Une personne heureuse ne consomme pas d’antidépresseurs, ne consulte pas de psychiatres, ne tente pas de se suicider, ne casse pas les vitrines des magasins, n’achète pas à longueur de journées des objets aussi coûteux qu’inutiles, bref, ne participe que très faiblement à l’activité économique de la société.
Les hommes qui peuplaient l'univers paysan ne vivaient pas un âge d'or. Ils vivaient ce que Chilanti a appelé l'âge du pain, c'est-à-dire qu'ils étaient des consommateurs de biens de toute première nécessité. C'est sans doute cela qui rendait leur vie pauvre et précaire extrêmement nécessaire, tandis qu'il est clair que les biens superflus rendent la vie superflue.
Comment comptes-tu t'en sortir sans mon aide ? demande le Diable, montre-moi un peu les cartes que tu caches dans ta manche. Tu ne veux plus de croissance ? Bien ! Que proposes-tu à la place ? Et il le demande avec une telle autorité qu'on ne peut imaginer ne pas lui répondre. Du coup chacun y va de sa proposition. Bien sûr le diable dispose d'une batterie d'experts, des gars triés sur le volet capables de te démontrer n'importe quelle théorie. Alors tout le monde se lance dans la discussion, avance des chiffres, conteste ceux de la partie adverse, développe sa batterie d'arguments. Et pendant ce temps? Tout continue comme avant et c'est autant de gagné pour le Malin.