Nous dirons la vérité. La vérité sur votre dictature. Toute la vérité sur vos saloperies, vos conneries ; nous dénoncerons vos mensonges, vos nombreux crimes et assassinats.
Seuls les propriétaires, cette minorité de gros Blancs, surent tirer profit de la nouvelle situation.
Le gouvernement leur offrit des compensations financières pour la perte des esclaves et les affaires pouvaient prospérer.
Le dimanche matin, il fallait aller à l'église, écouter le curé dire que nous étions tous enfants d'Adam et Ève. Et pour ceux qui se souvenaient de leur ancienne religion, de la religion de leurs ancêtres, il fallait se taire ou chasser ces fétiches inutiles qui ne nous avaient pas plus protégés que ne nous protégerait le Christ en croix.
Et il fallait oublier la langue de nos parents, et leurs traditions. Il fallait oublier nos noms d'origine. Et il ne fallait pas espérer fondait une famille : les femmes étaient comptées, les enfants pouvaient être à tout moment vendus comme des animaux de ferme à un planteur à l'autre bout de l'île.
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- T'es une mauvaise flic, Eunice... d'abord parce que tu as essayé de tuer ton chef, ensuite parce que tu n'y es même pas parvenue....
Sur l'île Maurice voisine, l'esclavage a été aboli en 1833, et la traite négrière est officiellement interdite par la France depuis 1815. Pourtant, la traite illégale continue à Bourbon. On estime qu'elle amène dans l'île entre 10000 et 20000 esclaves entre 1830 et 1840.
Edmond, 12 ans en 1841, n'est encore qu'un jeune esclave à Sainte-Suzanne, mais un jour, il en est sûr, on le reconnaîtra comme le petit génie cafre, qui a su le premier au monde, trouver le procédé de la fécondation de la vanille.
Il ne dit pas que les nouveaux libres continuaient à vendre pour des sommes dérisoires leur force de travail, ce qui permettait à peine de survivre, tandis que les anciens maîtres avaient été largement indemnisés par le gouvernement pour la perte de leurs esclaves. Ainsi l'argent du crime aboli n'était pas allé aux victimes, mais aux bourreaux.
C'est simple. Il faut ouvrir la fleur pour dégager la corolle. On retrousse la corolle pour dégager le pistil. Avec l'aiguille, vous appuyez sous la languette qui est sous le pistil. Et vous refermez en appuyant bien pour faire toucher le pistil et l'étamine. Et voilà ! La vanille est fécondée. Dans six jour, il y aura une gousse. (Edmond Albius)
Hé, Asoline, tu as entendu ça ?
Nous allons pouvoir voter !
Non, pas tous.
Les femmes n'ont pas le droit de vote.
Ah, oui c'est vrai. Quand je serai député, je ferai passer une loi qui changera ça.
Quand tu seras député...
Voyez-vous cela.
Edmond Vingt-Décembre, député de La Réunion, ça en jette, non ?
Edmond - je ne suis pas tisaneur, je suis botaniste.
Grand Patte - Pas la peine de sortir des mots, dis plutôt que tu ne sais rien, ça suffit.