Si se révélait véridique ce que montrent les songes,
j'en serais très heureux, après avoir vu celui-ci.
Une nuit obscure où j'étais couché, solitaire,
devant mes yeux est passée une agréable apparition.
Sa beauté d'abord m'a jeté dans un grand doute :
n'était-ce pas la demoiselle que j'avais le jour hélée ?
Mais dès que la grâce supérieure de celle-ci m'eut frappé,
aussitôt, oubliant l'autre, je lui ai caressé les seins.
Elle est venue dans mes bras, a posé sa poitrine contre la mienne ;
de toutes les manières la belle m'a appliqué des baisers,
et j'en ai ressenti un plaisir que presque aucune autre ne me donnerait
Je lui rends ses baisers. Cependant un vain espoir m'emportait.
Car quand j'ai voulu étreindre son tendre cou,
elle s'est enfuie je ne sais où, sans proférer le moindre mot.
De cela je suis grandement affligé, mais je le serais, je pense, plus encore,
si ce que j'ai obtenu en songe, éveillé je le gardais pour moi.