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monde des religions (03/04/2011)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
L'éditorial
Un vent de liberté

Frédéric Lenoir - publié le 01/03/2011

Le vent de liberté qui souffle sur les pays arabes depuis quelques mois inquiète les chancelleries occidentales. Traumatisés par la révolution iranienne, nous avons soutenu pendant des décennies des dictatures censées être un rempart contre l’islamisme. Peu nous importait que les droits de l’homme les plus fondamentaux soient bafoués, que la liberté d’expressio... >Voir plus
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Loin du consensus

La capitale de l’Empire romain est moins un lieu d’innovations doctrinales que le sanctuaire de la tradition de Pierre et Paul. « Là où est Pierre, là est l’Église », affirme saint Ambroise. Aussi, pour mettre fin à de violentes querelles de clochers qui divisent différents mouvements chrétiens à Antioche à la fin du IIIe siècle, l’empereur Aurélien déclare, excédé, que le pouvoir épiscopal reviendrait « à ceux qui seraient en communion avec l’évêque de Rome ».
Pour autant, cette soi-disant préséance du pape de Rome face aux autres Églises est loin de faire consensus. À de multiples reprises, les initiatives du vicaire de Pierre se soldent par un fiasco. Victor de Rome en fait l’expérience à la fin du IIe siècle, lors de sa tentative d’instaurer une date commune à l’Orient et à l’Occident pour célébrer Pâques. L’évêque d’Éphèse refusant de se ranger à ses vues, le Romain se croit permis d’excommunier toute l’Asie mineure, provoquant l’indignation du clergé oriental. De même, lors d’une controverse sur le baptême au milieu du IIIe siècle, Étienne de Rome fait valoir sa primauté sur ses confrères orientaux en invoquant les paroles de Jésus : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église. » C’est à une fin de non-recevoir qu’il se heurte.
L’idée de primauté romaine est nuancée par les Orientaux, qui arguent, non sans raison, que si « l’Église de Rome […] a été depuis les commencements la capitale de la piété », « ceux qui lui ont transmis la foi sont venus à elle de l’Orient ». Une façon courtoise de garder ses distances vis-à-vis du successeur de Pierre… Cette attitude va culminer au IVe siècle, lors de la crise provoquée par l’arianisme - la doctrine défendue par Arius sema la zizanie dans l’Orient chrétien. Jules de Rome s’irrite de ne pas avoir été consulté : « Ignorez-vous donc que la coutume était qu’on nous écrive d’abord, et que de là soit proclamé ensuite ce qui était juste ? […] Ce que je vous signifie, c’est ce que nous avons reçu du bienheureux apôtre Pierre. » Mais de telles prétentions exaspèrent les évêques d’Orient - et parfois ceux d’Occident - qui estiment que Rome ne dispose pas d’une connaissance suffisante des débats les concernant : « Quelle est l’aide que nous apportent les froncements de sourcils de l’Occident ? », se demande Basile de Césarée à la fin du IVe siècle.
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Pour subsister, les chrétiens doivent s’organiser. D’abord sanctuaire de la tradition de Pierre, l’épiscopat de Rome mettra des siècles à s’imposer comme le garant « naturel » de l’orthodoxie et de l’unité chrétienne. Une évolution qui ne se fera pas sans heurts.

«Saint Pierre, de Bethsaïde en Galilée, prince des apôtres, reçut de Jésus Christ le pouvoir pontifical suprême à transmettre à ses successeurs », indique l’Annuaire pontifical. Si l’on en croit la tradition catholique, Pierre serait donc le premier des 265 papes qui se sont succédé à Rome jusqu’à nos jours. Rome, ultime étape des pérégrinations missionnaires de Pierre, où il aurait été crucifié sous le règne de Néron, dans les années 60.
La réalité est plus complexe. Celui que Jésus a choisi pour ancrer les fondations de son Église (Matthieu 16, 18) n’a en effet jamais reçu, de son vivant, le titre de « pape ». Ce terme - hérité du grec pappas, « père » - est un diminutif à connotation affectueuse dont l’usage n’apparaît qu’à partir du IIIe siècle dans l’Église. Et à cette époque, il n’est nullement réservé au seul chef des chrétiens de Rome : les évêques de Carthage ou d’Alexandrie, pour ne citer qu’eux, en sont gratifiés pendant toute l’Antiquité. Le concept de monarchie pontificale est le fruit d’une très lente évolution, qui n’arrivera à maturité qu’au Moyen-Âge.
Pour l’heure, à la fin du Ier siècle, l’Église en est à ses premiers balbutiements. Elle vit dans l’illégalité, les croyants en Jésus faisant l’objet de persécutions fréquentes jusqu’à la conversion de l’empereur Constantin en 313. Mais ils ont bien conscience que, pour subsister, il est indispensable de structurer leur mouvement.

