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Critiques de Gerhard (5)
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Flight

Après 2 tomes très introspectifs et littéraires, l'un (Jakas Story) plus réussi que l'autre (Melmoth), Dave Sim opère une forme de retour vers l'action et l'histoire globale de son récit. Cerebus recommence à utiliser son épée, les protagonistes recommencent à bouger leurs pions, même Artemis adopte une identité violente (une parodie du Punisher de Marvel).



Pour autant les 2 tomes en question ont changé la perception du lecteur sur les enjeux du récit et les personnages mis en scène. La légèreté de ton (toute relative) des histoires précédentes a disparu. Chaque personnage possède une identité tridimensionnelle fouillée. L'empathie avec les uns et les autres est profonde. Et les épisodes qui se déroulent sous nos yeux ont un aspect définitif et irrévocable. Finalement, le récit de la mort d'Oscar Wilde dans Melmoth a atteint son but : l'innocence et la naïveté s'en sont allé.



De fait, ce brutal retour au monde réel de Cerebus (après ces 2 histoires dans une bulle) fait presque peur. Cerebus accède à un nouveau niveau de connaissance et de conscience et découvre des enjeux qui lui étaient jusque là masqués (et le lecteur avec lui). Le juge refait une double apparition, Cerebus obtient des réponses claires du troisième aardvark, les points d'opposition entre Cirin et Astoria sont mis en lumière.



En outre, Dave Sim continue d'exposer ses intimes convictions par touche légère sur la condition humaine. Il détaille son point de vue dépourvu de tendresse sur la condition féminine, ce qui lui vaudra beaucoup de vives réactions de la part de ses pairs. Ces derniers oublient complètement que jusqu'alors le même Dave Sim n'avait pas eu un regard très affectueux sur la condition masculine.



Insensiblement, Dave Sim et Gerhard continuent d'innover dans leur mise en page. C'est un point facile à oublier, mais les illustrations sont toujours claires, la mise en page tire le meilleur parti possible du format relativement long de l'histoire, les visages sont irrésistibles, le langage corporel sonne toujours juste et les décors sont magnifiques.



Si vous êtes parvenus jusqu'à ce tome de Cerebus, vous ne pourrez pas lâcher l'histoire avant la conclusion de cette histoire qui s'étale sur les 3 recueils suivant à commencer par" Women".
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Cerebus 9: Reads

Créateur indépendant

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Ce tome constitue le neuvième recueil des aventures de Cerebus (numéros 175 à 186) et le troisième chapitre de "Mothers & Daughters". Il est indispensable d'avoir lu les tomes précédents pour comprendre les enjeux, les situations et qui est qui.



L'histoire est une juxtaposition de 3 intrigues liées. Victor Reid, un auteur de romans (reads, en vieil anglais) décrit son quotidien et sert de tribune à Dave Sim pour illustrer un essai sur les mérites de l'auto-édition comparée à être publié par un éditeur établi (Marvel, DC Comics ou un autre). Cette partie est rendue sous la forme de pages de texte (page de gauche) en vis à vis d'une illustration (page de droite). Si vous avez lu Cerebus lors de sa publication mensuelle, cette partie vous semblera redondante par rapport aux éditoriaux de Sim (Note form the president) dans lesquels il avait déjà longuement et à de nombreuses reprises expliqué ce qu'il pense des éditeurs. Sinon, vous aurez découvrirez le credo d'un créateur intransigeant doté d'une verve imparable.



La deuxième intrigue constitue la confrontation entre Cerebus, Cirin, Astoria et Suenteus Po. Ce dernier révèle la nature des aardvarks et le pouvoir de Cerebus. Astoria n'hésite pas à déballer ses connaissances en révélant à Cerebus qu'il est hermaphrodite, ce qui n'est pas pour lui plaire. Cette partie culmine avec une nouvelle ascension opposant Cirin et Cerebus dans un combat sanglant et sans merci. Le lecteur est assailli d'une étrange vision : un homme ressemblant à Dave Sim en train de dessiner la page précédente. Les révélations pleuvent et répondent à bien des questions prégnantes dès le début de la série. Le combat est éprouvant : la survie de Cerebus et Cirin est en jeu.



