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Critiques de Joub (150)
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Les couloirs aériens

Yvan, à tout juste cinquante ans, vient de perdre cette année son père, sa mère et son boulot. Il laisse Paris derrière lui et vient s'installer dans le Jura, dans la maison de campagne de ses amis Thierry et Sandra. Là, il vient également entreposer toutes les affaires de ses parents dont la maison est mise en vente. Sa femme partie travailler en Asie, ses deux enfants éloignés, dont son fils au Canada, ce séjour imposé en pleine nature enneigée va être l'occasion pour lui de faire le bilan, de se remettre en question, de s'interroger sur ce qu'il a fait de ses années passées et de se rappeler aux bons souvenirs de ses parents...



Cinquante ans, un âge où, semble-t-il, l'on se remet en cause et où l'on fait le mitan de sa vie. Cinquante ans, un virage un peu casse-gueule ? Yvan, lui, se retrouve presque isolé dans cette maison jurassienne, pleine des souvenirs de ses parents. Des balades dans la neige aux visites d'Adrien, le fils de ses amis, en passant par le bûcheronnage ou les soirées seul, Yvan profite de ce temps imparti pour faire le point. Avec cet album, Étienne Davodeau, Joub et Christophe Hermenier nous offrent un récit intimiste, tout en pudeur et finesse. Pour ce faire, les trois amis, qui se sont rencontrés sur les bancs de la fac à Rennes, se sont inspirés de faits réels. En effet, Yvan, c'est un peu Christophe Hermenier qui, suite à la mort de ses parents et à la perte de son boulot, s'est mis à photographier tous les petits objets du quotidien de ces derniers. Et ces photos racontaient, au final, presque toute une vie qui passe. D'ailleurs, quelques clichés parsèment cet album. Une chronique sociale à la fois drôle, touchante et mélancolique qui traite avec une profonde humanité de l'amitié, l'amour, la famille et le temps qui passe...
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Les couloirs aériens

Est-ce que notre vie est finie à 50 ans ?

C'est ce que se demande le personnage principal de cette BD. Il a perdu son boulot et ses deux parents sont décédés dans la foulée. Sa femme est partie travailler à l'étranger, ses enfants devenus adultes sont loin eux aussi.

Il ne lui reste rien, rien que du temps libre dont il ne sait que faire.

J'ai été très touchée par cette histoire d'autant que la cinquantaine se profile à l'horizon pour moi aussi.

Je connaissais la crise de la quarantaine, celle de la cinquantaine n'est pas bien marrante non plus visiblement.

Entre bilan de sa vie et remise en question de ses choix, le personnage principal va passer quelques semaines dans le flou, sans trop savoir quelle suite à donner à sa vie.

C'est intelligent, subtil, mélancolique et très émouvant.

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Il s'appelait Geronimo

Benji va voir son ami Geronimo maintenant installé à Paris. Très étonné qu'on l'appelle à nouveau comme ça, il ne peut s'empêcher d'évoquer avec ce dernier son enfance mais surtout sa rencontre avec lui, Malo et Virgile. Les trois ados avaient fait connaissance avec Geronimo alors qu'il vivait comme un sauvage, sous l'emprise de son oncle. Ils l'ont aidé à embarquer dans un cargo en partance pour l'Amérique. Depuis, ils n'ont eu aucune nouvelle et ont appris qu'il avait changé de nom et emménagé dans un appartement parisien...

Il n'avait pas 20 ans, une envie d'escapade et la volonté de s'en sortir. Mais à bord de ce cargo, il s'est fait repérer par l'équipage et a appris que celui-ci faisait route vers La Guyane, un pays qui lui est totalement inconnu. Avant d'accoster, il a sauté du bateau et nagé jusqu'aux côtes. Une fois à Cayenne, sans papier, il essaie de s'en sortir comme il peut, en faisant la manche pour avoir un peu d'argent et en ayant élu domicile dans une cabane abandonnée en pleine forêt. Un soir, alors qu'il vient en aide à un jeune homme qui se fait agresser par deux voyous, il le ramène dans son abri de fortune. Une fois ses esprits retrouvés, il demande à Geronimo d'aller chez lui et de lui rapporter ses affaires personnelles, son argent, son passeport et des médicaments pour le soigner. Mais une fois la tâche accomplie, de retour chez lui, il retrouve l'homme mort. Une étrange solution s'offre alors à lui...



L'on retrouve avec plaisir Geronimo que l'on avait rencontré alors qu'il était encore un jeune ado, non scolarisé et vivant en marge de la société. Malo, Benji et Virgile, qu'il rencontrera par hasard, lui viendront en aide. Quelques années plus tard, bien des choses ont changé pour les trois amis et un événement inattendu sera l'occasion pour Benji de rendre visite à Manu/Geronimo. Cette rencontre permettra à Geronimo de raconter ses (més)aventures. De La Guyane à Paris, l'on suit son parcours, ses rencontres hasardeuses et ses recherches sur ses origines. Une fois encore, Etienne Davodeau explore l'humain, d'une façon moins approfondie, certes, si on le compare à ses albums-reportages, mais qui n'en reste pas moins attachante et émouvante. Le dessin reste simple, les expressions effleurées mais Joub offre de très belles planches muettes.



Il s'appelait Geronimo... et il va vous raconter son histoire...
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Il s'appelait Geronimo

Davodeau, habituellement, j'aime beaucoup ce qu'il fait mais là...



D'ailleurs, lorsque je le croiserai incessamment sous peu au Quai des Bulles de Saint-Malo, je lui dirai, franco, les yeux dans les yeux, M'sieur Davodeau, c'est pas pour chipoter mais Géronimo, hé ben, par contre j'aime beaucoup ce que vous faites...