Pour subsister, les chrétiens doivent s’organiser. D’abord sanctuaire de la tradition de Pierre, l’épiscopat de Rome mettra des siècles à s’imposer comme le garant « naturel » de l’orthodoxie et de l’unité chrétienne. Une évolution qui ne se fera pas sans heurts.

«Saint Pierre, de Bethsaïde en Galilée, prince des apôtres, reçut de Jésus Christ le pouvoir pontifical suprême à transmettre à ses successeurs », indique l’Annuaire pontifical. Si l’on en croit la tradition catholique, Pierre serait donc le premier des 265 papes qui se sont succédé à Rome jusqu’à nos jours. Rome, ultime étape des pérégrinations missionnaires de Pierre, où il aurait été crucifié sous le règne de Néron, dans les années 60.
La réalité est plus complexe. Celui que Jésus a choisi pour ancrer les fondations de son Église (Matthieu 16, 18) n’a en effet jamais reçu, de son vivant, le titre de « pape ». Ce terme - hérité du grec pappas, « père » - est un diminutif à connotation affectueuse dont l’usage n’apparaît qu’à partir du IIIe siècle dans l’Église. Et à cette époque, il n’est nullement réservé au seul chef des chrétiens de Rome : les évêques de Carthage ou d’Alexandrie, pour ne citer qu’eux, en sont gratifiés pendant toute l’Antiquité. Le concept de monarchie pontificale est le fruit d’une très lente évolution, qui n’arrivera à maturité qu’au Moyen-Âge.
Pour l’heure, à la fin du Ier siècle, l’Église en est à ses premiers balbutiements. Elle vit dans l’illégalité, les croyants en Jésus faisant l’objet de persécutions fréquentes jusqu’à la conversion de l’empereur Constantin en 313. Mais ils ont bien conscience que, pour subsister, il est indispensable de structurer leur mouvement.

Aux origines de la papauté
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Salut et libre-examen
Avec le temps, Luther se montre de plus en plus antipapiste : « Nous avons la conviction que la papauté est le siège du véritable Antéchrist », qui menace de détruire l’église de l’intérieur, affirme-t-il, en référence au texte de l’Apocalypse. Pour l’instigateur de la Réforme, le pape prétend remplacer le Christ à la tête de l’église et dénie le droit aux fidèles d’obtenir librement leur salut. Une primauté qui n’a aucun fondement pour Luther, l’institution de la papauté n’ayant pas été voulue par Dieu. En 1521, dans La Passion du Christ et de l’Antéchrist, il fait même appel à la puissance de l’image pour marquer les esprits et toucher ceux qui ne savent pas lire, avec une série de gravures destinées à sa propagande (lire encadré en p. 26).
La Réforme reposant sur le principe du libre-examen, elle connaît très rapidement des divergences intérieures, et particulièrement en Suisse avec Zwingli et Bucer, puis, vers 1538, avec la radicalisation du message apporté par Calvin. Celui-ci parviendra peu à peu à mettre sous le contrôle de sa nouvelle église la société civile, qui doit, selon lui, se conformer au message divin tel que ce brillant théologien le définit.
La Réforme, toutefois, ne conserve pas son unité : après s’être séparée en deux tendances - luthérianisme et zwinglo-calvinisme -, elle va à nouveau se morceler avec un mouvement né dans les îles britanniques, sous les auspices de la monarchie, cette fois : l’anglicanisme. Sous l’impulsion d’Henri VIII - anti-luthérien au départ -, qui veut faire annuler son mariage avec Catherine d’Aragon afin d’épouser Anne Boleyn, va naître ce nouveau schisme d’avec Rome. Malgré les demandes répétées du roi, le pape Clément VII déclare légitime ce mariage, et donc indissoluble. Le souverain, empêché dans son projet, contracte un nouveau mariage et, en 1534, signe l’Acte de suprématie par lequel il rompt avec le Saint-Siège et s’affranchit de l’autorité pontificale.

