Anaïs M.

Sophia, c’est le genre de fille un peu solitaire, qui n’a jamais eu de vraie histoire d’amour. Là elle te rencontre à mon anniversaire et deux jours après elle se fait prendre en otage par l’autre folle. Elle est à peine réveillée que tu la fait emménager chez toi. Mec pour elle, il n’y a pas eu plus d’un mois entre, mais juste un jour. Alors imagine un peu qu’une meuf arrive et dise : “Allez chéri, ça fait quarante-huit heures qu’on est ensemble, marions-nous” !— Je m’en fous de tes hypothèses ! Pourquoi elle se met à douter, comme ça sans raison ?

On fait tous des erreurs donc tu arrêtes de faire ta sainte nitouche avec moi et tu te détends cinq minutes ! T’as déjà foutu toutes mes affaires dehors donc je pense qu’on peut commencer à avancer maintenant ! Tu ne veux pas dormir dans le lit où j’ai niqué une autre fille ? Pas de souci, on va en acheter un autre ! Mais tu te calmes et tu viens là !

Une femme assez grande, toute fine mais avec des formes là où il faut le drague ouvertement. Lui se balance d’un pied sur l’autre. Je m’approche discrètement pour entendre leur conversation et il ne me faut pas beaucoup de temps avant de comprendre de qui il s’agit.

Je me retrouve donc à vivre dans une maison où l’homme que j’aime a couché avec une autre, ce qui me bouffe littéralement la vie. Je dors sur son canapé et n’ai pas mis les pieds dans la chambre, en m’étant assurée qu’il n’avait pas touché cette fille ailleurs que dans le lit.

Déjà que je ne supporte pas les gens qui parlent avec de la bouffe plein la bouche, alors si en plus elle ne me donne aucun autre détail, je vais retourner ce putain d’appartement avant que dix heures ne sonnent !

Ma jalousie prend le dessus et je commence à me méfier de ma meilleure amie qui pourtant a déjà un homme dans sa vie. D’ailleurs en parlant de lui, depuis que je ne suis revenue je n’ai pas croisé Alan. Je sens la pression monter en moi, je pousse la porte violemment pour la claquer afin de signifier par ce geste théâtrale ma colère, mais René la bloque avec son pied. Il grimace de douleur, la repousse et rentre dans la pièce, bien trop petite pour nous deux.

Cette fille est ma bouée de sauvetage dans une tempête. Je sais que je ne suis pas forcément prêt à m’engager pour de bon avec elle, mais aujourd’hui je ne peux plus vivre sans elle. Ce qui est assez con quand on y réfléchit, car ça ne fait pas dix ans que nous sommes ensemble.

Devoir laisser sa mère dans les mains d’un tel monstre ne doit pas être facile pour René, car même moi qui ne la connais que depuis quelques heures, j’ai envie de la secouer pour qu’elle réalise qu’elle ne doit pas rester. Je ne dis rien, laissant René décider s’il doit emmener sa mère de force ou la laisser ici.

S’il y a bien une chose dont j’ai horreur c’est de devoir manger devant quelqu’un, encore plus quand il s’agit de mon copain. Malheureusement pour moi, René semble bien décidé à me faire avaler sa tartine, mais il semble remarquer mon malaise et s’en fait une pour lui aussi.

J’essaie à travers ce baiser de lui montrer combien elle compte pour moi. Je m’en fous pas mal de ses manies et elle fera avec les miennes. Ma grand-mère ne connaissait pas mon grand-père avant son mariage et pourtant ils ont toujours bien vécu tous les deux. Alors que là, on a déjà un plus par rapport à eux, ça me fait mal au cul de l’admettre mais je l’aime et je suis persuadé qu’elle aussi. 

J’ai l’impression d’être un canard, pourtant je ne peux pas faire autrement. Je suis resté douze putains de jours à côté de son corps inanimé. Même réveillée, aucune n’a su me garder aussi longtemps. J’avais beau me dire que c’était par culpabilité, pour qu’elle ne soit pas seule.