Puis, lorsqu'il aura tourné les talons et se sera éloigné de quelques kms, c'est prenant mon courage à deux mains que je lui murmurerai, les yeux dans le vide, qu'un indien dans la ville ne cassait déjà pas cinq pattes à un bison...



Bref, une découverte en demi-teinte. Rose taupe pour être précis.

Pour faire court et succinct, le parcours semé d'embûches d'un mec en quête de racines qui lui-même, pour des raisons que je ne peux décemment pas dévoiler, sera amené à changer d'identité. Comme un p'tit air de XIII me direz-vous. Lointain, très lointain le rapprochement.



Un scénario élaboré à quatre mains. Jeu de vilains.

Niveau graphisme, Joub fait le job sans susciter un enthousiasme de folie.

Non, vraiment, de la part de l'auteur des Ignorants, on se trouve là à mille lieues du millésime escompté. Ni franche piquette, ni cuvée mémorable, Il s'appelait Geronimo s'avère être un gentil divertissement alors que le matériau initial méritait un argumentaire autrement plus convaincant.

Et si, d'aventure, Davodeau me demandait si j'allais logiquement me tourner vers la trilogie initiale, c'est sans m'esquiver que je lui rétorquerai:

- "M'sieur Davodeau, j'aime beaucoup c'que vous faites...mais là, ça va pas être possible. "
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Les couloirs aériens

Yvan a la pêche.

Enfin, avait la pêche.

Malgré une année de fort belle facture ma foi, perte de son job, des parents douze pieds sous terre (six chacun), une femme à des milliers de kms et des gamins aux abonnés presque absents, le gars Yvan broie du noir.

Vous le croyez ça ?

À situation exceptionnelle, remède exceptionnel.

Néo-quinqua, la tête dans le seau, c'est armé de tous ses cartons, uniques vestiges d'une vie passée, et de sa profonde morosité qu'il s'exile dans le Jura chez ses amis d'enfance afin de faire le bilan d'un demi-siècle d'existence.



Au sortir d'une expérience vécue, trois compères se connaissant depuis des lustres décident de mettre des mots assortis de moult cases bigarrées sur des maux.

Le trait de Davodeau est immédiatement reconnaissable et souligne magnifiquement ces questionnements de personnage vieillissant sur le déclin.



Qui suis-je (Yvan), où vais-je (dans le Jura, visiblement), dans quel état j'erre (une louable imitation de la dépression, à s'y méprendre).

Si le ton apparaît léger, le sujet prête au questionnement.

50 balais, c'est pas rien.

Même si ça fait glousser la Jeanne Calment aux dispensables tubes interpasplanétaires, le poids des ans et du vécu commence à toquer à votre porte.

Lorsque le karma commence à chier dans le ventilo, il n'est pas rare de se voir moins beau qu'on est.

D'où l'importance de se poser, se recentrer sur l'essentiel, afin de repartir sur un bon demi-siècle de bonne ou mauvaise fortune mais avec le sentiment d'être encore vivant.



Et puis comme l'a si joliment souligné la poétesse :

"Accrochez-vous les petits !

Jeanne l'a dit… Aaaaahh

ah ah euah euah ah ah euah euah ah ah euah euah ah ah euah euah

Jeanne l'a dit Jeanne l'a dit ah ah euah euah

Jeanne l'a dit Jeanne l'a dit ah ah euah euah

Accrochez-vous les petits !"
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Manuel de la jungle

Un soir au restaurant, pendant le salon du livre de Paris, Joub soumet une idée à son éditeur: maintenant qu'il vit en Guyane, il est ami avec un certain Olivier, professeur de son état et grand baroudeur, qui semble connaître la forêt amazonienne comme personne et qui a à coeur de changer sa vision et de la rendre moins anxiogène. L'éditeur de Joub lui soumet alors une bien meilleure idée: que ce soit lui qui y aille avec Nicoby et qu'ils fassent ensemble un album d'aventure, une sorte de manuel de la jungle. C'est ainsi que les deux amis se retrouvent en Guyane. Accueillis les bras ouverts par Olivier, qui propose de fêter ça en trinquant, Joub et Nicoby prennent la direction de la forêt, s'installent à bord d'un canot et remontent la rivière en pleine nuit. Un spectacle magique s'offre à eux. Ils font ensuite connaissance avec Jérôme, lui aussi professeur, qui les invite à passer la nuit dans son carbet et va les initier à la vie dans l'Enfer vert...



En compagnie des deux auteurs, Joub et Nicoby, et de ces deux baroudeurs, Olivier et Jérôme, l'on plonge en plein Enfer vert (c'est ainsi que l'on surnomme la forêt guyanaise). Une expérience enrichissante que Joub et Nicoby ont mis en image dans cet album à la fois dépaysant et instructif, remplie d'émotions et parfois drôle. Pour les deux hommes, plutôt habitués à la quiétude de leur atelier, leur vie va changer du tout au tout et ils vont devoir s'adapter à ce nouveau milieu mais aussi aux orpailleurs clandestins tout aussi, sinon plus, dangereux que les anacondas, les raies ou les ocelots. Ce voyage, bien que dépaysant, aurait finalement mérité d'être approfondi et l'atmosphère plus étouffante. Graphiquement, le trait vif et esquissé de Nicoby sied à ce carnet de voyage et les couleurs sépia nous plongent dans une ambiance particulière. Joub nous offre en plus quelques jolies aquarelles.
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Les couloirs aériens

Yvan vient d'avoir cinquante ans et on ne peut pas dire qu'il aborde cette cinquantaine de manière totalement décomplexée. Dans la même année, il vient de perdre ses parents et son boulot. Ses enfants sont loin, son fils au Canada ne lui donne plus guère signe de vie. Sa femme travaille à l'étranger et il ne saurait dire s'ils s'aiment encore... Bref ! Tout va très bien Madame La Marquise...