Grands schismes, le rejet de la papauté
Florence Quentin
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Profession de foi du vicaire savoyard (in Émile ou de l’éducation, livre IV, 1762)

« La mort de Socrate, philosophant tranquillement avec ses amis, est la plus douce qu’on puisse désirer ; celle de Jésus expirant dans les tourments, injurié, raillé, maudit de tout son peuple, est la plus horrible qu’on puisse craindre. Socrate prenant la coupe empoisonnée bénit celui qui la lui présente et qui pleure ; Jésus, au milieu d’un supplice affreux, prie pour ses bourreaux acharnés. […] Oui, si la vie et la mort de Socrate sont d’un sage, la vie et la mort de Jésus sont d’un Dieu. »

(...)

Cet aveu d’un anticlérical naturalisé se trouve en accord avec le paradoxe d’un Rousseau mi-Socrate, mi-Diogène se faisant Jésus. Publiée en 1762, cette Profession de foi du vicaire savoyard n’est autre que le cœur d’émile ou de l’éducation, instruisant les âmes à contre-courant de l’athéisme des Lumières. En comparant les deux dieux de la raison et de la foi, Rousseau livre sa conception toute personnelle d’une religion naturalisée.

D’un côté, Socrate nous enseigne la maîtrise de l’âme, assumant la raison - pour avoir raison - jusqu’à la mort. De l’autre, Jésus sur la croix écartelé, abandonné par ses prochains, nous livre sa foi incommensurable. De la maîtrise de soi par la raison à l’abandon de soi par la foi - ce « don du don » -, des Lumières rationnelles au mystère de Dieu, le cœur de Rousseau balance.

Lui qui se laisse convertir au catholicisme romain à Turin à l’âge de 17 ans, avant de l’abjurer à 42 ans, n’aura de cesse de passer sa foi au crible de sa raison. Ce n’est qu’en 1762, à 50 ans, qu’il avoue être demeuré fidèle à la Réforme, croyant en la bonté de Dieu, en l’immortalité de l’âme et aux châtiments.

Mais en homme des Lumières, Rousseau critique tant les révélations que les miracles : « Ôtez les miracles de l’évangile, et toute la terre est aux pieds de Jésus Christ », prédit-il dans ses Lettres écrites de la montagne (1764). Pour autant, Jean-Jacques ne saurait embrasser aveuglément la raison.

Si les encyclopédistes considèrent la religion du « Pendu » (Jésus Christ, dans la bouche athée de Voltaire) non seulement comme sottise, mais encore comme malheur pour l’humanité et les prêtres comme des « bêtes puantes », Jean-Jacques Rousseau, est, quant à lui, dénoncé comme « le Confesseur intolérable », le « singe ingrat ». Ingrat en ce qu’il aurait trahi le dessein caché de l’Encyclopédie d’extirper le christianisme par les Lumières.

