LK Scarlette

J’ai décidé de tenir la promesse que je lui avais faite ce jour- là. Pour sa vie, je vais me battre avec la rage au ventre. Je ne sais pas comment tout ceci se finira, mais une chose est sûre... Je chérirai tous les moments passés ensemble comme une putain de bénédiction. Cette rencontre incroyable entre elle et moi. Cette complète opposition entre nous deux qui, au final, n’a fait que nous attirer l’un vers l’autre... Putain, je pensais pas que c’était possible d’aimer autant une personne ! Maintenant que je l’ai trouvée, cette partie de moi qui m’a toujours fait défaut et qui je l’espère bat encore dans sa poitrine, il est hors de question que j’y renonce.

Je souris en me redressant d’un bond et réfléchis à une réponse appropriée. Le simple fait de le savoir à l’autre bout de la ligne suffit à faire augmenter ma pulsation cardiaque. Je l’imagine, penché au- dessus de son téléphone, sa longue mèche lui retombant sur le front avec ce sourire qui me fait perdre la tête. Oh purée ! Mais qu’est- ce qu’il m’arrive ?!! Je ne comprends pas pourquoi mon corps réagit de façon si ... étrange et... agréable. Je relis trois fois le message que je viens de taper et hésite à l’envoyer. Je le fixe et me demande si je ne vais pas regretter cette question pour le restant de mes jours. La nouvelle Elsa finit par prendre les devants et mon doigt appuie sur la touche pendant que l’ancienne Elsa ferme les yeux.

Quel sacré numéro que cette Mme Thompson… Dire qu’elle est tête en l’air serait un doux euphémisme… Cela fait maintenant quatre semaines que j’évolue dans sa boutique comme un poisson dans l’eau. Dans cette ambiance florale et détendue, j’ai pris mes marques assez rapidement. Les premiers jours n’ont pas été de tout repos puisqu’il a fallu tout nettoyer. Des murs jusqu’au plafond et j’en passe, j’ai découvert ce que travailler avec acharnement signifie, mais pour rien au monde je ne regrette mon choix. C’est tout le contraire en fait… Rose est une patronne adorable et je remercie le ciel et surtout Tony de me l’avoir présentée. Grâce à eux, j’ai obtenu mon visa de travail et désormais je peux enfin prétendre à la location d’un appartement. J’ai aussi passé beaucoup de temps avec les filles et petit à petit, une belle amitié semble s’installer entre nous. Mes journées sont désormais réglées comme du papier à musique et ma nouvelle vie m’aide à prendre cette autonomie qui me faisait cruellement défaut. Mon apparence elle aussi a radicalement changé. Terminé les tenues trop formelles. Depuis ma virée shopping avec Lauren, j’évolue désormais dans un style plus léger et davantage féminin. Dire que j’assume totalement mon corps serait un mensonge, mais progressivement, la petite fille en moi disparait pour laisser place à cette femme qui ne demandait qu’à exister.

Son prénom c’est comme un mauvais présage, dès qu’il franchit mes lèvres j’ai l’impression malsaine que les emmerdes ne sont pas loin. C’est ce moment-là que choisit son portable pour se mettre à sonner. Posé sur le comptoir à côté de moi, je jette un œil innocemment discret dessus. Dépitée, premièrement par la sonnerie qu’elle a choisie de lui attribuer SOMEONE LIKE YOU de Adèle…deuxièmement par ce prénom de malheur qui me fait saigner les yeux...

Il aurait pu être un magnifique spécimen masculin comme on en croise une fois dans sa vie ou dans les romans d’amour à la con dont mon amie raffole... un grand, musclé, soyons folles, un tatoué tant qu’à faire... avec une gueule à tremper son string, mais non... Dans la vraie vie, mon voisin de palier se promène à poil sur son balcon.

Pour vous la faire courte, j’ai été une enfant vraiment désirée. Mes parents ont eu beaucoup de mal à me concevoir. Après maintes, maintes déceptions, à trente-cinq ans ils sont enfin arrivés à devenir parents. Et me voilà, Victoire... j’aurais pu m’appeler Frustration ou encore Bingo !!!

Il pourrait être parfait oui, mais ce n’est pas le cas. Ce qui m’a de suite déplu chez lui c’est cet air supérieur de fils de bourge hyper rigide suivi de près par cette arrogance qu’ont ces pseudos artistes... trop intelligents pour nous, simples mortels.

— Toi, tu me caches quelque chose...
— Tu te fais des idées Lauren.
— Ecoute Elsa, je connais Whore depuis un petit moment, et là, il évitait clairement de poser les yeux sur toi. Il s’est passé quelque chose ?
— Non, absolument rien je t’assure. Depuis qu’il est venu s’excuser, je ne l'ai même pas revue.
— Ok... Vraiment bizarre ce mec... Après tout, l’important c’est qu’il arrête de t’embêter.
— Ouais... Honnêtement, nos petites prises de bec en viennent même à me manquer. En revanche, devant le ridicule de mon analyse, je me garde bien de le lui dire.

Que c’est joli !!! Elsa mon enfant, vous avez des doigts de fée. Mme Thompson m’observe avec bienveillance tandis que je rajoute quelques feuillages à ma composition.— Merci Rose, mais vos pivoines y sont pour beaucoup. Regardez comme elles sont belles. Je ne fais que leur rendre honneur. Saviez- vous que la pivoine exprime un désir de protection et de fidélité? La vieille dame se contente de me sourire avec gentillesse pendant quelques secondes avant de jeter un œil à l’horloge.

L’amour rend aveugle.

Moi perso ce que j’en pense, c’est que ça nous rend complètement con, mais alors vraiment con. Et faible aussi, oui, faible et débile. Jamais ça ne m’arrivera oh non !! Plutôt mourir !!! Il n’est pas né celui qui arrivera à me rendre aussi niaise, foi de Victoire !!! Franchement, pas une seule fois je n’ai connu un truc du genre et personne ne m’a donné envie d’aller plus loin. Des coups d’un soir sans prise de tête, ça me suffit pour l’instant.