A la lumière du jour, son regard prend une couleur magnifique, beauté misérable d'un enfant vêtu d'un pyjama sans forme, ni couleur. Je fouille mes poches, mais je n'ai rien à lui offrir, ni bonbon, ni sucette, ni quoi que ce soit que l'on donne à un enfant. Mais lui s'en fout, en le prenant dans les bras, je lui ai donné ce qu'il avait toujours attendu. Prenant conscience de cela, je le serre contre moi pour qu'il ne voit pas mes yeux s'embrumer. Pour rien au monde, je ne veux gâcher cet instant, tellement anodin pour moi, tellement important pour lui.
Chaque policier a ses propres blessures, qu'elles soient à l'âme, au coeur, à la fierté, à l'honneur ou plus simplement physiques. Souvent, on compare nos cicatrices comme d'autres exhibent leur savoir, car à chaque blessure, on apprend, on souffre aussi.
On se trompe en pensant que la nuit, tous les chats sont gris. Il y a dans le gris tellement de nuances, de subtilités à interpréter. Le gris n'est-il pas entre blanc et noir, entre bien et mal ?
L'homme qui n'a plus peur devient fou ou meurt, sans peur, mais certainement avec le reproche d'avoir omis la peur.
Pourquoi j'aime mon métier ? Je n'en sais rien. Peut-être parce qu'il fait de moi quelqu'un de bien, un gardien du bien qui n'a jamais la Paix dans un monde qui souvent lui fait mal, parfois même peur, mais pas au point de faire passer ce hoquet de justice attrapé à l'insu de son plein gré.
Pour l'instant, je m'en fous, tant que j'aurai peur, je me sentirai vivant.