AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
monde des religions (01/12/2012)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
Dans la lumière des apocryphes
Quelle est la fascinante histoire de ces écrits exclus du canon biblique chrétien ou juif ? Longtemps laissés de côté, ils offrent un nouveau regard sur la littérature biblique.
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Citations et extraits (44) Voir plus Ajouter une citation
UN IMMENSE IMPACT
Plus largement, quel est l’impact des évangiles apocryphes sur l’art ? « Il est immense, répond François Boespflug. Si on retirait des musées toutes les œuvres inspirées des évangiles apocryphes, cela ferait un sacré vide. » Il manquerait des pans entiers de l’imagerie chrétienne : les sages-femmes lors de la naissance du Christ, le thème du bain de l’enfant, la scène de la Fuite en Égypte lors de laquelle le blé poussa miraculeusement pour cacher la Sainte Famille. Cette scène est aussi représentée dans les Très riches Heures du duc de Berry, un recueil de prières à l’usage des laïcs. Ses magnifiques miniatures du Moyen-Âge représentent le miracle du palmier ; à la demande de Jésus, celui-ci s’incline vers Marie pour qu’elle puisse goûter à ses fruits et fait jaillir de l’eau entre ses racines. L’épisode de Jésus enfant, faisant s’envoler des oiseaux en terre, représenté sur le plafond de l’église Saint-Martin de Zillis en Suisse provient de l’Évangile du Pseudo-Thomas. De même que la scène décrite par Lorenzetti dans la basilique inférieure d’Assise : Jésus tire Adam et Ève des Enfers. Sans les récits apocryphes, les miniatures du XVe siècle issues du manuscrit De Predis qui représentent Jésus fracassant la porte de l’enfer avec le bon Larron n’existeraient pas. Pas plus que le voyage de saint Thomas en Inde, parti pour construire un palais pour le roi Gondofurus, représenté sur le tympan de la porte des Bleds de la collégiale de Semur-en-Auxois.
Et l’art chrétien oriental n’est pas en reste. L’épisode apocryphe de la Vierge Marie filant face à l’ange lors de l’Annonciation est largement dépeint, notamment sur une icône russe du XIIe siècle, dite d’Oustioug, conservée à Moscou. L’exemple du manuscrit des Homélies à la Vierge de Jacques de Kokkinobaphos, un moine de Bithynie, est éloquent : contribuant à la diffusion d’importants cycles iconographiques de la vie de la Vierge, il a beaucoup puisé dans les apocryphes, représentant par exemple l’archange Gabriel envoyé par la Trinité, ou encore Jacob, l’un des quatre fils que Joseph, père du Christ, aurait eu de ses mariages précédents. On trouve encore dans l’iconographie orientale le motif de la naissance du Christ dans une grotte recouverte d’une nuée lumineuse, scène provenant du Protévangile de Jacques. Témoin de l’influence byzantine sur l’art italien, ce motif iconographique s’est d’ailleurs exporté en Occident, comme dans une mosaïque de Pietro Cavallini, datée de la fin du XIIIe siècle et qui se trouve à Sainte-Marie du Trastevere à Rome.
Un dernier motif apocryphe cher à l’iconographie : l’âne et le bœuf, animaux consacrés de la crèche et dont le canon ne fait aucune mention. Sur l’icône de la Nativité d’Andreï Roublev (XVe siècle), on retrouve pourtant le bœuf penché sur l’enfant dans sa mangeoire ; de même que sur le sarcophage de Stilicon à Milan (IVe siècle), où est sculptée l’une des plus anciennes représentations de la Nativité figurant les deux animaux. Réfé­rences à une parole d’Ésaïe (1, 3) : « Un bœuf connaît son propriétaire et un âne la mangeoire chez son maître : Israël ne connaît pas, mon peuple ne comprend pas. »

LES APOCRYPHES
Une influence majeure sur l’art chrétien
Commenter  J’apprécie          30
L’Évangile selon Thomas

