Sarah K.

Ça fait une semaine aujourd’hui que je ne vais plus au bureau. Le lendemain matin, après avoir couché avec Luc, j’ai demandé à Sarah d'informer Luc que pour des raisons familiales je devais m’absenter quelques jours. Qu’elle lui dise que la vieille tante de ma mère est décédée et que j’accompagnais ma mère pour qu’elle ne soit pas seule. Il n’est pas obligé de savoir qu’en fait je connaissais très peu cette femme. Je pense qu’il n’a pas été dupe. Le soir même, il m’a envoyé un mail. Je l’ai conservé, autant par manque de courage que pour me faire mal. Je n’ai pas répondu à son message. Je prétexterai que dans la hâte de partir j’ai oublié de prendre mon Smartphone.

“Je ne crois pas un mot de ce que m’a dit Sarah, Romane. Que se passe-t-il ? Est-ce à propos de nous ? De ce qu’il s’est passé ? Regrettes-tu finalement ? Parce que moi, non. Au contraire. Ce que tu as dit hier en partant m’a fait mal, mais c’est la vérité. Je voudrais que tout puisse se dérouler autrement. J’aimerais ressentir pour toi les sentiments que je ressens pour elle. Tu m’es aussi importante, Romane. Je sais que tu ne me crois pas et je te comprends. Réponds-moi s'il te plaît. Ne me laisse pas sans nouvelles.”

Une semaine à sans cesse repasser les moments passés dans ses bras. Sept nuits à tourner et me retourner sans pouvoir dormir. J’en suis arrivée à la conclusion qu’il ne quittera jamais Lola. Et si c'est le cas, ce qui pourrait se passer entre nous ne mènerait à rien. Comment moi, pour qui le mot amour est banni du vocabulaire, pourrais-je lui apporter autre chose qu’une simple relation qui ne débouchera sur rien d’autre qu’une attirance mutuelle ? Ça durerait qu’un temps avant que l’un de nous deux ne se lasse. Ce pur moment de bonheur restera unique, et mieux vaut considérer cela comme un coup d’un soir ou plutôt d’un après-midi.

Ma mère entre à son tour dans le salon, prête elle aussi. Mais par un heureux hasard Eric rentre en même temps. Il reste lui aussi bouche-bée devant elle, tout comme Luc et Axel.

– Tu ne vas pas sortir comme ça ?

Les deux seuls à rigoler sont bien sur Axel et Sarah, la situation les amuse vraiment beaucoup. Ma mère se dirige vers lui et je suis sûre qu’il ne l’a jamais vu en mode contrariée.

– Écoute-moi bien, personne jusqu’à maintenant ne m’a interdit de faire ce que je veux. Je m’habille comme je veux même si ça ne te plaît pas. Ma robe a une longueur convenable pour une femme de mon âge, même si le décolleté est échancré. Estime-toi heureux d’avoir une femme de soixante ans toujours aussi bien faite.

– Je vois de qui tiens Romane maintenant, ajoute Luc.

Je m’approche de lui et lui glisse à l’oreille.

– Tu vois ce qui t’attend pour les années à venir si tu me contraries ...

Il peut nous arriver les pires coups du sort dans la vie, si nous sommes bien entourés et si l'amour est présent autour de nous, on peut tout surmonter [...] Il faut toujours garder une part d'espoir en soi, même si c'est dur, même si le chemin jusqu'au bonheur est semé d'embûches. Comme Oscar Wilde disait: il faut toujours viser la lune, car même en cas d'échec on atterrit toujours dans les étoiles. Alors ne perdez jamais espoir et affrontez les aléas de la vie avec force et combativité et surtout entourez-vous des bonnes personnes et éloignez-vous des mauvaises.

Je ne préfère pas m’attarder trop longtemps sur mes regrets, j’ai trop peur de replonger dans les ténèbres de mon passé. Voilà d’où me vient cette aversion pour l’amour.

Une semaine à sans cesse repasser les moments passés dans ses bras. Sept nuits à tourner et me retourner sans pouvoir dormir.