C'est peut-être l'occasion pour Yvan de prendre un virage, tourner une page, rebondir. Sa piste d'atterrissage, c'est un havre de paix chez un couple d'amis du Jura qui lui prête une maison, un endroit pour se poser, se reposer, entreposer des cartons qui contiennent toute une vie, la sienne, celle de ses parents...

C'est la fin de l'hiver. La neige ici est un personnage à part entière. Elle ne se contente pas de recouvrir le paysage. Yvan avance avec peine dans cette poudreuse qui vient recouvrir ses dernières illusions, avance presque à contre-courant... Les premières planches saisissent magnifiquement ce mouvement presque désespéré, Yvan derrière ses lunettes de soleil, regardant le ciel ou quelques pans de sa vie que les nuages dessinent.

Yvan va tout d'abord habiter cet espace-temps comme une fin. Il se laisse happer par le quotidien, se laisse un peu aller, une sorte de dérive lente, lancinante, puis de ce quotidien presque anodin il s'en empare aussi, saisit quelques occasions fugitives, presque éphémères pour tenter d'inventer quelque chose, refaire surface. Sans s'en rendre compte, il finit par toucher le fond...

Une fois qu'on a touché le fond, que reste-il à faire ? Y rester ou bien remonter à la surface d'un coup de pied, renaître. Ce roman graphique est une magnifique renaissance.

À quoi s'accrocher alors, à quel fil pour remonter vers la lumière, vers la neige qui fond déjà, vers les visages de celles et ceux qui sont quand même là, reviennent, toujours fidèles, on appelle cela l'amitié.

Une histoire se promène en filigrane de ce récit, datant de trente ans, lorsque Yvan et ses amis avaient vingt ans et se moquait d'un quinquagénaire, « un pauvre con de cinquante ans » disaient-ils alors, ils avaient saccager l'intérieur de sa maison où ils avaient fait la fête, cette histoire est à la fois drôle et triste, résonne plus tard avec un goût amer... Elle revient dans le récit, dérange aussi et dans sa révélation presque théâtrale, elle apparaît comme quelque chose de sidérant, redonnant sens, comme si les histoires qu'on se fabriquent innocemment à vingt ans servaient à cela trente ans plus tard.

La vie passe, comme la neige qui fond sur un versant au soleil.

Entre les planches dessinées avec acuité, s'invitent des photos, celles d'objets découverts dans les cartons d'Yvan, en provenance de la maison de ses parents. Des objets désuets, parfois inutiles, on pourrait rire de ces photos, mais la nostalgie qui en émane s'invite comme une petite musique qui nous rappelle des souvenirs.

J'ai trouvé ce récit touchant, mêlant profondeur, autodérision et légèreté. Je m'y suis retrouvé à certains moments comme devant un miroir qui revenait...

J'ai découvert que les trois auteurs de cet album, Étienne Davodeau, Joub et Christophe Hermenier, qui sont amis, venaient eux aussi de passer le cap de la cinquantaine au moment d'imaginer cet album. D'ailleurs, le personnage d'Yvan est totalement inspiré de ce qu'a vécu Christophe Hermenier.

« On arrive à La Cinquantaine,

moitié sage, moitié fou

Le cul assis entre deux chaises

à tenter d'en joindre les bouts

Sur la route de la chimère

on se retrouve souvent un jour

Pour faire le compte de ses guerres,

des petites joies, des grands amours

Et c'est tout ».

Serge Reggiani
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Les couloirs aériens

Il y a des livres, des chansons, des poèmes, des films, qui font mouche à un moment de notre vie sans que l’on sache vraiment pourquoi. Ici pour moi, je sais.

D’abord parce que c’est bien fichu, bien dessiné, bien fabriqué, bien écrit.

Ensuite parce que l’auteur avait quelque chose à dire, de bien précis, de bien net.

Enfin parce que si vous avez la tranche d’âge concernée : en gros autour de la cinquantaine, mais un peu plus ou un peu moins cela fonctionne quand même, de grands enfants (indispensable) et des questionnements sur l’existence, le sens de tout ce bordel autour, alors vous êtes la cible.

Très belle lecture pour le public que je viens de décrire.

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Les couloirs aériens

La nostalgie et la mélancolie de ce quinquagénaire, orphelin dans l'année, de ses parents et de son travail, mais aussi en bonne partie de sa famille et de ses souvenirs ne m'a pas ému.



Son histoire des plus classiques manque de chaleur comme la nature du Jura en hiver où il est aller se "ressourcer", ses rencontres restent inabouties, pas de sa faute, plutôt de sa résignation permanente; pour lui, semble-t-il, point de salut en dehors des années 70 quand il avait 20 ans.



Alors, il liquide les souvenirs, avec amertume, lassitude, il est vraiment paumé dans un couloir non aérien, dans la neige et le temps écoulé. La nature l'entoure, il ne la voit pas.



Les visages dessinés des personnages sont d'une tristesse totale, même quand ils tentent l'humour.



Ne vous perdez pas dans les couloirs du temps de ce pauvre homme, il n'y a guère d'issue.



Une conclusion positive quand même : il est en vie.
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Les couloirs aériens

Ce n’est pas le grand Davodeau, mais quand même une belle BD. Tout val mal à l’approche des 50 ans du narrateur. Surtout quand la nostalgie de la jeunesse et des potes lui torture l’esprit. Il tente de se ressourcer dans un chalet entouré de neige et de faire le tri dans les objets de ses parents et de son enfance. Les cartons lui révèlent des souvenirs et les choses de la vie. Parfois drôle et peut-être trop réaliste.
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Leconte fait son cinéma

Patrice Leconte est actuellement l’un des plus grands réalisateurs français de film. Il s’est fait remarquer grâce à des comédies assez populaires qui ont marqué les années 80 comme la série sur les bronzés par exemple. C’est le film « Ridicule » qui lui permet d’avoir le césar du meilleur réalisateur en 1997 mais il loupe de peu l’oscar du meilleur film étranger.



