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Citation de Charybde2


Avant l’effondrement, le monde était gouverné par des hommes, riches à milliards, qu’on disait parfaitement sains d’esprit, auxquels tous voulaient ressembler et qui saccageaient la nature impunément, écrasaient et affamaient leurs semblables en toute inconscience. Une trentaine d’hommes et leurs familles détenaient à eux seuls près de 80 % des richesses mondiales. Le monde leur appartenait. Grâce à la douleur que me causait leur simple existence, j’ai toujours su ce qu’ils étaient : des super-prédateurs, promoteurs d’une doctrine cannibale. Ils pensaient défendre la liberté mais n’envisageaient que la leur, la liberté d’accumuler les richesses, d’affamer les peuples, de détruire la planète. L’argent était leur finalité, il donnait du sens à leur vie. C’était leur dieu… Oh dieux ! Odieux !
Je les observais, tapie derrière mon écran, à l’affût de leurs moindres caractéristiques. Depuis toujours, les similitudes me sautent aux yeux, on appelle cette compétence particulière pattern recognition en anglais, « reconnaissance des formes » en français. Des termes compliqués pour désigner la capacité à modéliser, à systémiser. Des termes froids pour une compétence qui vise à réchauffer, à rassurer, à comprendre, à mettre un peu d’ordre dans un chaos de sensations et d’informations.
Ils étaient charismatiques, énergiques, prompts à juger. À leurs yeux, la réalité était malléable à souhait. Ils ne tenaient pour vrai que ce qui allait dans leur sens. Ils étaient disposés à tout détruire sur un coup de tête, un coup de sang. Dynamiques, intransigeants, ils maniaient les idées comme d’autres avant eux avaient manié la hache, le fléau ou le gourdin, sans finesse, avec hargne. Ils voulaient que le monde se plie à leur volonté et voyaient la planète tout entière comme un immense terrain de jeu. Or, la nature dont ils pensaient être les propriétaires légitimes avait commencé à changer, à se rebeller, ils étaient les plus mal placés pour prendre la mesure du désastre qui les guettait, qui nous guettait tous.
Ils étaient des murs, des casernes, des forteresses, de gigantesques tours, de lourds blocs de pierre, des montagnes de granit, les forces d’inertie du système, les poids morts qui pesaient sur notre dos.
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