En vérité donc, l’infinité des mondes et le déterminisme physique n’ont justifié le fatalisme que dans les âmes de ceux qui les avaient déjà choisis. En effet, tout en contemplant l’infinité des mondes, Démocrite faisait l’éloge “du courage qui minimise les coups du sort” et de “l’effort grâce auquel l’étude conquiert les belles choses”. Tout en étant persuadé que l’univers est physiquement déterminé, Albert Einstein prévenait que “le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire” et terminait ses appels à l’organisation de la paix entre les nations en déclarant que “le destin de l'humanité sera celui qu'elle aura mérité”. Ces sages bannissent le renoncement décadent des fatalistes pour ne conserver que le déterminisme rationnel. Ces humanistes
croient en leur essence, qu’ils savent soutenue par des atomes, mais dont le sens ne se révèle qu’en eux-mêmes.
Le principe de Raison proclame que toutes les choses ont une cause. En vertu de cette loi, rien ne saurait exister seul, uniquement parce qu’il est. Toute chose découle d’une autre qui lui est extérieure.
Cet énoncé est malheureusement confronté à un grave problème. Par définition, l’univers contient tout. Si, rien ne peut être en dehors, rien ne peut le soutenir. Si l’univers n’a pas de raison indépendante d’exister, le néant absolu aurait dû combler l’éternité. Pourtant, une réalité a émergé. Chacun peut s’en rendre compte. La réalité est peut-être très différente de l’image que nous nous en faisons, mais nos existences témoignent d’une certaine forme de présence, définitivement incompatible avec une totale inexistence.
Logique et Nécessité. Ce paradoxe a traversé les siècles. Il admet pourtant une solution. Si Dieu ne peut pas être causé, ni existé arbitrairement, il ne peut être que spontané. Si le non-néant est le point de départ à toute forme de réalité, il doit déjà contenir des lois irréductibles et parfaitement nécessaires, qui n’ont pas besoin de créateur pour exister et qui sont capables de donner naissance à notre monde.