Ce que l’on sait un peu moins, c’est qu’il a travaillé dans le magazine hebdomadaire de bande dessinée «Pilote» au début des années 70. Quand on sait que ce journal a eu une influence déterminante sur le marché français, on comprend qu’une BD documentaire lui est enfin consacrée.



C’est Joub et Nicoby qui ont la responsabilité de mettre en avant la vie de Patrice Leconte où l’on découvre les coulisses du cinéma au travers de nombreuses anecdotes et des souvenirs à travers un échange de conversation.



J’adore toujours autant le trait graphique de Nicoby qui fait dans la finesse malgré la simplicité. C’est toujours agréable à regarder et cela rend le récit assez vivant, frais et aéré.



Sur le fond, on fait la connaissance de Patrice Leconte qui est une personne plutôt sympathique et surtout très travailleur qui laisse libre court à la création artistique. Il a commencé son métier à 27 ans avec un premier film en 1976 (« Les Vécés étaient fermés de l'intérieur ») qui n’a pas eu de succès avec Jean Rochefort et Coluche. Il a ensuite connu le succès avec sa série sur « Les bronzés » en embauchant la troupe du splendide (année 1978 et 1979).



Les années 80 sont florissantes pour Patrice Leconte qui collabore avec de nombreux acteurs français comme par exemple Michel Blanc, avec qui il scénarise notamment les comédies, « Viens chez moi, j'habite chez une copine » en 1980, « Ma femme s'appelle reviens » en 1982 et « Circulez y'a rien à voir » en 1983. Il aime bien également tourner avec Jean Rochefort qui ne m’a jamais trop ménagé.



Après les comédies qui ont contribué à sa célébrité, vient le temps des drames avec «Tandem » en 1987, « Monsieur Hire » en 1989 et « Le Mari de la coiffeuse » en 1990. Il manie plusieurs cordes de l’arc cinématographique avec un sens affûté du cadrage, du dialogue et du jeu d’acteur.



On s’aperçoit que très souvent, les projets de film tombent à l’eau pour des raisons aussi diverses que des retards liés aux agendas des acteurs qui ne sont pas compatibles. En 40 ans, il dit avoir réalisé 30 films dont également 30 films qui ne sont pas produit. Cependant, une fois le film lancé, c’est tout un processus qui se met en place et qu’on verra vers la fin de cet album avec «Maigret».



C’est une BD documentaire assez intéressante sur une tranche de vie d’un réalisateur qui enchaîne plusieurs projets en même temps (cinéma, théâtre, littérature…). Visiblement, il est plutôt accessible et ne s’enferme pas dans une bulle. On peut le croiser sur la table d’un café au beau milieu d’un village. Le mode reste celui du réalisme avec cette conversation qui s’étale sur tout un album mais qui demeure très vivante.



Patrice Leconte porte un regard lucide et critique sur ses œuvres et sa carrière en admettant ses erreurs. J’aime beaucoup cette humilité. A vrai dire, je ne connaissais pas du tout cet homme. Cette BD présente des bons aspects mais on ne doute pas de la sincérité des auteurs. Certes, ils sont fans et connaissent parfaitement l’œuvre du cinéaste. On sait également qu’on croise dans ce milieu des grosses têtes à claque. Mais bon, c’est à l’opposé de Patrice Leconte qui manifeste le désir de collaboration dans un souci créatif.



Au final, ceux qui s’intéressent au cinéma et surtout à ses coulisses ainsi qu’au métier de réalisateur pourront trouver leur compte avec cette biographie très intéressante et réaliste. Il faut dire que tout le monde a bien joué le jeu et cela s’en ressent au niveau du résultat.



J’en profite pour dire que Spielberg sort actuellement un film « The Fabelmans » qui raconte ses débuts de réalisateur en partant de son enfance. C’est le même type de démarche pour nous présenter le métier dans un magnifique hommage au cinéma. Leconte fait également une magnifique déclaration d’amour à son art avec tendresse et bienveillance. Un hommage au septième art qui ne pourra que faire vibrer les cinéphiles…

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Les couloirs aériens

Après ses bandes dessinées plutôt sociales, Davodeau revient à une forme plus intimiste. Le héros, Yvan, a cinquante ans et il connait une crise existentielle. Sa femme est partie travailler à l'autre bout du monde, ses parents viennent de mourir et il doit trier leurs affaires, ses enfants se moquent gentiment de lui et eux aussi vivent leur vie. C'est auprès d'amis d'enfance, et retiré dans un chalet montagnard, qu'il va devoir passer quelque temps avant de prendre des décisions pour la suite de sa vie.



Beaucoup de nostalgie mêlée à de l'auto-dérision donne à cet album un effet miroir quand on réalise ce qui nous rapproche du héros...Ou comment faire un bilan de sa vie sans toujours revenir à un passé idéalisé. Et comment se servir des leçons du passé pour rebondir et pouvoir, comme Yvan, de nouveau vivre et aimer...
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Traits intimes

Interroger l’intimité de l’autre pour tenter de se comprendre soi-même.