La dernière intrigue est consacrée à un autre "read" d'un certain Viktor Davis qui sert de tribune à Dave Sim pour exposer sa vision très personnelle de la nature de l'homme et de celle de la femme. Même si ses positions étaient déjà connues de ses lecteurs mensuels, cette mise en forme (page de texte + page avec 1 illustration) donne une force peu commune à son point de vue.



Encore une fois, Dave Sim, seul maître à bord, n'en fait qu'à sa tête. Encore une fois il dépasse les schémas traditionnels de la bande dessinée pour adopter un format qui peut rebuter. Encore une fois il clame haut et fort ses convictions particulières au mépris du risque de perdre des lecteurs choqués.



Encore une fois, Dave Sim prouve son talent surnaturel de conteur. Encore une fois, j'ai été happé par sa prose et ses dessins. Encore une fois son savoir faire de narrateur intelligemment épaulé par les décors de Gerhard aboutissent à des illustrations et à des pages de bandes dessinées d'une saveur et d'une efficacité à nulle autre pareille. Encore une fois ses prises de postions tranchées, égocentriques, intransigeantes et décalées obligent le lecteur à s'interroger sur ses propres convictions, sur sa conception du réel. Et le plus surprenant c'est qu'il se dégage de ces trois parties des thématiques communes qui créent un lien unificateur sur l'individualité et l'ordre de la société.



Encore une fois Dave Sim a repoussé les limites de la forme de la bande dessinée pour servir ses convictions. Encore une fois j'ai été charmé, captivé, ensorcelé par ce conteur hors pair dont la vision idiosyncrasique m'oblige à m'interroger sur mes valeurs. Et le tome 10 "Minds" est aussi rentre dedans, divertissant et provocateur.
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Cerebus 8: Women

Ce recueil constitue le deuxième tome (après "Flight") dans la tétralogie intitulée "Mothers & Daughters". Dave Sim continue à dérouler son histoire : à la fois l'escalade vers la confrontation entre les personnages et le point de vue qu'ils représentent (Cirin incarne toutes les mères et Astoria incarne toutes les femmes souhaitant vivre pour elles mêmes plutôt que pour leurs enfants, Cerebus reste un male incurable), et à la fois son exposé sur sa perception idiosyncrasique de la réalité.



Après son ascension partielle dans le tome précédent, Cerebus redescend sur terre et une femme le prend sous sa protection en le guidant vers une zone neutre (un bar). Cirin et Astoria s'apprêtent à une ultime confrontation. Un personnage ressemblant à la mort se rapproche de l'église. La tension monte lentement mais sûrement tout au fil des pages. Seules les apparitions d'Artemis et d'Elrod (en parodie de Morpheus et de Death, tout droit sortis du Sandman de Neil Gaiman) procurent quelques instants de détente. Les parodies de super-héros incarnés par ces 2 personnages trouvent leur apogée dans une double page évoquant tous les héros les plus vendeurs du moment, ainsi que les trouvailles marketing pour vendre encore plus de produit.



Coté illustrations, Dave Sim et Gerhard maîtrisent leur sujet avec de savant dosages entre bandes dessinées traditionnelles, cases sans bordures, textes illustrés, pleines pages de texte... Chaque page est une véritable leçon d'art séquentiel.



Le tome s'achève sur l'apparition physique d'un troisième aardvark. Dave Sim continue à faire avancer l'intrigue principale de son comics à un train d'enfer. À chaque tome, le lecteur se demande comment il pourra faire aussi bien ; à chaque tome, il capitalise sur les éléments présents dans les précédents en tirant ses personnages et ses thématiques vers le haut. La suite des révélations et des péripéties se trouve dans "Reads".
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Cerebus 6: Melmoth

Autant Jakas Story était une révélation sur l'attitude "no limit" de Dave Sim et Gerhard, autant ce tome permet de reprendre un recul salutaire par rapport à son créateur. Le thème qu'il aborde et le biais par lequel il l'aborde me parlent beaucoup moins, touche moins ma sensibilité, me semble moins universel que l'histoire de Jaka.



