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Citation de MegGomar


Puis j’ai appelé le commissaire Mei. Je lui ai dit que Hua’er était japonaise
et je lui ai demandé si on pouvait la transférer dans une de ces prisons pour
étrangers où les conditions de détention étaient meilleures.
Il a hésité avant de répondre : « Xinran, en ce qui concerne le fait que
Hua’er soit japonaise, le silence est d’or. Pour le moment, elle est accusée
de délinquance sexuelle et de cohabitation illégale ; elle devrait sortir
bientôt. Si on apprend qu’elle est étrangère, on pourrait l’accuser d’avoir
des motivations politiques et cela pourrait aggraver son cas. »
Tous ceux qui ont traversé la Révolution culturelle se souviennent que les
femmes qui ont commis le « crime » d’avoir des vêtements ou un style de
vie non chinois ont été publiquement humiliées. On a tondu leurs cheveux
dans des coupes saugrenues selon la fantaisie des gardes rouges ; leurs
visages ont été barbouillés de rouge à lèvres ; les chaussures à hauts talons
liées ensemble sur une ficelle et enroulées autour de leurs corps ; des
morceaux de toutes sortes de « marchandises étrangères » ont été pendus à
leurs vêtements. On obligeait les femmes à raconter encore et encore
comment elles en étaient venues à posséder ces produits étrangers. J’avais
sept ans quand j’ai vu pour la première fois ce qu’on faisait subir à ces
femmes, qu’on promenait dans les rues sous les moqueries du peuple ; je
me souviens d’avoir pensé que s’il y avait une autre vie, je ne voulais pas
renaître femme.
La plupart de ces femmes étaient rentrées avec leurs maris dans leur mère
patrie pour consacrer leurs vies à la révolution et à la construction d’une
Chine nouvelle. A leur retour au pays, elles ont dû faire tout le travail
domestique sans l’aide des appareils les plus rudimentaires, mais le plus
difficile pour elles a été de renoncer au confort de la liberté de vivre et de
penser qu’elles avaient connu à l’étranger. Le moindre mot, la moindre
action étaient jugés sur un arrière-fond politique ; il leur a fallu partager les
persécutions contre leurs maris traités d’« espions » et subir « révolution »
après « révolution » pour avoir possédé des produits venant de l’étranger.
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