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Ce tome contient une histoire, ou un témoignage, indépendant de toute autre. Sa première édition date de 2019. Il a été entièrement réalisé par Joub (Marc Le Grand), pour le scénario, les dessins et les couleurs. Il comprend soixante-huit pages de bande dessinée. Il s’ouvre avec une introduction d’une page, un texte intitulé Les pas de côtés, rédigé par Fabien Grolleau, pour Vide Cocagne. Il évoque les albums à écrire, les commandes à exécuter, les livres à terminer, et puis il y a les pas de côté. Il continue : Pour Joub qui débutait une nouvelle vie entre Bretagne et Guyane, et qui s’interrogeait sur sa carrière d’auteur, il a été vital de faire ce pas de côté : il lui est alors venu l’idée de se confronter au corps de l’autre, d’utiliser son dessin pour emmener ses modèles à se raconter. Interroger l’intimité de l’autre pour tenter de se comprendre soi-même.



Lana : En novembre dernier, elle a posé pour la première fois à un court d’art. Là, elle a rencontré un monsieur qui lui a proposé, d’un ton grave, de faire des portraits un peu particuliers. Deux jours après elle était chez lui, nue en train de raconter sa vie sexuelle. Ça ne la dérange pas, elle aime bien parler d’elle. Elle ne comprend pas ce qui lui plaît chez elle. Elle est sûre qu’il veut coucher avec elle. – Marie : elle n’a jamais aimé son corps. Depuis son adolescence, elle s’est toujours trouvée vilaine. Après ses quarante ans, elle s’est sentie plus à l’aise. Peut-être parce que les gens lui disent qu’elle est belle. Et elle le voit dans le regard des hommes. Ce qui la rend triste, c’est que son mari ne lui ai jamais dit.



Élodie : Elle a 35 ans et elle trouve que son corps n’a pas été assez exploré. Du coup, elle se sent frustrée de contacts physiques. On n’a pas assez mordu le lobe de ses oreilles, joué avec ses seins, son corps. Elle voudrait plus de câlins, de caresses, de contacts. Aujourd’hui elle veut qu’on joue avec elle. Elle veut que son corps soit un immense terrain de jeu. – Nina : Elle trente-quatre ans. Elle est une belle femme, consciente de son pouvoir de séduction. Par contre, elle n’aime pas montrer son corps. Pour elle, ça n’a aucun intérêt. À la plage, par exemple, si elle n’est pas dans l’eau, elle ne reste pas en maillot de bain. Une fois sortie, elle se rhabille rapidement. Elle considère que son corps n’appartient pas au domaine public mais privé. Elle est plus à l’aise, plus libre dans l’intimité de son couple. - Simone : Elle perçoit son corps comme un compagnon qu’elle voit grandir, vieillir. Elle l’aime bien. Même si certaines évolutions sont plus difficiles à accepter que d’autres, comme le fait de prendre du poids. Gamine, elle était mince et musclée quand elle faisait de la danse classique. On l’appelait le haricot vert. À quarante-deux ans, elle n’est plus grassouillette. Elle a pris du poids. Par tranches de dix kilos. Ça a pu la gêner dans l’intimité de son couple, mais ça n’a jamais déplu à son compagnon. En revanche, elle est bienveillante face aux signes de vieillissement style rides ou cheveux blancs. Finalement, elle se trouve pas si mal.



Le lecteur commence par sourire au jeu de mots du titre : Très / Traits intimes. Puis il parcourt le texte d’introduction et note le principe de pages réalisées pour le plaisir, en dehors des obligations professionnelles de forme variée, l’auteur partageant son temps entre des séjours en Bretagne et des séjours en Guyane. Le court texte de la quatrième de couverture et la première histoire explicite le principe : mettre en scène le corps, souvent dénudé, d’un modèle consentant, tout en notant en de courtes phrases, son rapport au corps tel que le sujet l’expose. Chaque modèle est exposé en une page qui porte son prénom comme titre, composée de six cases de taille identique, disposées en trois bandes de deux cases chacune. Le lecteur découvre ainsi cinquante portraits réalisés avec cet angle d’approche. Trente-neuf femmes, onze hommes. Des pages réalisées à la peinture avec un trait de couleur coloré pour délimiter les formes, et un mode de couleur directe pour les zones ainsi détourées. En plus de ces portraits, l’auteur évoque plusieurs moments de sa vie : dix-sept moments, intégrés deux par deux, sauf pour le dernier, dans deux pages en vis-à-vis, page de gauche et page de droite. À chaque fois, l’auteur donne un titre composé d’un lieu et d’une date : Saint-Méloir-des-Bois 30/08/16, Saint-Méloir-des-Bois 01/09/16, Saint-Méloir-des-Bois 02/09/16, La Rochelle 03/09/16, Paris 06/08/16, Rue Victor Hugo 05/11/16, Vol TX 570 pour Cayenne 06/11/16, Cayenne 29/11/16, Copinstant 04/12/16, Cayenne 10/12/16, Corbeil 01/14/17, Cayenne 14/04/17, Cayenne 06/05/17, Copistant 04/06/17, Cayenne 26/03/18, Cayenne 30/04/18, Cayenne 02/06/18.



Le lecteur commence par découvrir le corps de Lana, entièrement nue : ses fesses, son tronc de face, à nouveau ses fesses deux fois, puis le haut de sa cuisse droite, et enfin son ventre. L’artiste ne choisit pas des cadrages ou des postures pornographiques, pas forcément d’intention érotique non plus. Le corps présente une belle couleur entre doré et brun, le visage de Lana reste invisible, en dehors du cadrage des cases. Marie porte une culotte et un soutien-gorge, ainsi que des talons hauts, son visage reste également hors cadre. Élodie est entièrement nue, son visage reste hors cadre. Au total, le lecteur pourra voir le visage de trois modèles : Zendaya, Attilia, Laurence. Pour autant, le texte qui accompagne chaque portrait apporte une touche personnelle pour chaque corps. Le point de vue du modèle sur sa relation avec son corps s’avère différent à chaque fois, portant un trait de caractère par ce qu’il raconte. Au fil des portraits, l’artiste prend de l’assurance et ne se sent pas enfermé dans son dispositif. Ainsi dix-sept modèles féminins sont habillés en tenue présentable en société, ni nues, ni en sous-vêtement, et il en va de même pour quatre modèles masculins. Les cases de la page consacrée à Milla montrent des portions de chaussée d’une route, des palettes dressées en barrière et des pneus.



