Avant la guerre de 1870, Viollet-le-Duc, d’une robuste constitution, avec sa nature nerveuse et ardente, s’était entraîné par une existence particulière ; il était mûr pour cette désastreuse et terrible campagne.
Depuis plusieurs années déjà, il s’occupait d’un travail gigantesque : relever la topographie du Mont-Blanc d’une manière exacte, en établir le plan ou carte avec les coupes et les élévations multiples, étudier dans leurs détails les effets’de la désagrégation de ces élévations par les glaciers, suivre ces derniers depuis l’état de neige jusqu’à celui de torrent et en dessiner les moraines. Et passant, dans la même journée, par des températures variant de 50 degrés, marchant, portant lui-même son bagage et ne s’arrêtant que pour dessiner, telle était son existence pendant ses voyages en Suisse. Le résultat a été un ouvrage sérieusement étudié et fort apprécié, où se trouvent décrits tous les phénomènes, même les plus modestes et les plus ignorés.