"Je m'appelle Nathanaël Cartman. Je veux t'appartenir, être à ta disposition, exister à travers ta volonté. Certes, je ne sais pas grand chose de ton monde, mais mon désir te permettra de m'instruire plus rapidement. Initie-moi à ton univers, sois ma maîtresse... Je serais docile, obéissant, discipliné... Laisse-moi une chance de n'être qu'à toi..."
Voilà plusieurs semaines qu'il m'a abordée pour la première fois. Sorti de nulle part, il a débité à toute allure son texte, visiblement appris par cœur. J'ai été choquée par sa soudaine apparition, mais surtout par sa démarche attestant de sa parfaite connaissance de mes pratiques. Nathanaël est toujours dans les environs, je sens sa présence constante, teintée d'une certaine arrogance dans son obstination à me poursuivre sans crainte de représailles. Je dois reconnaître que son physique séduisant et ténébreux a suffisamment retenu mon attention pour m'empêcher d'appeler les flics et de porter plainte pour harcèlement. D'ailleurs, le contraste entre son allure virile et sa volonté de devenir mon soumis m'inspire des pensées que je ne veux pas me permettre. Quand j'ai croisé ses prunelles d'un bleu intense, contrastant avec sa tignasse brune, mon cœur a loupé un battement. Son visage anguleux, ses lèvres sensuelles et la lueur passionnée que je remarque dans son regard dès qu'il le pose sur moi, sont gravés dans ma mémoire. Son acharnement est tout à son honneur, et j'avoue que quelque part j'en suis flattée, voire intriguée, mais c'est également un signe de désobéissance, voilà pourquoi je refuse de me retourner alors qu'il m'interpelle plusieurs fois.
Je dois être gentille avec lui, je dois jouer un jeu qui ne me ressemble pas, et peut-être que je pourrai échapper au cauchemar qui m’attend…
Cher Journal,
Comment fait-on pour tomber amoureux ? Pour oublier le mal et ne retenir que le bien ? Pour aimer une personne au point de tout accepter pour un simple sourire, une main tendue et un câlin innocent ?
J’ai une réponse : la contrainte.
Par la force, la violence, les cris, on peut tout obtenir… Mais ça, ça ne concerne que les esprits forts.
J’obéis.
Je lui dis ce qu’il aime entendre.
Je reste nue pour son plaisir.
Je suis femme quand il le veut, et chienne quand il l’ordonne. Je suis enfant à ses heures, et jouet à d’autres…
Je suis une condamnée, cher Journal.
La voilà, la réalité.
Je suis perdu, et peu importe combien je désire le contraire, je brûlerai en enfer. Avec mon père. Et Alban.