Conscients que nous vivons dans une société de plus en plus fragmentée, superficielle, vénale, dangereuse et au mode de vie dispendieux ; atterrés par la présence d’armes à feu dans les écoles et d’escrocs chez nos gouvernants, nous désirons ardemment un mode de vie plus chaleureux, plus tendre, plus enrichissant, moins coûteux, plus coopératif et faisant plus de place aux relations humaines.
« Vivre en-dessous de ses moyens est une façon économique de devenir riche. »
La plupart des groupes (soit près de 90%) aspirant à former des écovillages ou des communautés intentionnelles ne prennent jamais leur envol ; la communauté dont ils rêvent ne se matérialise jamais. Ils ne trouvent pas le terrain, ils n’ont pas l’argent ou ils s’enlisent dans les conflits. Souvent, ils n’ont tout simplement pas pris la mesure de la somme de temps, d’argent et de compétences organisationnelles requises pour mener à bien un projet d’une telle envergure.
Larry se souvient : « Tout à coup, nous étions 10, débordants d’enthousiasme, caressant de grands espoirs et idéaux, et traînant tous dans nos bagages nos blessures et nos carapaces. Aucun de nous n’était très outillé en termes d’expérience de vie collective. Délicatement tissée au fil des ans, la culture communautaire de Lost Valley n’a pu survivre à l’invasion. Nous avons rapidement sombré dans l’incompréhension, le ressentiment et les conflits. »
Ben Haggard qualifie cette tendance à l’étalement de « syndrome de réfugié citadin ».
Voici ses commentaires sur le sujet : « Comme les gens des milieux urbains et suburbains craignent de manquer d’intimité dans les villages et les communautés tissées serré, ils s’éparpillent dans le paysage et cherchent un endroit où se cacher. Ils ne font alors que répéter sur le plan du microcosme les pires erreurs du développement suburbain –destruction et étalement. On multiplie les réseaux de sentiers et de routes, qui exigent de l’entretien, érodent la terre et dérangent la faune. Les coûts associés à la distribution de l’eau et de l’énergie et à la gestion des rebuts augmentent. La communication devient plus difficile. Souvent, les décisions prises pour l’aménagement du site tiennent pour acquis que les résidents resteront jeunes et en santé toute leur vie. »
Un vieil adage indien affirme qu’ « il faut une épine pour ôter une épine ». Aujourd’hui, il faut un budget, un plan d’affaires et une compréhension rudimentaire de l’immobilier et du financement pour pouvoir créer des modes de vie alternatifs à l’intérieur d’une société où ces outils sont nécessaires.
Si vous poursuivez des buts écologiques ou de développement durable (selon ce que vous planifiez), dites que vous comptez chauffer vos maisons en partie avec la chaleur du soleil, que vous voulez économiser en générant votre propre énergie plutôt que de payer une grosse compagnie, que vous voulez faire pousser des légumes comme le faisait votre grand-mère. Comment un éleveur de bétail de la vieille garde, un administrateur ultraconservateur ou un chrétien fondamentaliste pourrait-il s’objecter à cela ? (Mais si votre groupe s’intéresse au végétalisme, aux aliments crus, à la méditation, à la guérison émotionnelle, au parentage et à l’allaitement partagés, à l’amour libre, à la canalisation des archanges, des extraterrestres ou des entités du plan causal –je vous en prie, n’en dites rien !)
La plupart d’entre nous ne réalisent pas que notre civilisation est dysfonctionnelle : en fait, la société n’est que la reproduction de nos comportements individuels, magnifiés et multipliés par des millions de personnes. Nous sommes effrayés et dégoûtés devant les manœuvres manipulatrices et punitives –menaces, attaques terroristes, guerre ouverte- mises en œuvre par les gouvernements et les multinationales. Le fait est que nous ne voyons pas que nous utilisons nous-mêmes les mêmes tactiques à plus petite échelle.