqué son médecin, notamment chez des personnes qui reçurent dans leur jeunesse une éducation des plus strictes et pour lesquelles la maladie a permis d’ouvrir les portes blindées de la censure. P 82
Josep et Joan
Ils ont tous deux dix-huit ans.
(...) Tous deux ont travaillé dans un monde lent, lent, lent comme la pas des mules, un monde où l'on cueille les olives à la main, où l'on pousse l'araire à la force des bras, et où l'on va remplir la cruche à la fontaine.
(...) Et brusquement, à Lerima, tous deux découvrent des thèses qui s'opposent furieusement à cette vision immuable qu'ils pensaient être la seule concevable. Ils apprennent que les choses peuvent se chambouler, se défaire, se foutre en l'air. Que l'on peut refuser, sans que le monde croule, les discours coutumiers. Que l'on peut dire non aux cuistres, aux arrogants, aux tyranniques, aux serviles, aux pleutres. Et tout balayer, putain, tout balayer, balayer toute cette misère qu'ils exècrent.
Et leur vitalité naturelle est attirée par cette vague houleuse qui fiche tout par terre et fait reverdir leurs désirs
Ils se laissent emporter par la crue. p 53-54