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Critiques de Astrid Shriqui Garain (2)
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Ynys Avallach

Il y a ceux qui, sur le quai, regardent partir les bateaux, le sourire aux lèvres avec, au creux du ventre, l’euphorie du départ, des envies d’ailleurs plein les yeux.

Il y a ceux qui reviennent sans cesse, au bord de la jetée, sur le sable, sur le quai, au pied des falaises ou au port, indécis. Éternels regrets d’un départ illusoire.

Et il y a ceux et celles qui savent l’exaltation fulgurante de cette liberté immense et cette main de fer qui enserre et tord les tripes.

Juste avant...



« C'est dans un regard

Que l'on sait le voyage qui a construit une âme.

Quelle terre fut traversée, quel lointain fut embrassé.

Elle était en un ailleurs qui à présent se vit en elle.

Son récit est toujours singulier.

Devant un mot elle s'arrête soudain,

Là, où coule cette rivière dont elle connait la source.

On se remet au monde et on découvre sa place.

On voit les boutures rapportées de son périple

Prendre vigueur et hardiesse sauvage.

On goûte le moment d'un autre retour

Et on s'étonne de son inconnue saveur.

C'est au présent, en sa mémoire, qu'il convient d'offrir cet espace. »



Plutôt Ulysse que Noé ? Plutôt vagues et embruns que terres et poussières ? Peu importe.



«Toutes les mers bercent nos vies.»



Se coltiner les éléments, vivre sans garde-fous ni remparts, tendus vers l’inéluctable Ynys Avallach, île du temps du bout du monde, dont on ne sait pas très bien, si c’est de lumière ou ténèbres, que naitra la vie éternelle.



Charrier les misères et les blessures : le prix du sang dans les tranchées. Et la vie, aussi, qui lacère et parchemine, quand on pense qu'à une seule chose : sauver sa peau ! « l'évidente crasse de notre cécité »



« Sur la terre, plus rien de ma chair,

à part peut être... entre mes dents. »



D'un revers de main, envoyer tout valser. Rire ! Rire à en crever !

Et dans toute la merde du monde, ouvrir une brèche pour continuer à rêver.



« Trancher d'un coup sec les lacets du monde

au corsage noir des jours

et plonger l'œil de ses mains

dans l'échancrure troublante de l'écume

si blanche dessous ses charmes

et qui offre son cul à tous les sables. »



Alors...



Étaler l’enduit. Combler ou accentuer les fissures. Se coltiner la matière. Pioche et burin. Les doigts en sang. Savoir pourtant. Le calcaire au creux des crevasses. Broyer les pigments, souffler la poussière colorée. Écraser le fusain. Rage et Irrévérence. Foirer ses mélanges et regarder naître la craquelure. Renoncer au vernis. Pendre les croûtes et jeter les reflets d'âme à la mer.

Vivre et vieillir. Sans jamais grandir...

Lucide.



Et entendre, à l'aube, crisser sur le papier, la plume d'Astrid Shriqui Garain.
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Ynys Avallach

Ynys Avallach… c’est mort pour le jeu de mot pourri avec ce titre, rien trouvé. Ca m’aurait permis de commencer ce billet par un peu de légèreté parce que pour tout vous dire, ce livre m’a emballé… moyen.

C’est étrange cette sensation d’avoir voulu entrer dans ces textes et d’être déçu de ne pas y être arrivé trop souvent, tout en partageant le ressenti positif laissé par Dixie39 dans son excellent billet.



Qu’est ce qui m’a dérangé ? Deux choses.

Beaucoup d’ombres et de ténèbres opposées à La Lumière, un peu beaucoup trop manichéen pour moi.

Ce n’est pas mon monde, ça ne me parle pas du tout. Rien de grave, ma sensibilité penche ailleurs c’est tout.



« L’œuvre noire (extrait).



A toi Lumière

Semblante distance,



A toi lumière,

Contraste des cendres



A toi lumière

Le parfum des absences.



Joue le désaccord qui se fait entendre !



Avant toi je supposais l’informe.

J’ai dépeint aux non-vus ta venue.

Je t’ai, de si loin… attendue.

Accroche et ne faiblis pas. »



J’ai pas faibli, je me suis accroché et j’ai bien fait car j’ai aussi trouvé des merveilles (pour moi) dans ce recueil mais là, tout les textes de la même veine que cet extrait m’ont laissé dehors.



Deuxième chose plus dérangeante pour ma lecture que le fait de ne pas ressentir un texte, c’est le rythme.

Peu importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse. Prose poétique, vers rimés ou libres, je m’en tape tant qu’il y a une mélodie, tant que la partition vient me caresser le tympan, me titiller l’enclume, me rendre marteau, je dis Ouie Ouie Ouie (yes, je l’ai mon truc à deux balles). Le problème c’est que là je me suis pris les pieds dans le tapis sans arrêt. Le trip « Musique contemporaine » c’est pas mon truc.

Souvent on se crée sa propre musique à la lecture, malheureusement j’y suis rarement arrivé. En cause peut être aussi , des mots superflus qui viennent alourdir un vers, des rimes parfois forcées, et puis quelques passages style « liste des courses ». Enfin tout un tas de raisons qui pour moi, nuisent à la fluidité.



« L’impossible équipage (extrait).



Il a le ciel et mille cartes pour prière.

Il a la terre et son refuge en chaumière.

Il a la mer et le monde en bannière.

Son œil est un cyclone, et ses mains,

Récifs enfantés par les flots,

Lancent aux étoiles le filin d’or

Qu’il tresse sur sa route. »



Je ne suis probablement pas la bonne personne pour apprécier pleinement ce recueil.

En même temps, si je suis déçu d’être passé à coté, je ne regrette pas ma lecture car certains textes m’ont chuchoté de bien jolies choses. Tenez, rien que pour celui là, ça vaut le coup :



« Mouvement



De ma terre à ta nuque,

Il y a la bouffée des toits.



De mes lèvres à ta chute,

Il y a mon œil qui arrête son pas.



De ton air à ma fugue,

Reste l'instant qui s'en va. »

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