Lutter contre le harcèlement sexuel au travail : retour sur les actions de lAVFT.
Dans la continuité de lengagement de la Fondation Jean-Jaurès pour la lutte pour légalité entre les femmes et les hommes et la défense des droits des femmes, un groupe de travail sur les violences sexuelles et sexistes au travail, réunissant représentant.es institutionnelles, politiques, et de la société civile, a été lancé. Dans ce cadre, Marilyn Baldeck, déléguée générale de lAssociation européenne contre les violences faites aux femmes au travail (AVFT) présente les actions de son association : au-delà de laccompagnement et de la protection juridique des victimes, lun des objectifs poursuivis par cette association consiste à faire évoluer le droit dans l'intérêt général, en élargissant la définition juridique du « harcèlement sexuel » pour protéger davantage encore les victimes.
Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail : http://www.avft.org/
Reconnue dutilité publique dès sa création en 1992, la Fondation Jean-Jaurès est la première des fondations politiques françaises.
Lieu de réflexion, de dialogue et danticipation, elle agit depuis vingt-cinq ans pour construire un monde plus démocratique, comprendre lhistoire du mouvement social et ouvrier et inventer les idées de demain.
Retrouvez la Fondation Jean-Jaurès sur :
- https://jean-jaures.org
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Le combat sur le terrain de l'argent est un combat féministe majeur. Les hommes détiennent plus de 90 % des richesses mondiales. Les femmes victimes sont profondément et durablement atteintes, sur tous les plans, socialement, psychologiquement, économiquement. Une réparation de ce préjudice est un rééquilibrage juste.
Lorsque la gauche est au pouvoir, certaines associations abandonnent le rapport de force.
Dernière confusion à éviter : si l’AVFT est non-partisane politiquement, elle n’est bien sûr pas apolitique. Parce qu’elle est féministe.
L’AVFT a déjà été accusée de tout et son contraire, en fonction des intérêts de l’accusation : tantôt réac de droite (revendications de l’association en matière de loi pénale obligent), tantôt gaucho-bolchevique (mise en cause des dispositions des ordonnances réformant le Code du travail restreignant les droits des victimes de harcèlement sexuel).
Marilyn Baldeck a par le passé déjà été personnellement attaquée sur une prétendue appartenance politique personnelle pour tenter de fragiliser l’action de l’association dans une procédure contre un homme politique. Il était sénateur, maire, membre du Parti Socialiste et agresseur sexuel, condamné définitivement par la Cour d’appel de Paris à l’encontre d’une agente municipale.
C’est une technique de défense régulièrement utilisée par les agresseurs, visant à jeter le discrédit sur l’association et partant, sur les victimes.
A la même époque, l’AVFT soutenait la victime d’un maire communiste du nord de la France, condamné lui aussi. Actuellement, l’AVFT est partie civile dans plusieurs procédures mettant en cause des hommes politiques classés à droite et soutient des femmes qui ont porté plainte contre des hommes politiques « de gauche ».
Ils n’ont jamais réussi à démontrer la moindre proximité de l’AVFT avec un parti ou une mouvance politique. Et pour cause. Il n’y en a jamais eu, en 33 ans d’existence. Tout au plus nous ont-ils fait perdre du temps en brassant de l’air.
Notre association est à l’origine de la première loi sur le harcèlement sexuel, entrée en vigueur en 1994, de la suppression du délit de dénonciation calomnieuse qui rendait dangereux le fait de dénoncer des agressions, ou encore de la suppression de la présomption du consentement des époux à l’acte sexuel.
Il les embrassait dans le cou, leur crachait dans la main, et y mettait son doigt en faisant des allers-retours obscènes. Lorsque Salima a tenté de le dénoncer à son employeur, elle a été convoquée pour un entretien préalable au licenciement...
L’indépendance de l’AVFT par rapport aux partis politiques est une question de principe, qui se double d’une réalité : aucun parti politique, pas plus aujourd’hui qu’hier, quel qu’en soit le bord, ne peut sortir indemne d’un examen critique féministe. Il achopperait soit sur l’absence totale ou quasi-totale de programme spécifique en matière de droits des femmes, soit sur le grand écart entre les actes et les paroles du parti et les engagements de ses représentant.es, ou encore sur ses prises de position, rédhibitoires du point de vue des valeurs et intérêts que nous défendons.
Que certains positionnements de l’AVFT, et singulièrement les analyses critiques que nous avons portées depuis plusieurs années sur l’impact des réformes du droit du travail sur les droits des victimes de harcèlement sexuel, se superposent avec des revendications ou certaines revendications « de gauche » ou syndicales, est une évidence.
Mais ils ne font toujours pas de l’AVFT et de ses représentantes des personnes et structures « engagées à gauche ». Notre seul parti est celui des femmes.
L’association a toujours fourni un travail de recherche et des propositions législatives fondés sur des constats et analyses ancrés dans le réel – d’aucuns diraient « pragmatiques » – dont certains ont abouti à des modifications législatives déterminantes pour les droits des femmes, qui concernent d’ailleurs toutes les femmes, et pas uniquement les victimes de violences sexuelles au travail.
En sociologie du travail, une professeure nous avait demandé de réfléchir à une étude de cas. Il s’agissait d’un homme qui ne cessait de dire, dans le cadre son travail : « J’adore les femmes ». Elle nous avait permis de comprendre par nous-mêmes à quel point cette phrase pouvait être misogyne.