Avec Melmoth, Dave Sim veut introduire la mort de façon concrète et réaliste dans son oeuvre, et en même temps il rend un hommage appuyé au génie créateur d'Oscar Wilde. Ce tome raconte les derniers jours d'Oscar Wilde, aidé par Robbie Ross, son compagnon fidèle. Dave Sim met en image plusieurs extraits authetiques de lettres rédigées par Robbie Ross à un ami. À la fin du tome, Cerebus sort de son état de choc pour reprendre un rôle actif dans la société.



Dans son introduction, Dave Sim reconnaît qu'il lui a été très difficile d'évoquer Wilde qu'il considère comme un génie littéraire. La difficulté pour un lecteur qui n'est pas un artiste (c'est mon cas) réside dans le fait que cette évocation d'Oscar Wilde intéresse beaucoup Dave Sim l'artiste, mais très peu le lecteur ordinaire. Comme d'habitude, les illustrations et les mises en page sont entièrement au service de la narration. Les visages et leurs expressions sont admirablement bien rendus et dune diversité à rendre jaloux tous les illustrateurs. L'apport de Gerhard en tant que chef décorateur reste toujours aussi déterminant. Non seulement la consistance et la cohérence des décors sont exceptionnels, mais en plus ils osnt utilisés avec discernement, en évitant d'être omniprésents et d'écraser le reste des dessins.



Après ce bref tome (Dave Sim assimile Melmoth à une nouvelle), Cerebus revient au premier plan dans "Flight", et l'intrigue reprend ses droits... dans un monde où la mort est permanente, définitive et pas romantique pour un sou.
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Jaka's Story

Au cours des 3 tomes précédents, Dave Sim a fait parcourir à son personnage principal l'archétype de l'ascension sociale et Cerebus est devenu le maître du monde. Puis il a rencontré un personnage omniscient qui lui a prédit son avenir dans "Church and State" II et son retour sur terre le laisse seul, sans argent et recherché comme un dangereux agitateur dans une cité où une autre église a pris le pouvoir, sous la forme d'une dictature matriarcale.



Cerebus va s'installer chez Jaka qui exerce la profession de danseuse (métier devenu illégal). Jaka s'est mariée à Rick Nash. Ce tome mêle 2 trames narratives : d'un coté la vie de Jaka qui gère son métier, son employeur, son mari et son hôte, de l'autre l'enfance de Jaka imaginé par un double d'Oscar Wilde d'après les confidences de Rick.



Depuis le début, Dave n'a cessé d'expérimenter et d'élever le niveau de sa création artistique et de son propos. Cerebus le barbare a laissé la place à Cerebus l'homme politique, puis au Pape Cerebus. Au fur et à mesure les lecteurs de la première heure ont toujours espéré que Dave Sim reviendrait à la parodie de Sword & Sorcery du début. Jaka's Story enterre leurs derniers espoirs et constitue une preuve magnifique de la force et de la liberté créatrice de Dave Sim. Son ambition n'est rien de moins que d'atteindre la profondeur de propos d'une oeuvre littéraire. Et avec ce tome il y parvient.



Si vous entreprenez la lecture de Jaka's Story avec l'idée préconçue de retrouver Cerebus en tant que comics d'action, les pages de texte avec illustration à la Oscar Wilde vous seront insupportables. Si au contraire vous acceptez le voyage auquel vous invite Dave Sim vous regretterez qu'il n'y ait pas plus de pages de texte. Enfin Dave Sim en tant qu'illustrateur a encore progressé. Il a complètement abandonné les images cliché et les mises en page tape à l’œil, pour privilégier une trame narrative assagie, mais très élaborée. Pour être sûr de la consistance logique de son décor, il n'a pas hésité à faire construire en modèle réduit la maison de Jaka par Gerhard (son chef décorateur) afin d'éviter toute incohérence spatiale.



Church & State constitue l'aboutissement logique d'une recherche de pouvoir adolescente, Jaka's Story marque le passage dans l'âge adulte. Dave Sim dépasse les limites du genre dans lequel il a débuté son histoire pour s'ouvrir aux espaces illimités de la littérature, sans trahir la forme de son récit avec un animal parlant. Le tome suivant "Melmoth" lui permettra d'explorer pour la première fois un autre thème : la fin de vie.
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