Exposition Guillaume Bodinier au Musée des Beaux-Arts d'Angers.
Voie obscure du silence
sur ton écriture criblée de cris
nos yeux se posent
élucidant la raison
que rature le rêve
(Frank HOLDEN)
Le coeur et l'âme épuisés
il eut juste le temps d'entendre
une effraie sacraliser le silence
avant d'éteindre la veilleuse.
(Frank HOLDEN)
[...]
Et même si l'ivresse me fait mal
si j'ai à payer une dette
(laquelle bon dieu laquelle)
je possède suffisamment d'automne
pour séduire l'arrière-saison
pour faire d'une seule herbe
un buisson ardent
la braise qui coule d'un ciel
l'unique odeur qui s'insinue
dans tous les pores à imaginer.
Et puis je passe et passe
et personne non personne jamais
n'aura à déchiffrer ni traduire
les hiéroglyphes de mes yeux de mes lèvres
que moi-même je ne saisis pas.
(Chapeau de paille, 1971 - Jean-Paul MESTAS)
L'ATTENTE
à Jean Breton
Les cuisses élargies sur son Destin
Les bras tendus vers un Royaume,
Femme, elle attend
L'espoir, l'apaisement, le baume
Puissant, le désir de l'homme, sa fin.
Elle attend
Le scintillement des rêves,
Les caresses de sang sur son corps,
L'or dévastateur des grandes tempêtes,
L'améthyste de la fausse mort.
............................
L'écume blanche de l'étranger
La vague qui va les submerger,
L'ennemi, l'amant, le partenaire
Et son attente prend goût de chaîne.
Claudine HELFT
ECRIT SUR UN PETALE
Contre ta joue un baiser de violette
ma mousse au bord de tes lèvres
mes neiges dans tes yeux
et mon cheval sombre sur ta route
qui n'en finit pas - qui n'en finit pas
comme si les arbres la chassaient
derrière nos paysages.
(Traduire la mémoire, 1975 - Jean-Paul MESTAS)
Sous le ciel qui vire à l'encre
Mes yeux naufragent jusqu'au vol roux de ces oiseaux
Sans nom et sans cri
Une lumière cendre descend et sonde mes paupières
Un filet d'âme me sort de la bouche
Et fuit d'un reflet blanc jusqu'aux espaces bruns là-bas
(Esquive en ombre douce
Frayeurs étrécies par le froid)
Une âme mince
M'ouvre le doute qui me pendait aux lèvres
Elle part à travers l'octobre
Vers les nuages clos
Comme les yeux des statues.
(Béatrice KAD)
J'ai retracé dans mon extase le déjà vécu
mais jamais je ne jouerai son rêve
Par quel mutisme passe l'heure
Les lèvres s'éloignent une fois de plus
Jamais je n'en sentirai l'arome
Ne cherché-je pas depuis une nuit
un passage dans les cotonnades ?
Au-delà d'un amas de mousse un autre jour flotte
Ainsi depuis le commencement du conte
je pénètre ma pensée dans l'espace et le temps ....
(Concerto pour marées et silences,1974 - Pierre ESPERBE)
ANONYMAT
Une femme en noir
Perdue sur un trottoir
Noyée au long d'un soir
Sans rêve et sans foi,
Une femme de brume
De silence et de rancune,
Plus loin que son âge
une femme,
Plus loin que la vie
Plus encore que l'ennui
Une femme
sans pleur,
seule.
(Un risque d'absolu, 1976 -Claudine HELFT)
JUSTEMENT ECLOSE
J'étais heureuse avec toi
Mais je ne sais plus pourquoi.
Tes gestes lents
Me préparaient pour la mort
Où tu m'entrainais doucement
Nous glissions ensemble
Dans un soleil blanc
Infiniment, absolument,
Et c'était mieux encore
que vivre.
Nous buvions le jour
A la blessure
de nos caresses
Et j'aimais l'humour
Dont même ton ivresse
me ouatait,
Peut être aimais-je
La fièvre enclose
dans tes silences
Et la brume d'un sourire
Qui dénudait l'univers.
Mais je suis sûre
T'ayant connu,
De n'avoir plus attendu
A coeur et à corps ouverts,
Justement éclose ...
Claudine Helft
LA DERNIERE VIRGULE
Peut-être sommes nous
Les virgules
D'une phrase sans point
La clef d'une pendule
Originelle
Un voeu d'éternité
Qu'un autre eût prononcé
Quelqu'interrogation
Dont l'univers s'étonne
La semence égarée
D'une ancienne récolte.
Sentinelle
ou témoin
Peut-être sommes nous
Un message oublié
Sur la rondeur blasée
Du monde
La dernière faction
L'unique larme
D'une pérennité
Sans âme.
Claudine HELFT