Le lecteur comprend que l’artiste a discuté avec ses modèles pour travailler ensemble sur la manière dont ils souhaitent être montrés, être exposés, en fonction de leur relation avec leur corps, en fonction de la représentation qu’ils en ont, des zones qu’ils préfèrent ou non, souhaitant que le dessin évite lesdites zones ou au contraire les mettent en scène. Le choix de ladite mise en scène se fait aussi sur l’absence majoritaire de décor dans ces portraits, et sur un ou deux accessoires. Cécile se trouve dans son jardin avec son panier, manie le sécateur dans une page, caresse une fleur dans une autre. Thierry est dans sa salle de bain, en train de se raser. Antoine effectue des exercices physiques sur le sol en intérieur. Princesse achève d’ajuster sa robe et sa ceinture. Christophe se roule une clope, gratouille un peu sur sa guitare, déguste une bière. Alain change la couche de son bébé. Dès la première page, le lecteur remarque le travail de mise en couleur pour la peau de Lana : texturée, souple, captant la lumière. Dans le même temps, si son regard s’attarde un peu sur le mode d’application de la couleur, il voit l’équivalent de trait de pinceau, d’effets de texture, de grain, de nuance sans rapport avec la réalité observable à l’œil : un travail sophistiqué pour obtenir un tel résultat final. Pour Marie, la peau prend une teinte marron mâtiné de gris, peu naturelle dans sa couleur, mais organique dans l’apparence. Une dizaine de pages plus loin, il retrouve une couleur de peau similaire pour Marcel, puis pour Mary-Loo une quinzaine de pages encore plus loin. La peau de Cassandre se situe en gris et bleu. Celle de Lucie vire à l’orange-ocre. Celle Nounouz apparaît violet tendance prune, celle de Nono violet tendance aubergine. Un savoir-faire épatant de l’usage de la couleur pour des textures de peau organiques et plus vraies que nature.



Le lecteur découvre les confidences des modèles, toutes différentes de par leur personnalité, avec des thèmes variables : aimer son corps ou non, avoir un rapport affectif au corps qui évolue avec le temps, être en manque de contacts physiques (câlins, caresses, mordillages, etc.), le pouvoir de séduction, la pudeur, la prise de poids qui accompagne la prise d’âge, l’entretien du corps par l’exercice physique, la nourriture saine, ou au contraire une absence d’intérêt à s’occuper de son corps, un regain de sensualité, l’éventualité de la prostitution, la maladie, l’envie de faire des découvertes, d’expérimenter, la masturbation, le plaisir de porter des talons hauts, l’importance de l’odeur corporelle et des parfums, la fluctuation de poids en fonction de l’état émotionnel, un système pileux trop développé, les tatouages pour habiller le corps ou pour exprimer sa personnalité sur sa peau, les complexes ou leur absence, le besoin de changer d’apparence pour briser la monotonie, l’image publique de soi, l’apparition du bide, la possibilité de la chirurgie esthétique, etc. La majeure partie des modèles sont contents de leur corps, soit parce qu’ils le trouvent beau ou séduisant, parce qu’ils ont appris à l’aimer avec ses imperfections. La plupart des modèles donnent leur âge : 20 ans pour le jeune, 60 pour le plus vieux, dont dix-huit âgés de plus de quarante ans.



Dans le même temps, le lecteur découvre les intermèdes, ces séquences intercalées deux par deux qui évoquent la vie de l’auteur. Il a adopté la même mise en page que pour les portraits, six cases par page, disposées en trois bandes de deux, et des cadrages sur des éléments entre détail et décor. L’esprit de l’auteur vagabonde : profiter de moments de solitude, réfléchir aux prochains projets en cuisinant, tailler les arbres en se demandant où il sera la prochaine saison, penser à emménager à La Rochelle, glander à Saint Malo, voyager en train, effectuer un voyage en avion, se faire dorer la pilule sur la plage de Cayenne, planifier les projets à venir, attendre les coups de fils, se retrouver à Corbeil pour un festival de photographies, se retrouver seul dans sa maison, débuter un projet sur la relation au corps. D’un côté, c’est le souvenir de fil en aiguille qui a amené à débuter ce projet, et la boucle est bouclée : de l’autre, ce sont des instantanés de vie. Une vie unique et singulière de bédéiste avec une vie partagée entre métropole et département d’outre-mer, mais aussi une vie banale d’interrogations et de projets, de rapport à son existence, sans question sur son corps, ce qui produit comme un effet d’absence criante par rapport au thème de l’ouvrage.



Impossible de soupçonner ce que recèle cet ouvrage à partir de sa couverture ou du texte de quatrième de couverture, ou même en le feuilletant et en regardant des morceaux de corps, souvent dénudés. Un artiste qui regarde et restitue la personnalité d’individus, en leur consacrant une page de six cases, composés de gros plans ou de plans rapprochés sur telle ou telle partie de leur corps, en recueillant leur façon d’envisager leur corps en quelques phrases. Mais aussi des voyages en mouvement de balancier entre la métropole et la Guyane, en réfléchissant à ses projets et à sa vie de famille. Une étonnante anthologie réalisée par un seul et même artiste, entre observation de l’autre, et fragments de vie conduisant vers ce projet. Attention contient de vrais morceaux de vie, des individus véritables sans fard.
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Les couloirs aériens

Coup de cœur pour ces couloirs aériens au ton tellement juste.