Je ne suis pas de celles qui pensent qu’en étant l’un sur l’autre après trois jours de relation, ça peut marcher. Pourtant me voilà dans la voiture de mon copain, me dirigeant vers chez lui où je vais vivre.

L’entendre me rassurer fissurerait le peu de force qu’il me reste et je ne veux pas pleurer devant elle. René tente de rappeler mais j’éteins discrètement mon téléphone tandis qu’elle rejoint la cuisine avec son couteau, sans aucunes représailles même si je n’ai pas suivi ses instructions à la lettre. Elle doit se dire qu’il va venir et je l’implore aussi silencieusement.

J’ai un peu de mal à comprendre comment un type comme lui a voulu de moi. Ce n’est pas que je me dénigre. Mais j’ai bien vu le genre de filles qu’il fréquentait et je suis l’opposé. Cette fille qui était en larmes, l’autre soir, était tout mon contraire. En général les mecs sur qui je flashe ne s’intéressent pas à moi. En même temps, pourquoi un gars au physique d’un top model regarderait une fille avec autant de rondeurs que moi ?— Stop, commence pas ! me sermonné-je à voix haute.J’ai déjà détruit ma dernière relation avec ce genre d’interrogations et toute la jalousie qui pouvait en découler, hors de question de recommencer. Je me concentre sur mes billes de melon pour ne pas penser à autre chose.

Je ne voulais pas être comme mon père, alors je partais du principe que je ne devais pas me mettre en couple pour ne pas briser le cœur d’une femme. La vraie différence serait d’être avec une fille et de la rendre heureuse. De n’aimer qu’elle et de ne pas aller voir ailleurs, si ? Je ne suis même pas sûr d’en être capable, mais je devrais tenter.

Ce n’est pas mon truc d’écrire des romans mais au moins ça m’a libérée d’un poids, s’il veut en parler il sait où me trouver. Je repose mon téléphone et me glisse sous ma couette. Il est bientôt cinq heures et je ne tiens plus. Je m’endors en quelques minutes et c’est la sonnette qui me tire de mon sommeil.

Je ne suis pas le genre de fille à qui on interdit de parler à qui que ce soit, je ne le laisserai pas me couper du monde. Je ne sais même pas pourquoi il a réagi ainsi. Lorsque je l’ai appelé, il n’y avait aucune ambiguïté, j’ai été claire : il devait venir pour parler à mon amie. Cela me démange de lui envoyer un message, bien plus cinglant que les premiers.

Je la plaque contre le mur et la soulève. Je cherche rapidement un préservatif dans mon portefeuille, l’enfile sur mon sexe encore durci et la pénètre. Je la pilonne de toutes mes forces, je ne suis pas là pour faire dans la dentelle. Elle crie de plaisir, ça m’excite davantage et je tape encore plus fort. Après plusieurs dizaines de minutes intenses, nous jouissons enfin. Elle tient à peine debout mais je m’en moque. Alors que je me rhabille, je lui lance : — Alors t’avais prévu quoi après moi ?Elle est assise par terre, dans son entrée et me répond lascivement :— Ma sœur était censée passer, je lui ai dit que je lui renverrai un message pour la prévenir.— Hum, OK… Je te laisse, je dois y aller, réponds-je. Elle acquiesce mais ne dit rien en retour. Je récupère mon portable au fond de ma poche et le rallume. Quatre messages… Tous de Sophia… J’hésite à les lire. Je n’imagine même pas dans quel état elle se mettrait si elle savait ce que je viens de faire.

Elle s’exécute, défait mon jean et mon boxer d’un mouvement rapide, puis se lèche les lèvres en me regardant. Cette fille est vraiment douée pour ça, pourtant le visage de Sophia se dessine à la place du sien. Je secoue la tête, essayant de chasser son image.

Savoir qu’elle parle avec d’autres hommes m’irrite et je cherche tout le long du trajet comment faire pour couper les liens qu’elle peut avoir avec d’autres types. Je crois qu’elle ne se rend pas compte de l’effet qu’elle peut avoir sur le sexe opposé.