Si le psychiatre en général doit faire abstraction, par souci de méthode, des valeurs pures et de leur valeur propre, il ne peut pas ne pas tenir compte des valeurs individuelles, sauf à se montrer inhumain.
Le psychothérapeute, à vrai dire, occupe une situation privilégiée. De par la force des choses, il se trouve placé au-dessus de ces lames de fond qui secouent le monde intellectuel et l'élite cultivée, de même qu'au beau milieu des flux et reflux incessants qui agitent l'âme humaine. Mais pour mériter un privilège, il faut savoir ne pas en abuser. Aussi, à titre de scientifique pur devrait-il adopter une attitude d'observateur attentif et neutre. À son poste d'observation, il est bien placé pour discerner non seulement les causes et les buts, mais aussi la fonction et la valeur des phénomènes qui s'offrent à son examen. Il note des faits, établit des relations entre eux, cherche enfin à les comprendre et les expliquer en s'interdisant de les juger. Aussi longtemps qu'il obéit ainsi à ce souci légitime de méthode, il peut se flatter de respecter sa neutralité scientifique.
Historiquement, le processus du refoulement et ses diverses conséquences - celles-ci mirent précisément Freud sur la piste de celui-là - furent sa première découverte. Celle-ci ouvrit alors la porte à une seconde - celle du « refoulé » et de ses attributs et propriétés particulières ; c'est-à-dire, en fait, à la découverte de l'inconscient.