Grandir dans une atmosphère d'admiration constante et d'éloge crée, tant chez l'homme que chez la femme, une tendance inévitable au narcissisme, à l'auto-adoration, dont l'importance dans l'orientation définitive de la libido est incalculable. S'adorer soi-même est, en principe, adorer son propre sexe. C'est pourquoi il existe en tout narcissisme une forme latente d'homosexualité ou du moins une diminution dans la distinction spécifique aigüe, qui doit présider au choix de l'être aimé. Donc une tendance au choix générique, indéterminé, plutôt qu'individuel. En ceci réside [...] l'essence de l'instinct donjuanesque.
L'Espagnol se porte avec passion vers les extrêmes, vers le bien ou vers le mal, ce qui explique à la fois la merveilleuse élévation de nos mystiques et le honteux dévergondage des illuminés.
Toute réaction humaine, toute protestation est d'autant plus violente qu'elle s'élève contre une règle plus forte et plus sévère.
Or, pour l'instinct, il n'existe pas de meilleur tonique que la tentative de l'étouffer. Voici la raison du sens aphrodisiaque qu'ont au fond les prohibitions et les limitations en amour et de l'action calmante que possède la liberté. C'est un sujet que les moralistes n'épuiseront jamais.