Une terre d'oubli est un territoire, un état de fait, un régime politique. Elle est un point d'amnésie générale, lieu où l'on t'oublie, anodin, où personne ne se rend compte de ton existence, ni ne mentionne ton nom. C'est là que résident ceux que l'on n'évoque jamais, dont la souffrance ou la mort ne suscitent aucune émotion. Une terre d'oublie est cette situation où l'on se fait collectivement humilier, torturer et tuer, sans témoignage, sans récit, sans hommage. Et ce précisément à notre époque, qui rend plus que jamais possible la production d'archives, d'images et d'informations directes, et qui pourtant génère à grande échelle l'humiliation et l'indifférence. Tout comme la prison et l'exil, l'oubli est d'ordre politique (...) Le monde est rempli de terres d'oubli, de déserts qui ensevelissent l'évocation et le souvenir. La tyrannie est une terre d'oubli. C'est pour cela aussi que se révolter contre elle, c'est sortir de l'anonymat.
Mots repris ce matin par Béatrice Delvaux dans son édito du journal "Le Soir" du 24 août 2021 à propos des événements de l'Afghanistan.
Résister à toute éventuelle islamisation de nos révolutions et à toute islamisation de nos sociétés post-révolutionnaires serait plus aisé si l’on dissociait cette contestation de toute hostilité vis-à-vis de l’islam en tant que tel
La liberté ne peut se construire à partir d’une représentation essentialiste de soi, fût-elle arabe ou islamique ou autre