Tandis que le Dieu de Voltaire est horloger, inaccessible et indifférent, celui de Rousseau est sentimental, puisque « le culte essentiel est celui du cœur ». Cette foi éclairée ou ce « christianisme naturalisé », selon l’expression d’Henri Gouhier, Rousseau l’érigera dans ses Lettres de la montagne en « deux règles de foi qui n’en font qu’une, la raison et l’évangile. La seconde sera d’autant plus immuable qu’elle ne se fondera que sur la première ». Jésus détrône ainsi Socrate, car le Christ incarne la religion naturelle. « Dieu n’a-t-il pas tout dit à nos yeux, à notre conscience, à notre jugement ? Qu’est-ce que les hommes nous diront de plus ? »

C’est pourquoi « la pure et simple religion de l’évangile » n’est autre que le « vrai théisme », la religion naturelle en acte. Actée, elle se fera religion civile (lire en p. 57). à la fin de sa vie, Jean-Jacques Rousseau confesse : « La Profession de foi du vicaire savoyard, ouvrage indignement prostitué et profané dans la génération présente […] peut faire un jour révolution parmi les hommes si jamais il y renaît du bon sens et de la bonne foi. » à ceux qui ont cette foi de (re)trouver le bon sens.

PHILOSOPHIE
3 clés pour comprendre Jean-Jacques Rousseau
Camille Tassel
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1 La perfectibilité

« Pourquoi l’homme seul est-il sujet à devenir imbécile ? » Benêt paradoxe, l’homme, contrairement à l’animal, pourrait devenir bête. « Tandis que la bête, qui n’a rien acquis et reste toujours avec son instinct, l’homme, reperdant tout ce que sa perfectibilité lui avait fait acquérir, retombe ainsi plus bas que la bête même ? » Loin d’être parfait, l’homme serait néanmoins perfectible. Or, ce propre de l’homme, « est la source de tous [ses] malheurs », car si elle garantit le développement de ses facultés en puissance, elle ne suffit pas à les réaliser en acte. La perfectibilité augure donc du meilleur comme du pire en l’homme civilisé. Tandis que les Lumières ne jurent que par la reine Raison comme sortie de la barbarie, le philosophe genevois remet en cause « l’état de réflexion [qui] est contre la nature ».

Si la fiction théorique de l’état de nature n’est pas une réalité historique, elle agit telle une norme, permettant de saisir notre degré d’éloignement par rapport à cet « homme sortant des mains de la nature ». Alors que Thomas Hobbes le croque comme un loup pour l’homme (Homo homini lupus), Rousseau le dépeint comme naturellement bon. « Bon », il l’est négativement, en ce qu’il n’est pas méchant. La méchanceté supposant la volonté de faire du mal à son semblable, l’homme à l’état primitif ne peut l’être car, esseulé, il n’a pas besoin d’autrui, si ce n’est pour se reproduire. S’il est asocial, il n’est pas pour autant antisocial. Sentiment naturel qui porte l’homme primitif à veiller à sa propre conservation, « l’amour de soi » n’est pas pour autant un repli narcissique. « Cet amour de soi est bon et utile, et comme il n’a point de rapport nécessaire à autrui. »

Dès lors qu’il ne s’agit plus de se conserver mais bien de se préférer aux autres, il se transforme en « amour-propre », insatiable. Tel un tonneau des Danaïdes, l’amour-propre est percé d’ambivalences : « Orgueil dans les grandes âmes et vanité dans les petites. » Il y aurait donc bien une pensée de l’altérité qui traverse l’égoïsme rousseauiste. Quand l’homme prend l’autre comme menace de son amour de soi, leur relation est biaisée par leurs amours-propres respectifs, qui les rapprochent pour mieux les détruire. Dès lors que l’homme s’intéresse - inter, esse (qu’il entre dans l’être d’autrui) -, il est « transporté » en lui et souffre avec lui.

Cette passion, plus que la raison, demeure au fondement de la morale rousseauiste : de cette pitié, « découlent toutes les vertus sociales », car qu’est-ce en effet que « la générosité, la clémence, l’humanité, sinon la pitié appliquée aux faibles, aux coupables, à l’espèce humaine en général » ? C’est pourquoi il s’agit de (re)trouver l’irréfragable essence de l’homme, avant qu’il ne soit travesti par les habits de la société, car selon le philosophe genevois, « un homme qui médite est un animal dégénéré ». Si Claude-Lévi Strauss reconnaissait en Jean-Jacques le pionnier de l’ethnologie, soyons « dégénérés », méditons Rousseau !

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Camille Tassel
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