Yvan la cinquantaine vient de perdre sa mère, son père et son travail. Sa femme est partie pour un nouveau poste en Asie et il ne sait plus très bien si son mariage est fini ou non. Leurs deux enfants sont grands et mènent leur vie, l’une à Paris et l’autre au Canada. Yvan vient de vendre son appartement parisien et va être hébergé pour quelques mois dans une maison isolée que possède un couple d’amis. L’occasion de faire le point sur lui et sur la suite de sa vie.



Je ne sais pas si c’est parce que j’ai à peu près le même âge que le héros, mais cette bd m’a beaucoup touchée. Fruit des réflexions et des expériences des trois auteurs, elle aborde à peu près tous les sujets sensibles à cet âge : la maladie et/ou le décès des parents, le départ des enfants et la fin de la vie quotidienne en famille, l’usure du couple, les amitiés de plus de trente ans etc..

Tout cela n’est pas très gai en soi et Yvan, le héros, a du vague à l’âme à revendre ! Mais c’est vraiment traité avec une justesse formidable, un peu de mélancolie et pour finir, une belle dose d’optimisme. Car bien sûr la vie continue malgré les épreuves et elle peut être très jolie si on s’en donne la peine. A noter que dans ce récit, les femmes apparaissent bien plus solides que leurs maris ou compagnons !



Un seul bémol pour moi : si les paysages du Jura donnent envie d’y aller séjourner, j’ai trouvé les dessins des visages des personnages un peu tristes et ternes (j’avais le même reproche pour Lulu femme nue de Davodeau également).

Mais cela reste un détail par rapport à la qualité de l’ensemble et cet album est une vraie réussite. A lire et à relire sans modération.



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Les couloirs aériens

Auteur majeur de la BD de reportage au long cours ( Les mauvaises gens/ les ignorants, entre autres incontournables du genre), Etienne Davodeau revient cette année à la fiction dix ans après l'avoir quitté avec ce Lulu femme nue adapté au cinéma par Solveig Anspach pour un des meilleurs rôles de Karin Viard à ce jour.



Ce virage ne l'empêche pas de continuer à creuser son sillon singulier et réussit pleinement à conjuguer réalisme et romanesque avec une narration très dialoguée et une petite musique du quotidien qui touche énormément par sa justesse et son universalité.



C'est dans le Jura, en plein hiver, dans une maison prêtée par des amis qu'Yvan est venu poser ses affaires, ses doutes et questionnements. Cette fameuse crise de la cinquantaine qu'il vit, ce bilan à mi-chemin d'une vie tout le monde qui a atteint la quarantaine pourra tout à fait s'y projeter et c'est peut être pour cela que cet album nous touche énormément .



Yvan, le personnage principal des "Couloirs aériens". a tout perdu: son travail ses deux parents et sans doute son épouse partie en Asie travailler et part dans le Jura enneigé, dans une maison de campagne prêté par deux amis pour tenter de rebondir et de faire le point sur son existence.



Pour parler du difficile cap de la cinquantaine, qui amène souvent un bilan amer sur sa vie et sa confrontation à ses idéaux de jeunesse, Etienne Davodeau s’entoure cette fois de ses deux comparses, Christophe Hermenier qui l’accompagne au scénario et à la photo et Joub (de son vrai nom Marc Le Grand , avec qui Davodeau a crée un studio ensemble à ses débuts et ont souvent collaboré pour des travaux diverses ) pour la couleur



Les trois compères sont partis de leurs histoires et souvenirs personnels et l'ont agrément d'un un brin de fiction et de romanesque pour consolider les ramifications le scénario. On pense parfois aux personnages des romans de Philippe Djian en lisant les couloirs aériens, mais ici dépourvu du moindre cynisme qu'on peut parfois trouver chez l'auteur de 37,2 le matin et avec un désenchantement plus serein quand même.





Etienne Davodeau continue en tout cas de s'affirmer comme un formidable portraitiste de l'intime, et un peintre des gens modestes



Basé sur des photos prises par Christophe Hermenier, ces objets illustrent l'histoire d'une vie dont le décor d'une vie familiale comme tant d'autres et convoquent les souvenirs avec énormément de pudeur et de sensibilité, un peu à l’image d’un carnet intime.



Moins social que ses précédentes œuvres, en tout cas, moins frontalement, "Les couloirs aériens" disent néanmoins énormément de choses sur la difficultés du monde actuel et parvient à rendre ces personnages un peu en perdition profondément attachants.



Une chronique sociale et intimiste qui évite largement piège de la nostalgie putassière avec énormément de talent et un peu de dérision.




Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Il s'appelait Geronimo

Geronimo a un jour disparu...

Quelques années plus tard, c'est Manu qui refait surface en reprenant contact avec un vieux copain de jeunesse, espérant par son intermédiaire retrouver les traces d'un passé familial inconnu.



En dépit d'un bel album cartonné mis en pages par les éditions Vents d'Ouest, je referme cette bande dessinée sans enthousiasme.



J'ai trouvé cette histoire décevante, voire même un peu mièvre. Il est question de rêve de gamin, d'évasion et de bel avenir: partir d'une ferme modeste pour conquérir l'Amérique. L'idée de l'usurpation d'identité ouvrait des perspectives de réflexion intéressantes mais qui ont fait un "flop". La destinée de Geronimo/Manu est assez convenue, entre coïncidences et rencontres improbables. On n'y croit pas un seul instant. On s'attendrait à un peu plus de drame ou de polar.



