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Citation de Alfaric


 Ouest-France
Des cadavres entassés, des corps noircis, certains grignotés pas des souris, des sacs-poubelles remplis de morceaux de chair. Les descriptions des photos, datant de 2016, que L’Express a récupérées (mais qui ne les a pas publiées par respect pour les défunts et leurs familles) sont édifiantes…

Au 5e étage de la faculté de médecine Paris-Descartes, une partie des locaux du Centre de dons des corps (CDC) qui accueille des dépouilles que les défunts ont souhaité donner à la science, est devenue un véritable charnier. Créé en 1953 par le Pr André Delmas, le CDC a la particularité de proposer des « corps frais », c’est-à-dire non formolés, non congelés, conservés plusieurs semaines après le décès.

Mais, depuis son ouverture en 1953, il n’a jamais été modernisé. L’Express décrit ainsi la porte d’une chambre froide qui ne ferme même plus tellement elle est rouillée.

Les photos que l’hebdomadaire a pu consulter sont issues d’un document de 27 pages, datant de 2016, que le directeur du CDC de l’époque, le Pr Richard Douard, a fait parvenir au président d’alors de l’université Paris-Descartes, Frédéric Dardel, aujourd’hui conseiller de Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

Le matériel et les installations y sont décrits comme « vétustes, inadaptées, ne respectant pas les obligations légales » avec « des chambres froides non hermétiques, avec des pannes à répétition […] une absence de ventilation dans les différents espaces de travail, des canalisations d’évacuation des eaux bouchées. »

Mais rien ne bouge. Le Pr Richard Douard finit par démissionner en 2017. Des travaux de rénovation, d’un montant de 8 millions d’euros, ont depuis été votés. Ils ne seront effectifs qu’au premier trimestre… 2020 et prévoient notamment le stockage des morts au sous-sol avec tiroirs individuels, comme dans les morgues.

Aujourd’hui, des témoins assurent à L’Express que la situation a changé : les souris ont disparu en 2018, la température des chambres froides est constante, un grand nettoyage a été mené.

Mais un autre scandale est révélé par l’Express. En violation de toutes les règles éthiques liées au don du corps à la science, des membres et organes humains sont monnayés.

Aujourd’hui encore, des cadavres sont réservés à des enseignants mais aussi à des industriels. Des entreprises privées, laboratoires ou autres, paient pour avoir accès aux dépouilles. « Les pièces anatomiques sont utilisées en majorité par la formation continue et acquises par des organismes privés », révèle un audit réalisé par le cabinet KPMG, cité par l’Express.

Les tarifs pour un travail sur place, au CDC, vont de 420 à 900 €. Le prix d’un corps est facturé 900 €. Un système voté en 2011 par le conseil d’administration de l’université, et défendu par Frédéric Dardel. « Les corps représentent un coût marginal, il est normal que ceux qui les utilisent paient. Et les prix ne sont pas scandaleux. »

Mais ce système a aussi entraîné la mise en place d’un trafic, comme l’explique à l’Express le professeur Guy Vallancien, directeur du CDC de 2004 à 2014 : « Les préparateurs revendaient des pièces le samedi matin à des chirurgiens, qui les emportaient. Tout s’achetait. »

Bertrand Ludes, directeur du CDC, affirme aujourd’hui vouloir arrêter au plus vite le démembrement des corps. Il insiste pour que l’université prenne en charge financièrement les dissections réalisées par les professeurs et exige la fin des partenariats avec le privé. Sinon, il démissionnera.
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