Quand même, il y avait un truc un peu flippant à voir ces types dont le crâne commençait à se dégarnir se comporter comme n'importe quel ado de mon bahut. Est-ce qu'à partir de 18 ans, l'idée qu'on se fait de la fête ne bouge plus pour le restant de notre vie ? Boire pour se dézinguer la gueule, essayer de choper une fille pour la baiser, écouter du rock à fond comme si on allait tout foutre en l'air, on y croit aussi bien à 18 ans qu'à 40 ? Merde, ça me foutait plutôt la nausée. Je veux dire, une fête, c'est censé être un moment où on oublie un peu tout. Où on s'amuse sans arrière-pensée, en mettant de côté les problèmes de la vie de tous les jours. Et là, voir tous ces cons qui y croyaient, 30 ans après leurs premiers boutons, ça avait tendance à me foutre en rogne.
Merde ! D'une certaine manière, ces cons me piquaient mon avenir : ils avaient bloqué le compteur sur mon âge, et faisaient semblant de pas se rendre compte que pour eux, c'était fini. (p. 36)