Lorsque Jésus demande à ses disciples : « Pour vous, qui suis-je ? » Thomas refuse de répondre. Il fait bien. Jésus lui-même, lorsque Pilate lui demande : « Qu’est-ce que la Vérité ? » Il se tait. Aussi, avant de dire de Jésus : « Il est ceci, Il est cela », sans doute faut-il garder un long silence. « Jésus, il est ce qu’il est ». Il affirme seulement avec force et amour un pur et simple « Je suis », et cette affirmation n’est pas sans réveiller un mystérieux écho en chacun de nous.
Mais qu’en est-il de son enseignement ? C’est à ce sujet qu’on a pu dire que l’Évangile de Thomas – recueil de 114 paroles rapportées de Jésus ou logia – était un « Évangile gnostique », en précisant bien qu’il s’agit d’une gnose « non dualiste », à ne pas confondre avec certaines formes de gnosticismes dualistes ou manichéens. Jésus apparaît en effet, dans l’Évangile de Thomas, comme un Être qui cherche à nous éveiller à son propre état de conscience. C’est ce qu’il affirme par ailleurs dans l’Évangile de Jean : « Là où “Je suis”, je veux que vous soyez aussi… »
Jésus, à la manière des maîtres orientaux, par des formules paradoxales nous invite à prendre conscience de notre origine incréée, de notre liberté sans limites au cœur même des contingences les plus contraignantes. Il s’agit de s’éveiller à la réalité absolue au cœur même des réalités relatives.
La gnose, c’est cette double lucidité concernant la condition humaine. La réalité relative, c’est que nous sommes poussière et que nous retournons à la poussière. « Tout ce qui est composé sera un jour décomposé », mais il existe aussi une autre réalité : « Nous sommes lumière et nous retournons à la lumière ». Il y a en nous un soleil sans couchant, un état d’éveil et de paix vers lequel notre infini désir ne cesse d’aspirer. La réalité relative, c’est ce que nous sommes « mâle ou femelle ». La réalité plénière, c’est que nous sommes les deux. Il y a une intégration possible de nos polarités masculines et féminines vers un humain (anthropos) total qui aime non à partir de ses manques, mais à partir de sa plénitude. Nos amours ne sont pas que « soifs », ils peuvent devenir fontaines débordantes.

LES APOCRYPHES
Jésus et Marie-Madeleine, enseigneur et initiée
Jean-Yves Leloup
Commenter  J’apprécie          40
L’évangile selon Marie

La difficulté à recevoir ce texte est ce qui en fait également l’intérêt : c’est un évangile sinon écrit, du moins inspiré par une femme : Myriam de Magdala. Cette dernière n’est pas seulement la pécheresse dont nous parlent les Évangiles canoniques, ni celle des traditions récentes, qui confondent son « péché » avec une certaine désorientation de ses forces vives et sexuées… Elle est aussi l’amie intime de Yeshoua (Jésus), « l’initiée » qui transmet ses enseignements les plus subtils…
On peut « divinement » aimer tous les êtres et même ses ennemis, selon l’exercice proposé par Yeshoua ; l’amour humain, lui, est fait de préférences, c’est à dire d’affinités, de résonnances, d’intimités, ce qui n’est pas possible avec tous. Comme en témoigne l’Évangile de Philippe : « Le seigneur aimait Marie plus que tous les disciples, et il l’embrassait souvent sur la bouche. Les autres disciples le virent aimant Marie, ils lui dirent : “Pourquoi l’aimes-tu plus que nous tous ?” Le Sauveur répondit, et dit : “Comment se fait-il que je ne vous aime pas autant qu’elle ?” »
C’est quelques lignes peuvent encore choquer ceux qui ignorent les textes fondateurs du christianisme. Il ne s’agit nullement ici d’entrer dans une polémique. Les uns affirmant que Jésus devait être « obligatoirement » marié puisqu’il enseignait dans les synagogues et que, dans la tradition juive, un homme non marié, étant considéré comme incomplet et désobéissant au commandement de Dieu, ne pouvait pas enseigner dans les synagogues. Si on reste fidèle aux évangiles qui nous sont familiers, rien ne nous dit que Yeshoua était « marié » (au sens où nous l’entendons aujourd’hui), mais il est évident qu’il aimait « les femmes, les pécheurs, les infirmes », ce qui scandalisera les esséniens, mais aussi les pharisiens, les sadducéens, les zélotes et les autres « sectes » de l’époque.
Non seulement Myriam de Magdala est une femme, mais une femme qui aurait accès à la « connaissance ». Et c’est en ce sens, sans doute, qu’elle était, à l’époque de Yeshoua, considérée comme « pécheresse » ; elle ne se conforme pas aux lois d’une société où la connaissance est affaire d’hommes et où les femmes n’ont pas le droit d’étudier les secrets de la Thora ni d’interroger les chiffres clairs ou obscurs de ses lettres carrées.

