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Citation de AuroraeLibri


Loin du consensus

La capitale de l’Empire romain est moins un lieu d’innovations doctrinales que le sanctuaire de la tradition de Pierre et Paul. « Là où est Pierre, là est l’Église », affirme saint Ambroise. Aussi, pour mettre fin à de violentes querelles de clochers qui divisent différents mouvements chrétiens à Antioche à la fin du IIIe siècle, l’empereur Aurélien déclare, excédé, que le pouvoir épiscopal reviendrait « à ceux qui seraient en communion avec l’évêque de Rome ».
Pour autant, cette soi-disant préséance du pape de Rome face aux autres Églises est loin de faire consensus. À de multiples reprises, les initiatives du vicaire de Pierre se soldent par un fiasco. Victor de Rome en fait l’expérience à la fin du IIe siècle, lors de sa tentative d’instaurer une date commune à l’Orient et à l’Occident pour célébrer Pâques. L’évêque d’Éphèse refusant de se ranger à ses vues, le Romain se croit permis d’excommunier toute l’Asie mineure, provoquant l’indignation du clergé oriental. De même, lors d’une controverse sur le baptême au milieu du IIIe siècle, Étienne de Rome fait valoir sa primauté sur ses confrères orientaux en invoquant les paroles de Jésus : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église. » C’est à une fin de non-recevoir qu’il se heurte.
L’idée de primauté romaine est nuancée par les Orientaux, qui arguent, non sans raison, que si « l’Église de Rome […] a été depuis les commencements la capitale de la piété », « ceux qui lui ont transmis la foi sont venus à elle de l’Orient ». Une façon courtoise de garder ses distances vis-à-vis du successeur de Pierre… Cette attitude va culminer au IVe siècle, lors de la crise provoquée par l’arianisme - la doctrine défendue par Arius sema la zizanie dans l’Orient chrétien. Jules de Rome s’irrite de ne pas avoir été consulté : « Ignorez-vous donc que la coutume était qu’on nous écrive d’abord, et que de là soit proclamé ensuite ce qui était juste ? […] Ce que je vous signifie, c’est ce que nous avons reçu du bienheureux apôtre Pierre. » Mais de telles prétentions exaspèrent les évêques d’Orient - et parfois ceux d’Occident - qui estiment que Rome ne dispose pas d’une connaissance suffisante des débats les concernant : « Quelle est l’aide que nous apportent les froncements de sourcils de l’Occident ? », se demande Basile de Césarée à la fin du IVe siècle.
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