J’étais tétanisée. Mes pires craintes étaient en train de se réaliser. J’avais envie de disparaître et pour de bon cette fois-ci.
- Laisse mon amie en dehors de tes délires, vociféra Mila. Tu n’es qu’une peste. Tu vas prendre tes affaires et ficher le camp d’ici, tout de suite.
Bailey se redressa en secouant la tête d’un air navré. Sa prestation méritait un oscar tant elle était empreinte de réalisme.
- Alors là, ce n’est vraiment pas juste, rétorqua-t-elle en posant le reste de son gâteau sur le comptoir. Tu me mets dehors, moi, pour protéger la salope qui a couché avec le copain de sa sœur ?
Mon sang se figea dans mes veines, transformant mon corps en un immense bloc de glace. Je n’arrivais plus à esquisser le moindre mouvement. J’étais consciente des regards braqués sur moi, seulement, je n’osais les affronter. Mes yeux demeuraient rivés sur mon assiette sans réellement voir ce qu’il y avait à l’intérieur. Le silence autour de moi était assourdissant. Ils attendaient. Ils attendaient tous que je rejette les accusations de Bailey. Mais le pouvais-je en toute honnêteté ?
- Olivia ?
La voix de Mila résonna comme un gong dans ma tête tandis que je continuais de m’enfermer dans un silence coupable.
- Allez, ne fais pas ta timide, me dit alors Bailey en se penchant au-dessus de moi. Donne-nous des détails. Bâti comme il l’est, je suis sûre que David est un super coup.
J’entendis un cri et l’instant d’après Karen était sur moi, me frappant de toutes ses forces.
- Je vais te tuer, hurlait-elle.
Je sentais sur moi le poids de son regard, mais gardai obstinément les yeux fixés sur sa poitrine. Je ne percevais plus grand-chose de ce qui m'entourait. Tout semblait anormalement calme autour de nous. Même le bruit rassurant des battements de mon cœur avait fini par s'évanouir dans ce silence insupportablement assourdissant. Sébastian saisit délicatement mon menton entre son pouce et son index, puis il leva mon visage à sa rencontre.
La sensation de son souffle chaud sur ma peau provoqua un nouveau frisson de plaisir dans mon corps. Je clignai des yeux, craignant de laisser échapper un gémissement si j’entrouvrais mes lèvres.
- Peu m’importe ta véritable nature. Tu resteras mienne aussi longtemps que JE le souhaiterai, me dit-il la voix empreinte d’une détermination farouche.
J’ai entendu dire que son cœur ne m’appartenait pas ; que lorsqu’il me serrait dans ses bras, il ne pensait qu’à elle.
J’ai cru comprendre que l’ardeur de ses baisers ne m’était pas non plus destinée.
Comment cet ange a-t-il pu me briser le cœur ?
Pourquoi n’a-t-il pas protégé mon étoile ?
Si seulement je ne l’avais pas désiré aussi fort, peut-être en serais-je aujourd’hui moins dévastée.
J’ai ouï dire que ce merveilleux rire que j’affectionne tant était à elle.
Éprouve-t-elle autant de bonheur que moi en écoutant cette douce mélodie ?
Qu’aurais-je dû lui offrir d’autre pour qu’il m’aime plus qu’elle ?
Qu’aurais-je dû faire pour qu’il ne se soucie que de moi ?
Mon âme pleure, mon cœur se meurt,
J’essaie de comprendre pourquoi,
Pourquoi ne m’a-t-il pas épargné cette horrible souffrance ?