LES APOCRYPHES
Jésus et Marie-Madeleine, enseigneur et initiée
Jean-Yves Leloup
Commenter  J’apprécie          30
Un monde intermédiaire
L’Évangile de Marie témoigne d’un mode de connaissance autre, différent de celui auquel l’esprit masculin a généralement accès.Il s’agit d’une connaissance de type prophétique ou visionnaire qui n’est pas le propre des femmes, mais qui appartient certainement à la dimension féminine, angélique ou « orientale » de la connaissance humaine.
L’Enseigneur est interrogé à ce propos. Quel est l’organe de la vision ? Avec quels « yeux » Myriam de Magdala peut-elle contempler le ressuscité ? Le ressuscité n’est pas visible aux yeux de chair ni aux yeux de la psyché (« âme ») au sens ordinaire du terme ; ce n’est pas une hallucination, ni un fantasme lié à quelques excitations, sensibles, psychiques ou mentales ; il ne s’agit pas non plus d’une vision « pneumatique » ou spirituelle. Selon l’Évangile de Marie, il s’agit d’une vision par le « noùs », dimension souvent oubliée de nos anthropologies. Le « noùs » est considéré par les anciens comme « la fine pointe de l’âme » – on dirait aujourd’hui « l’ange de l’âme » ; il donne accès à ce monde intermédiaire, ni seulement sensible ni seulement intelligible : l’ « Imaginal »
Nous pourrions dire que, dans l’Évangile de Marie, nous ne sommes pas « réduits » au dilemme de la pensée et de l’étendue (Descartes) ou au schéma d’une cosmologie et d’une gnoséologie limitées au monde empirique et au monde de l’entendement abstrait. Entre les deux vient se placer un monde intermédiaire, monde de l’image ou de la représentation, un monde aussi réel ontologiquement que le monde des sens et le monde de l’intellect ; un monde qui requiert une faculté de perception qui lui soit propre, faculté ayant une fonction cognitive, une valeur noétique aussi réelles que celle de la perception sensible ou de l’intuition intellectuelle. « Cette faculté, c’est la puissance imaginative, celle justement qu’il nous faut garder de confondre avec l’imagination que l’homme dit moderne identifie avec la fantaisie qui selon lui ne secrète que l’imaginaire. »
Lorsque Renan dit que « tout le christianisme est né de l’imagination d’une femme », il se trompe sans doute, parce qu’il donne au mot « imagination » un sens péjoratif, plus ou moins synonyme de faculté d’illusion ; selon les présupposés anthropologiques qui conditionnent sa pensée, Renan, en effet, ignore les catégories relevant de « l’imagination créatrice » dans lesquelles ces textes ont été élaborés. Si Dieu est vivant, il veut se communiquer, il faudra donc une médiation entre Dieu et l’humain, le visible et l’invisible, le monde des corps matériels et le monde des esprits immatériels. C’est dans ce monde intermédiaire que se situent les rencontres de Myriam de Magdala avec le Ressuscité. Chez elle comme chez les anciens prophètes, Dieu active dans l’imagination visionnaire les formes nécessaires pour le conduire à lui. Comme l’indiquent les versets suivants de l’Évangile de Marie : « Seigneur, je te vois aujourd’hui dans cette apparition. » Il répondit : « Bienheureuse, toi qui ne te troubles pas à ma vue”. »

