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Citation de martineden74


« Black Manouche, quand on s’est rencontrés la première fois, ce qui m’a frappé, c’est surtout que tu es apparu les deux mains chargées de bouteilles d’eau. Il ne te manquait que le joug au-dessus de l’épaule et tu ressemblais à mon Auvergnat de grand-père. Il était porteur d’eau. Il montait et descendait des seaux chez les riches. Les sacs de charbon aussi. On a les mollets solides chez nous, l’habitude des pentes abruptes de nos volcans. Je m’appelle Bressac comme le village où je suis né. Il y avait du savoir-faire en charbon domestique, mon gaillard. On livrait dans tout Paris. En fin de journée, on était noirs comme vous. Notre réseau d’appro et de distri, c’était les seules relations du bled. On vivait entre nous. Le quartier était un mille-feuilles de gens pauvres venus de France, Belgique, Arménie, Pologne, Italie, Espagne, Maghreb et que sais-je encore. Chacun son business, chacun son réseau. Ça ne posait de problèmes à personne. Ils me font rire les politiques d’aujourd’hui, avec leurs fantasmes d’intégration. C’est quoi l’étalon du Français ? Le Berrichon ? Le Jurassien ? Le Creusois ? Comment on peut rêver de fabriquer un homme qui n’a jamais existé ? Mes grand-parents comprenaient à peine le français. Ils n’étaient même pas fichus de prononcer “charbonnier” correctement. Ils disaient “charbougna” ! C’est pour ça qu’on nous surnomme les “bougnats” ! On était des immigrés comme vous, mais en pire. On ne venait pas de loin, mais on était plus étrangers que vous, on avait beaucoup moins d’instruction que n’importe lequel d’entre vous. Black Manouche, tu es arrivé ici plus cultivé qu’un gars du xvie arrondissement. Même dans ton horrible costard rouge ah ah ah ! »
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