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Citation de Mimimelie


A la fin des années 1960, le général Franco a lancé une offensive de charme sous le nom de code « Operacion retorno ». Soucieux d’améliorer son image de marque et de donner des gages d’ouverture à l’opinion publique internationale, il se dit prêt à accueillir « Guernica » à Madrid, où il serait exposé avec tous les honneurs. … Picasso était quasiment nonagénaire mais sa haine du franquisme n’avait en rien abdiqué. En novembre 1969, il convoqua Roland Dumas, son avocat, pour organiser la défense sur une ligne intangible : pas de « Guernica » en Espagne du vivant de Franco ! « Cela fut douloureux et difficile car Picasso ne voulait pas de testament, explique Roland Dumas. Il a signé trois documents que je possède toujours. Picasso m’y désignait comme exécuteur de ses volontés après sa mort. Il y était dit que « Guernica » entrerait en Espagne quand j’estimerais que les libertés publiques seraient rétablies ».

Le décès du général Franco, en 1975, deux ans après celui de Picasso, facilite les choses. Mais les négociations complexes entre l’Etat espagnol, le MoMA et la famille prendront des années. Ce n’est pas un simple tableau qu’il faut rapatrier mais un symbole, et les plus hautes autorités se penchent sur l’affaire –de la présidente du MoMA, Blanchette Rockefeller (épouse de John D. Rockefeller III) au roi d’Espagne, Juan Carlos. Le 10 septembre 1981, dans le cadre d’une sorte d’opération commando, « Guernica » (avec tous ses dessins préparatoires) atterrit enfin à l’aéroport de Madrid-Barajas à bord d’un Boeing 747de la compagnie nationale Iberia. « Deux jours avant le départ du tableau, personne n’était au courant au MoMA, à part la direction, explique José Maria Cabrera, directeur de l’Instituto central de restauracion, qui était du voyage en tant qu’expert technique. Les employés du musée ont été avertis la veille, lorsqu’on leur a demandé d’emballer le tableau. Même le directeur du Prado n’était pas informé ». De telles mesures de sécurité sont, à l’époque, dictées par la peur d’un attentat de l’ETA. …Escorté comme un chef d’Etat, « Guernica » prend le chemin du Cason del Buen Retiro, un pavillon situé derrière le musée du Prado. C’est là que le tableau sera déroulé et remonté, pour la dernière fois. Contre le souhait de l’artiste, qui ne le voulait qu’au Prado, il est transféré au musée Reina Sofia le 25 juillet 1992 à l’aube. Deux décennies plus tard, il y jouit tranquillement de son statut d’icône. Plus de 10 000 personnes se recueillent chaque jour devant lui. Dire qu’en 1939, au MoMA, il n’avait attiré que 2000 visiteurs en huit semaines…
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