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Citation de AuroraeLibri


Des Décors officiels
Tout ce que l’on connaît d’Anne et de Joachim provient des évangiles apocryphes, plus précisément du Protévangile de Jacques, de l’Évangile du Pseudo-Matthieu et de l’Histoire de la nativité et de l’enfance du Sauveur. Comme l’indique René Grousset, historien et membre de l’Académie française : « Là où les quatre évangiles officiels sont restés muets, les apocryphes prennent volontiers la parole. Ils savent ce que les autres ignoraient, ils disent ce que les autres n’ont pas dit. Dans les apocryphes, l’affectueuse curiosité des fidèles, avide de détails précis, de renseignements intimes sur cette admirable histoire dont on ne lui fournissait que de courts résumés, a puisé de bonne heure plus d’un trait heureux, plus d’une page touchante, qui ont mérité quelquefois de passer à jamais dans la croyance même de l’Église. »
Qui dit apocryphe ne dit pas nécessairement « caché », comme l’étymologie le suggère : sainte Anne trône, par exemple, avec son mari sur le portail de Notre-Dame de Paris. Quelle forme plus officielle d’art religieux que le décor des cathédrales ? Les récits apocryphes furent en effet très représentés au Moyen-Âge et à la Renaissance, et bien après le concile de Trente : en témoigne la fresque de Ghirlandaio qui dépeint la naissance de la Vierge dans la chambre d’Anne. Les retrouvailles d’Anne et Joachim, admirablement représentées par Giotto (XIVe siècle) dans la chapelle des Scrovegni à Padoue s’inspirent également des apocryphes : auréolés, ces derniers conçoivent Marie dans un baiser, près d’une porte fortifiée cerclée d’or. Un épisode d’ailleurs, aussi, mis en scène sur les chapiteaux du portail de Chartres. De toile en toile, ainsi se tisse le récit apocryphe de la vie d’Anne et Joachim. On pense à sainte Anne enceinte de la Vierge, peinte par Jean Bellegambe (XVIe siècle). Ou encore à la Nativité de la Vierge, peinte par Pierre de Cortone (XVIIe siècle). Comment ne pas non plus évoquer cette scène étonnante de la présentation de Marie au Temple (ordinairement réservée aux hommes), représentée par Jean Colombe (XVe siècle) et plus tard par Titien, qui peignit la Vierge se tenant seule, illuminée, devant les prêtres dans le Temple. Des artistes, comme Giovanni Battista Tiepolo, tirèrent leur inspiration de scènes apocryphes plus étranges : dans l’église de Santa Maria della Consolazione, à Venise, ce dernier peignit la Vierge apprenant à lire ; un tableau qui, selon François Boespflug, devint un support d’alphabétisation dans la société de l’époque, encourageant ainsi l’apprentissage de la lecture aux enfants.

LES APOCRYPHES
Une influence majeure sur l’art chrétien
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