Jean-Yves Leloup
L’évangile selon Marie
LES APOCRYPHES
Jésus et Marie-Madeleine, enseigneur et initiée


Commenter  J’apprécie          20
À la découverte du livre d’Hénoch

C'est le plus connu de tous les écrits attribués au patriarche et le premier. Il est composé de cinq livrets : le Livre des Vigilants, le Livre des Paraboles, le Livre des Luminaires, le Livre des Songes, et l’Épître d’Hénoch.
1. Le Livre des Vigilants s’ouvre par une introduction présentant le thème central de l’ouvrage : la venue du jugement divin. Il s’intéresse ensuite à la chute des anges, appelés aussi « vigilants » ; là où la Genèse ne consacre que quelques versets à cet épisode, Hénoch relate en détail le péché des anges et les conséquences désastreuses de leur union avec les femmes. Le Livre des Vigilants rapporte ensuite une série de voyages visionnaires entrepris par Hénoch et son guide angélique.
2. Le Livre des Paraboles comprend trois discours, appelés « paraboles », centrés sur le jugement divin et parsemés de quelques visions ou passages narratifs. On y rencontre Noé, mais aussi un personnage anonyme appelé Fils de l’homme. C’est le Messie, l’Élu choisi par Dieu dès avant la création du monde. Il siège sur le trône divin glorieux pour présider au jugement des anges et des puissants de ce monde.
3. Le Livre des Luminaires est un traité d’astronomie présentant les lois régissant la course des astres. Il s’intéresse notamment aux « portes » ou sections de l’horizon que les astres empruntent à leur lever et à leur coucher selon les périodes de l’année. Ce livret dénonce les bouleversements cosmiques et climatiques dus au péché des hommes et relate le retour d’Hénoch sur terre.
4. Le Livre des Songes rapporte deux visions reçues en songe par Hénoch. La première concerne le déluge ; la seconde, l'« apocalypse des animaux » qui occupe l’essentiel du livret, retrace l’histoire du monde à l’aide d’une métaphore essentiellement animale. Dans cette, Adam est un taureau blanc, et ses fils Caïn et Abel deux veaux noir et roux. Les anges sont des astres et leurs descendants des éléphants, chameaux et ânes. Noé est un taureau blanc ; Ésaü et Jacob sont un sanglier noir et un mouton blanc ; les Égyptiens sont des loups ; etc. Le songe s’achève par une vision du Jugement dernier et du nouveau Temple.
5. L’Épître d’Hénoch
se présente comme une lettre adressée par Hénoch à ses enfants. On y trouve notamment l’« apocalypse des semaines », selon laquelle l’histoire de l’humanité se déroule en dix phases appelées « semaines ». Vient ensuite une série de discours où le patriarche s’adresse tour à tour aux impies et aux justes, alternant imprécations et exhortations à la vertu.
Le livre d’Hénoch s’achève par un récit de la naissance miraculeuse de Noé et un épilogue qui clôt l’ensemble de l’ouvrage en réaffirmant son thème central : le châtiment des impies et le salut des justes au jour du jugement divin.

LES APOCRYPHES
Hénoch, père de l’apocalypse
Commenter  J’apprécie          20

autres livres classés : juifVoir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs (2) Voir plus



Quiz Voir plus

Jésus qui est-il ?

Jésus était-il vraiment Juif ?

Oui
Non
Plutôt Zen
Catholique

10 questions
1836 lecteurs ont répondu
Thèmes : christianisme , religion , bibleCréer un quiz sur ce livre

{* *}