AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de SZRAMOWO


Ils disparurent et Madame Henry poursuivit seule son chemin. Elle se rappela ce vers d’une poésie apprise à l’école :

Les chemins que le soir emplit de voix lointaines…
et elle entendit ces voix qu’autrefois elle avait souvent cherché à entendre : les unes, tout près, plus douces que des fontaines ; les autres là-bas, au bout du chemin qui semblait plonger de l’autre côté de la terre, dans l’air blanc où montait une étoile.

Elle traversa le bourg sans s’arrêter : d’autres femmes, sur le seuil des maisons où elles habitaient seules comme des vierges, élevaient, au-dessus de leurs robes à longs plis et de leur taille haute, leur enfant premier-né. Elle arriva ainsi à la dernière maison du village, qui était abandonnée ; et elle aperçut debout, derrière la fenêtre, regardant sur le chemin, une jeune fille. Il y avait, dans l’air et sur la vitre, cette impalpable fumée bleue qui flotte après la pluie, le soir, entre toutes choses. On ne voyait que le visage de la jeune fille et ses mains, appuyés à la vitre. Le reste de son corps disparaissait dans l’ombre et le reflet vert de sa chambre, comme dans un beau vêtement. Et les hommes qui arrivaient à l’entrée de ce village, fatigués de leur vie comme d’une longue journée de peine, se disaient :

« Voici le beau domaine que j’ai vu en rêve une fois… Ah ! et voici à la fenêtre celle que j’ai tant cherchée sur la terre ! »

Ils ne savaient pas que cette jeune fille s’appelait Marie, ni qu’elle était nue parce que son amant avait déchiré ses habits.
(Miracle de trois dames du village)
Commenter  J’apprécie          70





Ont apprécié cette citation (6)voir plus




{* *}