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Citation de MegGomar


Jeune homme, le mari de la Chiffonnière avait étudié à Moscou pendant
trois ans, et était entré en politique peu de temps après son retour. Cela avait
coïncidé avec les terribles événements du Grand Bond en avant. Sous l’œil
attentif du Parti, qui tirait les ficelles et échafaudait des plans pour lui, il
avait épousé la Chiffonnière. Alors que toute la famille se réjouissait de la
naissance d’un second enfant, son mari était mort subitement d’une crise
cardiaque. Vers la fin de l’année suivante, le plus jeune de ses enfants était
mort de la scarlatine. La douleur de la perte de son mari et de son enfant
avait enlevé à la Chiffonnière toute envie de continuer à vivre, au point
qu’un jour, elle avait emmené l’enfant qui lui restait sur la rive du Yangtse
avec l’intention de rejoindre son mari et son bébé dans l’autre monde.
Au bord du Yangtse, elle s’apprêtait à dire adieu à la vie lorsque son fils
lui avait demandé d’un air innocent : « On va rejoindre papa ? »
La Chiffonnière avait été choquée : comment un enfant de cinq ans
pouvait-il savoir ce qu’elle cachait en son cœur ? Elle avait demandé à son
fils : « A ton avis ? »
Il avait répondu d’une voix forte : « Bien sûr que nous allons voir papa !
Mais je n’ai pas apporté ma petite voiture pour lui montrer ! »
Elle avait éclaté en sanglots et n’avait pas posé à son fils d’autre question.
Il savait ce qu’elle ressentait. Il comprenait que son père n’était plus de ce
monde, mais comme tous les jeunes enfants, il n’avait pas une conscience
claire de la différence entre la vie et la mort. Ses larmes avaient ranimé ses
sentiments maternels et son sens du devoir. Elle avait pleuré, l’enfant dans
ses bras, et avait laissé le bruit du fleuve la laver de sa faiblesse et lui
redonner courage. Puis elle avait ramassé le billet d’adieu qu’elle avait écrit
et était rentrée chez elle avec son fils.
Il lui avait demandé : « Alors, on va pas voir papa ? »
Elle avait répondu : « Papa est trop loin, et tu es trop petit pour aller là-bas.
Maman va t’aider à grandir, et tu pourras emporter plus de choses, et des
plus belles quand tu iras le rejoindre. »
Après cette scène, la Chiffonnière avait fait tout son possible pour donner
à son fils ce qu’il y avait de mieux. Elle disait qu’il s’était très bien
débrouillé.
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