Son parcours géographique permet quelques belles mises en scène graphiques mais l'histoire humaine reste superficielle et le happy end est un peu trop mélo à mon gout.



Cordiaux remerciements à Masse critique et à Vents d'Ouest Editions.
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Les couloirs aériens

Quand une BD d'Etienne Davodeau sort et est présente à ma bibliothèque, je m'empresse de la découvrir car j'aime beaucoup l'ambiance et les thèmes de ses ouvrages....



La fameuse crise de la cinquantaine voilà de quoi il est question ici et quand on arrive à ce virage on peut être également confronté au deuil, à la perte de ses parents, à des changements de relations familiales et c'est ce qui arrive à Yvan. Il a récemment perdu son boulot, ses parents, a dû vider l'appartement de ceux-ci, sa femme est partie travailler à l'étranger et il ne sait pas trop d'ailleurs où il en est dans son couple. Sans compter ses enfants qu'il ne voit plus beaucoup car ils vivent loin et mènent leurs propres vies. 



C'est dans le Jura qu'il trouve refuge, chez des amis et c'est l'occasion pour lui de faire une sorte de bilan de sa vie et d'imaginer un futur tout en fixant sur la pellicule les objets du passé avant que ceux-ci disparaissent faisant remonter ainsi les souvenirs, la nostalgie. Faire de la place mais sans oublier, garder des traces comme le temps en laisse sur les visages et les corps, repartir sur de nouvelles bases en empruntant d'autres chemins.



50 ans, le presque milieu d'une vie et Etienne Davodeau l'aborde avec une certaine mélancolie désabusée mais avec comme toujours une pointe d'humour et de dérision. Où sont les rêves d'antan, que sont devenus la famille, les relations, les amis ? 



Dans la solitude d'un petit village de montagne, il va trouver un peu d'amour consolatoire, de l'amitié, des rencontres furtives qui vont le guider sur les routes du reste de sa vie. Ce qui est important, ce qui l'est moins et qui va se résumer finalement à quelques mots au final.



Un récit doux-amer comme la vie, à la fois tendre et mélancolique mais sans jamais sombrer dans le désespoir, Etienne Davodeau trouve toujours le chemin pour nous parler de lui, de nous, de notre monde, de notre société et de nos questionnements, de nos doutes et surtout de nos espoirs. 



Après Lulu femme nue 1 et 2, Le chien qui louche et Les ignorants, Etienne Davodeau raconte en dessins mis en couleur par Joub et avec l'insertion des photographies de Christophe Hermenier une étape à laquelle nous sommes tous un jour confronté, qu'il aborde, lui, entouré de ses amis, avec la lucidité et la franchise qu'on lui connaît et la lecture est comme à chaque fois une bulle de vie, d'humour mais aussi de réflexion.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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Les couloirs aériens

Cette bande-dessinée ne m'a pas vraiment enthousiasmée, essentiellement parce que le personnage principal ne m'a pas paru très sympathique, et du coup j'ai eu du mal à compatir à ses états d'âme. C'est vrai qu'il lui est tombé beaucoup de choses sur le dos en peu de temps (il a perdu ses deux parents, son travail, sa maison et sa femme travaille à l'étranger). Il y a de quoi déprimer, mais il se montre quand même extrêmement passif. Après tout pourquoi ne rejoint-il pas son épouse à Taïwan puisque plus rien ne le retient en France ? A la place, il se morfond sur son angoisse de perdre son épouse et n'hésite pas à la tromper lorsque l'occasion se présente. Et pour le reste, c'est un peu pareil...



En plus, toute la bande-dessinée transpire la tristesse : il n'y a pas la moindre lueur d'espoir. Tout paraît tourner plus ou moins mal .
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Maroni, les gens du fleuve

Le Maroni est le fleuve qui sert de frontière entre la Guyane française et le Surinam. Onze auteurs de bande dessinée s’y sont rendus dans le cadre d’un échange et de découvertes. Le livre est un ensemble de petites histoires aux tons, aux genres et aux styles très variés. On y trouve du carnet de voyage sans vraiment d’histoire avec Emmanuel Lepage ou Jean Louis Tripp, l’humour avec Nicoby, le récit militant et dénonciateur de Joub, la fiction sociale sous forme de nouvelles avec Aude Mermilliod, la pure fascination esthétique d’Éric Sagot, le témoignage avec Terreur Graphique…



On pénètre dans ce fleuve amazonien, dans la forêt dense, on découvre les eaux polluées par les orpailleurs, les conditions de vie rudes et parfois violentes, la pauvreté… L’hétérogénéité des pages permet d’englober beaucoup d’informations dans différentes directions et cela donne une vision très riche et très complète et finalement très globale malgré l’apparente cacophonie. Chacun a choisi un angle de vue différent avec des résultats tous très intéressants.

Un très bel ouvrage, riche et édifiant.
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Les couloirs aériens

Le réchauffement climatique a tué les oiseaux, la crise sanitaire a vidé les couloirs aériens. Alors je n’ai plus aucune raison de plonger mes yeux gris dans le ciel gris de l’hiver. Je noie mon chagrin dans un verre de vin, puis deux, puis trois… Gris, je me plonge dans la lecture de cette bande dessinée et je me laisse séduire par cette histoire de vie. Yvan a cinquante ans. Il a perdu ses cheveux, son travail, ses parents… Il est en train de perdre aussi sa femme et ses enfants. Différemment. Ils se sont perdus dans « les couloirs aériens ».





Autant le scénario est touchant, autant le dessin est impossible. Pardon monsieur Davodeau, mais non seulement les personnages sont d’une laideur sans pareille, mais en plus on ne distingue ni leur âge, ni leur sexe, ni leur regard… Choix de l’artiste ? Je lui laisse le bénéfice du doute !
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